Correspondance 1923-1941 – Vita Sackville-West & Virginia Woolf 

Je t’en prie, dans tout ce fatras de la vie, continue d’être une étoile fixe et brillante. Il y a si peu de choses qui se perpétuent comme des phares: la poésie, et toi, et la solitude.

Les premiers mots

Chère Mrs. Woolf
Je vous écris cette lettre ce soir, parce qu’il me semble que vous m’aviez dit que vous partiez pour l’Espagne le 27 et je tiens à ce que vous ayez ce mot avant votre départ.

Picorées tout au long des mois, ces lettres entre ces deux dames de la Littérature regorgent d’instants précieux et amoureux. Pendant presque vingt ans, ces échanges furent ponctués à la fois de descriptions de voyages entrepris par Vita et de faits anodins racontés avec malice et drôlerie.. Les deux amies se disent tout et sans détours.

Plus les années passent, plus on ressent entre elles un besoin urgent de se lire et de s’écrire. Leur amitié, leur amour sûrement, devient la priorité de leurs vies. Dès lors, quelques pointes de jalousies jalonnent les lettres, des reproches sont lancés mais très vite, une phrase réconciliatrice vient réparer et les lettres reprennent de plus belle. Certaines de ces lettres peuvent être considérées comme banales mais un mot ou une phrase les rendent directement poétique et vivante. Cela tient souvent à la signature car l’une comme l’autre met un point d’honneur à finir par une expression qui dit tout l’attachement de l’une envers l’autre. Entre ces lettres, on ressent le manque et l’impatience de tenir les missives entre ses mains. Si les mots ne peuvent pas remplacer une présence et des gestes tendres, certains sont de vraies douceurs et apaisent les tourments de l’une et de l’autre.

Je t’en prie, écris-moi bientôt par le courrier normal – en fait immédiatement – je ne peux pas supporter l’idée d’attendre longtemps un mot de ta main. Je t’en prie, je t’en prie. Appelle-moi « mon trésor » quand tu m’écriras. Ma chérie, je t’en prie, continue à m’aimer – je suis si malheureuse – Ne m’oublie pas –
Berg

De 1923 à 1941, nous assistons tout comme elles aux bouleversements de l’Europe, les sentiments de peurs des raids et des bombardements marquent les dernières lettres et c’est le cœur lourd que nous assistons aussi au déclin de Virginia.

Ces lettres de presque toute une petite vie lues sur quelques mois (commencées au mois d’août et terminées au mois de février) ont été des compagnes de soirées tendres et chaleureuses. Le plaisir inégalé de relire Virginia et de découvrir enfin Vita, son style piquant et vif. Tout au long de ces lectures, j’ai ressenti toute l’admiration et l’amour qui existent entre ses deux femmes.

Correspondance 1923-1941 de Vita Sackville-West & Virginia Woolf
Traduit de l’anglais par Jeanne Witta-Montrobert
Éditions Stock
576 pages, présente édition publiée en 2010
Les Classiques c’est fantastique – Saison 3

Les couples d’écrivain.es sont à l’honneur pour cette semaine dédiée à nos classiques fantastiques. L’amour entre les pages chez : Moka (1 & 2 ) / Natiora / Mag / Lolo / L’Ourse bibliophile / Madame Lit / Lili /  Pati

13 réflexions sur “ Correspondance 1923-1941 – Vita Sackville-West & Virginia Woolf 

  1. Nicolemotspourmots dit :

    Une correspondance qui me fait envie depuis que j’ai commencé à explorer l’œuvre de Virginia Woolf… ça m’a tout l’air passionnant. J’ai déjà eu un échantillon de sa correspondance et c’est si intelligent, fin, plein d’humour aussi.

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  2. Ma Lecturothèque dit :

    J’ai ce livre de correspondance dans ma PAL depuis un certain temps déjà, il faudra que je m’y mette bientôt, ça a l’air tellement bien ! (quand on connaît l’écriture de ces deux femmes, on ne peut douter de la qualité de leurs échanges)

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