Dans le malheur le temps passe vite, quoi qu’on en dise. Aucun point de repère ne peuple le temps révolu, aucune joie ne distingue un jour d’un autre. Rien que du lamentable, toujours le même.
Les premiers mots
« Cinq heures…Il va bientôt rentrer… » se dit Élisa. Et voilà qu’à cette idée elle ne peut plus rien faire.
Elle a frotté, lavé, fourbi durant toute la journée, elle a préparé une soupe épaisse pour le dîner – ce n’est pas la coutume du pays de manger lourdement le soir, mais c’est nécessaire pour lui qui, à l’usine, ne déjeune que de tartines aux oeufs. Et maintenant, ne fût-ce que pour mettre le couvert, ses bras s’engourdissent et retombent inertes le long de son corps. Un vertige de tendresse la fige, immobile et haletante, accrochée des deux mains à la barre de nickel du fourneau.
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