– Tu resteras là sans rien dire. S’il s’aperçoit combien t’es idiot, il nous embauchera pas, mais s’il te voit travailler avant de t’entendre parler, ça ira. T’as compris ?
– Pour sûr, Georges, pour sûr que j’ai compris.
Les premiers mots
À quelques milles au sud de Soledad, la Salinas descend tout contre le flanc de la colline et coule, profonde et verte. L’eau est tiède aussi, car, avant d’aller dormir en un bassin étroit, elle a glissé, miroitante au soleil, sur les sables jaunes.
Un lopin de terre, des lapins, un endroit à eux deux et une vie de rentiers, c’est ce à quoi aspirent George et Lennie. Pas grand chose pour certains mais pour eux, cette promesse de jours meilleurs les aide à vivre quotidiennement sous la pression de travaux agricoles payés une misère.
Pour amasser le plus d’argent possible, ces deux-là doivent se faire discrets. Il faut dire que Lennie, colosse et handicapé mental, pourrait d’un mot faire avorter leur projet. De la faute de ce dernier, ils ont déjà dû fuir à cause d’attitudes assez inappropriées.
C’est un brave type,dit Slim. Y a pas besoin d’avoir de la cervelle pour être un brave type.Des fois,il me semble que c’est même le contraire.Prends un type qu’est vraiment malin,c’est bien rare qu’il soit un bon gars.
Alors il vaut mieux qu’il se taise et George est là pour le remettre à sa place. De ce rôle de protecteur, il en a parfois assez mais c’est deux-là ne peuvent se séparer.
John Steinbeck en quelques pages nous immerge dans les conséquences dramatiques de la Grande Dépression. Le travail manque et les occasions sont trop rares pour faire la fine bouche. Les hommes sont alors obligés d’accepter de menus travaux et de subir les lubies des patrons qui profitent de leur détresse.
Dis-moi tout ce qu’on aura dans le jardin, et les lapins dans les cages, et la pluie en hiver, et le poêle, et la crème sur le lait qui sera si épaisse qu’on pourra à peine la couper. Raconte-moi tout ça, George.
Commencé il y a quelques années, ce livre avait été abandonné trop vite. Ici, sous l’impulsion du challenge « Les Classiques c’est fantastique« , il a enfin été lu d’une traite. Sous ses airs assez rustiques, ce roman est d’une grande puissance. Si je l’ai trouvé un peu court, j’ai apprécié l’efficacité narrative opérée par Steinbeck. Les dialogues, les personnages gravitant autour de nos deux héros, sont tous tirés au cordeau. Du racisme au handicap, l’auteur n’a pas été effrayé d’aborder des thèmes peu convenus pour l’époque.
Au fur et à mesure de ma lecture, je me suis prise d’affection pour Lennie qui inévitablement causera sa perte ainsi que celle de George. C’est férocement tragique et diablement efficace.
-Des souris et des hommes de John Steinbeck, traduction de Maurice-Edgar Coindreau, Editions Folio, 176 pages – 1re édition 1937
On prend le thé chez Alice, chez Moka et chez Natiora
On se goinfre de cookies chez Céline et Paolina
Autre américain lu pour le challenge mais qui a été un belle déception au risque de décevoir certains et certaines d’entre vous. Il s’agit de « Chez les heureux du monde » d’Edith Wharton. Je n’en fais pas un billet individuel car je n’ai pas grand chose à en dire… Je me suis tout bonnement ennuyée. Qu’est-ce que c’était long…et pour le finir au plus vite, je me suis amusée à ne lire que les dialogues….
Hop un en moins dans ma liste des 20 livres à lire en 2020
Je ne peux qu’approuver ce choix Miss Cookies ! Le duo Lennie / George est inoubliable et je suis ravie qu’il ouvre cette semaine classique chez toi. Et demain, je délaisserai l’Angleterre pour un rêve américain…
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis aussi ravie d’avoir enfin pris le temps de le relire et de le terminer (je me demande encore pourquoi je l’avais abandonné…)
D’ailleurs, il m’a donné envie de lire Les raisins de la colère, aussi dans ma PAL depuis un certain temps…
Hâte de voir ton classique américain!
J’aimeJ’aime
Je l’ai lu plusieurs fois à vrai dire – ce qui est rare – et j’ai travaillé dessus avec mes 3e une année. J’aime sa concision et sa grande efficacité narrative. Et comme toi, je pense lire Les Raisins de la colère, souvent cité sur le sondage IG quand j’ai évoqué la littérature américaine… Hâte aussi de voir quelle facette de l’Angleterre tu as choisi de nous dévoiler.
J’aimeAimé par 1 personne
Oh j’aurais voulu pouvoir l’étudier en classe…
Je me garde Les raisins de la colère pour cette fin d’année, je suis sûre d’aimer, le résumé me plaît.
À demain 😉
J’aimeJ’aime
J’ai adoré ce roman, que j’ai lu deux fois. Et le film avec John Malkovich est excellent. C’est une histoire forte et poignante qui laisse un souvenir mémorable.
Dommage pour Edith Wharton. Je n’ai jamais lu cette auteure mais j’y viendrai bien un jour. En espérant avoir plus de chance que toi !
J’aimeAimé par 1 personne
Lu deux fois? Cela ne m’étonne pas! Je crois que je ferai pareil.
J’ai vu la bande-annonce et il me semble qu’il y a beaucoup plus dans le film..
Pour Edith Wharton, c’est une grosse déception mais je n’ai vraiment pas adhéré à son style (tu le trouveras peut-être à ton goût.)
J’aimeJ’aime
Lu au lycée puis étudié en fac d’anglais – un grand classique ! je l’adore – Lenny et George
pour Wharton, je dois la lire depuis longtemps et ton avis me laisse dubitative !
J’aimeAimé par 2 personnes
As-tu Les raisins de la colère ?
OH pour le Wharton je suis déçue de ne pas avoir accroché…
J’aimeJ’aime
Un roman culte que ton billet me donne vraiment envie de lire à mon tour! Quelle excellente idée ce challenge! 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
Il est à lire, tout court mais puissant !
J’aimeAimé par 1 personne
Beaucoup aimé par sa concision, sa force mais comme tous les romans de Steinbeck que j’ai lu Les raisins de la colère restant pour l’instant pour moi le plus beau, le plus fort, le plus actuel…. Pour Les heureux du monde j’avais beaucoup aimé même si la première partie est un peu longue j’ai trouvé que la deuxième partie rattrapait largement ce petit écueil 🙂
J’aimeAimé par 2 personnes
Je me garde Les Raisins de la colère pour cette année, hâte de le lire !
Pour le Wharton, je n’ai pas réussi à l’apprécier à sa juste valeur mais peut-être que je tenterai un autre livre de cette autrice.
J’aimeAimé par 1 personne
Je te rejoins tout à fait : un roman puissant et des personnages que l’on n’oublie pas.
J’aimeAimé par 2 personnes
As-tu son roman Les Raisins de la colère?
J’aimeAimé par 1 personne
Oui, il fait partie de mon top 5
J’aimeAimé par 1 personne
Oh génial! Je le lirai cette année.
J’aimeJ’aime
«C’est férocement tragique et diablement efficace.» C’est tellement ça! Je ne saurais mieux dire. Un duo inoubliable.
Maintenant, il te faut attaquer « Les raisins de la colère ». Je te le dis: encore une coche au-dessus! De mon coté, « À l’est d’Eden » est tout près de moi et ne cesse de me faire de l’oeil.
J’aimeAimé par 1 personne
Je n’ai vraiment plus le choix, il faut que je lise tout Steinbeck!
J’aimeJ’aime
Un de mes livres chouchous, découvert en cours, et tout de suite tellement aimé, cette atmosphère, cette tension… C’est marrant ce que tu dis d’Edith Wharton, je m’étais tâtée pour le challenge, ou Jane Austen, les soeurs Bronte… mais j’ai encore reculé l’échéance, peur de m’ennuyer aussi…
Et sinon, j’adore les cookies, mais pour le coup Wells est plutôt cup of tea 😉
J’aimeAimé par 1 personne
Ah Jane Austen j’aurais voulu en avoir un sous la main pour la relire !
( rectification faite 😉)
J’aimeJ’aime
Lu, lu et relu au moment de mes études… prise d’amour fou pour ce roman ❤
J’aimeAimé par 1 personne
Je comprends ton amour pour lui! Il me tarde de lire Les Raisins de la colère.
J’aimeJ’aime
Vous me donnez envie de relire ce livre… Et les Raisins de la colère aussi, d’ailleurs. Steinbeck me semble vraiment d’actualité. Merci.
BONHEUR DU JOUR (http://bonheurdujour.blogspirit.com)
J’aimeAimé par 1 personne