Orlando – Virginia Woolf 

Dans chaque être humain se produit une vacillation d’un sexe à l’autre, et souvent ce sont les seuls vêtements qui conservent l’apparence mâle ou femelle, cependant qu’au-dessous le sexe est à l’opposé même de ce qu’il est au-dessus.

Les premiers mots

Il – car son sexe ne faisait aucun doute quoique la mode du temps contribuât un peu à le travestir – affrontait à grands coups d’épée la tête d’un Maure qui se balançait aux chevrons. De la couleur d’un vieux ballon, elle en aurait eu à peu près la forme sans les joues hâves et une ou deux touffes de poils rudes et secs comme ceux des noix de coco.

Orlando et ses mille vies… Trésorier, intendant, séducteur, aristocrate, ambassadeur, … et tout le talent de Virginia Woolf pour nous faire vivre ses aventures que je vous enjoins à découvrir.

De ce roman, je ne connaissais que la trame d’un récit reconstituant la vie d’un être androgyne qui au fil de ses repos, traverse 400 ans d’Histoire et se réveille en femme. J’ignorais cependant que ce roman allait me faire découvrir une Virginia Woolf malicieuse et drôle (image pourtant déjà aperçue dans son Journal).

Tout au long de cette incroyable histoire, l’autrice s’amuse de ses lecteurs et lectrices. En nous contant Orlando par la voix d’un narrateur-biographe, elle se permet de joyeuses incursions et se joue parfois de nous. Si ce côté humoristique est délicieux, ne vous trompez pas sur le message du roman. Quand Orlando est « femme », il y a là des réflexions sur la condition féminine avant-gardiste. Orlando se découvre femme avec toutes les déconvenues qui sont liées à son sexe que cela peut engendrer. Au travers des siècles parcourus, elle assiste aux différences entre les hommes et les femmes, à la peur qui s’installe, aux regards malsains, à la sensation d’emprisonnement.

Orlando se lit comme une épopée fantastique et originale et donne à lire un héro/une héroïne inoubliable : à la fois, malicieux.se, téméraire, solitaire et ivre de liberté. Orlando est aussi un traité sur le pouvoir de création et sur l’écriture.

À ceux et celles qui n’auraient pas encore lu Woolf, je ne peux que les encourager à commencer par ce titre d’une incroyable modernité dotée d’une écriture/traduction passionnante.

Elle se rappela ses exigences de jeune homme : une femme devait être docile, chaste, parfumée et mise à ravir. « Désormais je vais devoir payer de ma propre personne pour satisfaire ces exigences », songea-t-elle, « car les femmes ne sont pas de manière innée (si j’en juge d’après ma courte expérience du beau sexe) dociles, chastes, parfumées et mises à ravir. Elles n’atteignent à ces grâces, qui sont pour elles l’unique clé ouvrant les joies de l’existence, qu’en s’astreignant à la plus fastidieuse discipline.

Merci mille fois Magali pour ce très beau cadeau!

Virginia commence à être de plus en plus présente par ici mon plus grand plaisir :
Son journal / Les vagues / Mrs Dalloway / Lettres à ses amies / Lettes à Vita / Vers le phare

Orlando de Virginia Woolf
Traduction de Catherine Pappo-Musard
Préface de Pierre Nordon
Éditions Livre de Poche
352 pages, première édition en 1928
Les Classiques c’est fantastique – Saison 4

Pour débuter cette fantastique saison 4 (oh oui!) de nos tout autant fantastiques classiques, nous avons décidé de mettre à l’honneur des titres se composant d’un seul mot. Le choix était vaste et allons voir les propositions de notre team-adorée : Moka /  L’Ourse bibliophile / Lolo / Natiora / Lili / Lilly / Alice / Katell / Margot / Antigone / Mag / Lucile / Violette / Céline /  Madame Lit / Virginie / Pati

21 réflexions sur “ Orlando – Virginia Woolf 

  1. Mokamilla dit :

    Je suis moins avancée que toi dans la découverte de l’œuvre de Virginia Woolf mais tu penses bien que je garde ce titre en tête car ce que tu en dis m’intéresse particulièrement.

    De mon côté, j’ai retrouvé Loti avec un plaisir évident.
    Bonne saison 4 Dear !

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  2. Virginie Vertigo dit :

    Ce titre est dans ma bibliothèque, tu me donnes envie de vite le sortir pour le lire. C’est vrai que VW peut être très portée par l’humour, je trouve qu’on retrouve aussi ces traits dans « Un lieu à soi » (trad de Marie Darrieussecq)

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  3. Madame lit dit :

    Je suis bien contente de retrouver Orlando ici. Je l’avais lu la saison dernière et tout comme toi, j’ai adoré ce roman fascinant. Virginia Woolf se réinvente dans chaque récit! Quelle autrice!

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  4. Natiora dit :

    En relisant mon billet je vois que je l’ai lu en 2014 avec un immense plaisir (et en VO, pour ne pas changer). Malheureusement je constate que j’ai tout oublié… Il faudra que je replonge dedans à l’occasion 🙂 En tout cas je suis ravie que tu savoures toujours autant la plume de Virginia !

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