Ainsi la beauté régnait, et le silence, et tous deux s’unissaient pour créer la forme de la beauté elle-même, une forme dont la vie s’était retirée

Les premiers mots
« Oui, bien sûr, s’il fait beau demain », dit Mrs Ramsey. « Mais, ajouta-t-elle, il faudra que tu te lèves à l’aurore. »
À ces mots, son fils ne se sentit plus de joie, comme s’il était entendu que l’expédition aurait lieu à coup sûr et que cette merveille qu’il attendait depuis des années et des années semblait-il, était enfin, passé une nuit d’obscurité et une journée de mer, à portée de sa main.
Cela part d’une envie d’enfant d’aller, au lendemain d’une soirée, vers le phare. Une simple envie, aussitôt arrêtée par le père qui réduit d’une simple phrase le rêve de son petit garçon.
Vers le phare déroule la soirée de septembre où chacun et chacune vaque à ses activités et pense à demain, à cette possibilité de partir en expédition. Au centre de ce tableau, Mrs Ramsey qui tente de ménager la vie de sa famille, ses 8 enfants, son besoin de silence et ses invités. Les personnes présentes dans la maisonnée décrivent à leur manière leur hôtesse et font transparaître leurs sentiments à son propos. Même si, comme dans tout Woolf qui se respecte, il est plus question d’impressions que d’actions nettes. On avance alors dans le récit en suivant les errances de chaque personnage pour sentir grandir une tension et un drame à venir.
Elle pouvait être elle-même, s’isoler un peu. Et c’est ce dont elle éprouvait fréquemment le besoin à présent – de penser; enfin même pas de penser. D’être silencieuse; d’être seule. Tout ce qu’il fallait être et faire, si foisonnant, scintillant et volubile, se dissipait; et on se contractait, avec un sentiment de solennité, jusqu’à n’être plus que soi-même, un noyau d’ombre en forme de coin, quelque chose d’invisible à autrui.
Les trois parties qui composent ce récit ont toute leur particularité sur une période propre qui marque l’attente, les drames et la reconstruction. Le temps passe et se délite, l’enfance se perd. Un geste anodin ou une parole simple peut engendrer des choses qu’on n’imaginait pas.
De ce livre, j’ai lu qu’il était en grande partie composé de souvenirs de la vie de l’autrice. Le père serait le double de Mr Ramsey et les lieux seraient liés à des lieux réels que Virginia et sa sœur Vanessa auraient visités. Ce côté « biographique » m’a rapprochée encore plus de l’autrice. Elle m’a emmenée avec elle dans cette demeure avec ses invité.es qui ont tous et toutes un lien spécial avec la famille Ramsey.
« Vous », « moi », « elle »,, passons et disparaissons ; rien ne demeure ; tout change ; mais pas les mots, pas la peinture.
Si, encore une fois, certaines parties relèvent plus de phrases sinueuses qui m’ont parfois perdue, Vers le phare, dans l’ensemble, m’a tenue d’un bout à l’autre.
Virginia à travers Mes Pages :
– Sa correspondance avec Vita Sackville-West
– Ses lettres à ses amies
– Mrs Dalloway
– Les Vagues
– Son journal d’écrivain
Vers le phare de Virginia Woolf
Traduit de l’anglais par Françoise Pellan
Éditions Folio
368 pages, première édition en 1927
Les Classiques c’est fantastique – Saison 3
Virginia Woolf chez : Moka / Mag / Lolo / Natiora / Lilly / Lili / Un livre, un thé / Madame Lit / Lucile /

Je pense qu’il me plairait beaucoup ce titre.
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Lointain souvenir très douloureux d’une lecture lâchée bien avant la conclusion.
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je ne le connais pas non plus, j’en ai encore beaucoup à découvrir !
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J’ai un peu de mal avec le style de l’auteure. je relirais plutôt Mrs Dalloway.
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J’ai tellement aimé ce livre… Voici mon billet pour ce mois :https://madamelit.ca/2023/03/27/madame-lit-orlando-de-virginia-woolf/
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J’aimerais beaucoup découvrir ce roman. Ce mois de mars m’a permis de découvrir Virginia Woolf avec plaisir.
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Celui que je préfère pour le moment (mais il me reste beaucoup à explorer chez Virginia Woolf). La 2ème partie est époustouflante, éblouissante d’un point de vue de l’écriture.
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Je compte sur vos chroniques enthousiastes pour me donner envie de la lire ! En tout cas, je ne suis pas surprise de trouver un avis réjoui ici !
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J’imaginais une chronique moins enthousiaste après ton évaluation sur Goodreads.
C’est un des titres qui me tentait beaucoup avec Les vagues mais j’ai préféré jouer la carte des textes courts pour ne pas me détourner définitivement de l’autrice.
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C’est un roman tellement magnifique, et tellement émouvant. Je le reprends très souvent, étant une inconditionnelle de Virginia Woolf. Merci pour votre chronique, elle était très agréable à lire.
Bonheur du Jour (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
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Après mon abandon pour Les vagues, j’essaierai de lui laisser une autre chance mais tu évoques des phrases sinueuses, ça me refroidit un peu.
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J’ai vraiment aimé ce roman, aux notes proustiennes. L’atmosphère créée par la force d’évocation des mots choisis par Virginia Woolf m’a tenue en haleine jusqu’à la fin.
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