Je ne veux pas être une fille. Je ne veux pas non plus être un garçon. Je veux juste être moi-même.

Je ne veux pas être une fille. Je ne veux pas non plus être un garçon. Je veux juste être moi-même.
En devenant une pute je ne serais plus jamais une proie mais deviendrais l’appât. Et l’appât est indissociable du piège qu’il dissimule sous ses airs inoffensifs.
Je présume que tu as entendu parler de la Maison rêvée ? C’est, comme tu le sais, un lieu qui existe réellement. Elle se tient debout non loin d’une forêt, à la lisière d’une étendue d’herbe.
Les premiers mots
Lire la suiteLa Maison rêvée à la manière d’une ouverture
Je ne lis jamais les prologues. Je les trouve ennuyeux. Si l’auteur a des choses si importantes à dire, pourquoi les reléguer au paratexte? Que cherche-t-il à cacher?
J’ai fait beaucoup de conneries et j’ai eu beaucoup de chance. Invincible comme Siegried après avoir baigné dans le sang du dragon-voilà comment je me sentais.
Je peux maintenant écrire, écrire, et encore écrire. C’est la sensation la plus délicieuse qui soit au monde.
Les premiers mots
Lire la suite1918
Lundi 5 août
En attendant de faire l’achat d’un cahier où je consignerai mes impressions sur Christina Rossetti pour commencer, puis sur Byron, je vais noter tout cela ici. D’abord il ne me reste plus beaucoup d’argent car j’ai fait des folies avec Leconte de Lisle. Le grand mérite de Christina, c’est d’être un poète-né, ce dont elle semble bien avoir conscience.
22h… Je sombre. La mer a comme avalé ma peine. Je lui ai confié mon ombre, et elle l’a mangée.
Lire la suiteDans la nuit du 3 au 4 février 2020, la bipolarité de mon beau-père a précipité sa voiture dans le fossé d’une route tranquille de la campagne lyonnaise.
Le 5 au matin, je partais seule à l’autre bout de la France pour effectuer une retraite dans une abbaye bretonne, face à la mer.
Ces deux événements a priori étrangers l’un à l’autre se sont retrouvés inextricablement mêlés, confondus en une seule et même expérience déterminante.
Je ne sais pas si tu es heureuse, Maman. Je ne t’ai jamais demandé.
Les premiers mots
Lire la suiteJe recommence.
Chère Maman,
J’écris pour me rapprocher de toi – même si chaque mot sur la page m’éloigne davantage de là où tu es. J’écris pour revenir au jour où, sur l’aire de repos en Virginie, tu as fixé, horrifiée, le chevreuil empaillé suspendu au-dessus du distributeur de sodas à côté des toilettes, tandis que l’ombre de ses bois s’étendait sur ton visage. Dans la voiture, tu n’arrêtais pas de secouer la tête. «Je ne comprends pas pourquoi ils font ça. Ils ne voient pas que c’est un cadavre? Un cadavre, ça doit s’en aller, pas rester coincé comme ça pour toujours.»
Bien sûr que nous rendons les hommes heureux. Bien sûr que nous sommes les reines de la maison. Bien sûr que ce métier nous permet de vivre mieux que le commun des mortels.
Les premiers mots
Lire la suiteHier, je suis avec mon fils qui vide méthodiquement le placard à vêtements pendant que je fais son lit. Je cherche un boutis assez grand pour couvrir son matelas – et dans la commode du couloir, le premier à me sauter aux yeux est le dessus-de-lit de trois mètres sur trois que j’ai acheté lorsque la Maison a fermé. Il patiente là depuis cinq mois, plié à la sauvage, jamais lavé.