Dona Flor et ses deux maris – Jorge Amado 

Si beau et si mâle, si expert dans le plaisir ! Une fois de plus les larmes envahirent les yeux de la jeune veuve. Elle essaya de ne pas penser à ce qu’elle se remémorait malgré elle et qui n’était pas convenable pour un jour de veillée funèbre.

Les premiers mots

Vadinho, premier mari de dona Flor, mourut un dimanche matin de carnaval alors que, déguisé en Bahianaise, il dansait la samba dans un groupe, au milieu de la plus grande animation, sur la place du Deux-Juillet, non loin de chez lui. Il ne faisait pas partie du groupe, venant à peine de s’y mêler en compagnie de quatre amis, également habillés en Bahianaises, sortant d’un bar du Cabeça où le whisky coulait en abondance aux frais d’un certain Moysés Alves, riche et prodigue planteur de cacao.

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Océan Mer – Alessandro Baricco 

…que disons-nous lorsque nous disons : mer ? Disons-nous le monstre immense capable de dévorer toute chose, ou cette vague qui mousse à nos pieds? L’eau qui peut tenir dans le creux de la main ou les abysses que nul ne peut voir? Disons-nous tout en un seul mot ou masquons-nous tout sous un seul mot? Je suis là, à quelques pas de la mer, et je n’arrive pas à comprendre où elle est, elle. La mer. La mer.

Les premiers mots

Sable à perte de vue, entre les dernières collines et la mer – la mer – dans l’air froid d’un après-midi presque terminé, et béni par le vent qui souffle toujours du nord.
La plage. Et la mer.
Ce pourrait être la perfection – image pour un œil divin – monde qui est là et c’est tout, muette existence de terre et d’eau, oeuvre exacte et achevée, vérité – vérité -, mais une fois encore c’est le salvateur petit grain de l’homme qui vient enrayer le mécanisme de ce paradis, (…)

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Harpie – Megan Hunter

Du sang, jamais elle n’en aura fait couler autant. Sous ses ongles. Sous sa langue, allez savoir. De ses doigts à sa bouche.

Les premiers mots

C’est la dernière fois. Il s’allonge, il faut nuit, chaud – il a relevé son tee-shirt, détourné la tête. c’est une soirée semblable à celles qui, autrefois, faisaient monter en moi une furieuse envie de m’élancer à travers le ciel – de celles qui donnent envie de croire qu’il ne fera plus jamais noir.

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