Depuis la panne, tout a changé, mais les lois de la forêt perdurent. Soit on se montre pour défendre son territoire, soit on courbe l’échine et on passe son chemin.

Les premiers mots
Quelque chose vient de me tirer de mon sommeil. Je refuse d’ouvrir les yeux. Pas encore, pas tout de suite. J’ignore combien de temps j’ai pu dormir adossé à cette vieille souche. Une heure, peut-être deux. À part une corneille qui graille au loin et les feuilles des peupliers qui bruissent dans la brise, la forêt est silencieuse.
Une panne électrique et c’est le monde qui s’arrête. Ayant fui la ville et les groupes qui se constituent en sentinelle, notre homme solitaire parcourt les forêts denses et peuplées d’animaux pour rejoindre le camp de sa famille, là où ses oncles et tantes ont pris le parti de se reconstruire et de rester ensemble.
Pour y arriver, c’est une survie de chaque instant où chaque faux pas peut mener à une situation extrême.
Entre animaux qu’il faut tuer et hommes qu’il faut fuir, être seul peut peser lourd. Mais un petit garçon de douze ans, aux allures d’un Mowgli des bois, apparaît bientôt en lui sauvant la vie.
Dorénavant notre homme se sent lié à ce garçon et malgré les mensonges racontés, c’est tout naturellement qu’il le prend sous son aile pour l’amener avec lui au campement familial.
On ne connaîtra pas vraiment le comment du pourquoi de cette panne, le comment du pourquoi de ce petit garçon seul mais ce n’est pas vraiment le principal de cette lecture. Ici tout se joue dans les silences et les non-dits, dans ce qui rapproche et ce qui sépare. Ce qui fait la famille et ce qui ne la fait pas.
Les visages de ceux et celles que j’ai rencontrés depuis le début de la panne me hantent. Je me demande où ils peuvent être à présent. Difficile à dire, l’avant est un monde enseveli avec ses destinées interrompues et ses promesses. L’après, un tas d’incertitudes qu’il vaut mieux taire. Entretemps, chacun fait ce qu’il peut pour donner du sens à ses gestes.
En mettant en avant les pensées du personnage par l’utilisation du « je », Christian Guay-Poliquin permet de plonger au plus profond de l’humain et des conséquences de cette panne sur les relations entre humains. Car si la plupart ont perdu leur humanité au point de devenir chasseur d’hommes, certains gardent l’ espoir de pouvoir vivre ensemble et de réinventer un avenir différent mais solidaire.
Ces pages de survie et fin du monde, entre solitude et vie de famille, m’ont marquée par leur sensibilité et par le caractère développé de notre homme et de Olio, le petit garçon. Les relations qui se tissent entre eux sont infaillibles et on s’attache de manière inéluctable à eux et on tend à espérer le meilleur.
Cet auteur réussit le fabuleux doublé du coup de cœur. Après Le poids de la neige qui m’avait ravi par sa lenteur désarmante mais magnétique, il propose avec Les ombres filantes un roman d’une parfaite maitrise.
Histoires de survie au milieu des Pages Versicolores
– L’ours
– Le Mur Invisible
– Station Eleven
– Dans la forêt
Les ombres filantes de Christian Guay-Poliquin
Éditions La Peuplade
344 pages, septembre 2021
Littérature étrangère / Dans la nature
Je survole ton billet car je le lis bientôt. Ayant comme toi adoré Le poids de la neige, je devrais passer un bon moment 🙂
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Je ne me fais pas trop de soucis pour ta lecture 😉
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J’ai hâte de le lire, jamais lu cet auteur et celui-ci me fait très envie. Deux coups de cœur pour toi, excellent!
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Tu m’en vois ravie!
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J’avais beaucoup aimé Le poids de la neige, ce huis-clos oppressant entre deux hommes isolés. Ici un peu le même genre d’ambiance mais avec la présence d’un enfant ….. Pourquoi pas 🙂
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Tu y trouveras la même ambiance !
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Les romans survivalistes ne sont pas vraiment ma tasse de thé. J’ai plutôt repéré un autre titre du même éditeur (que je ne lirai probablement pas, ou pas cette année, mais je ne suis plus à une contradiction près 😉 ).
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Je pensais ne pas aimer et finalement.. 😁
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J’ai lu 58 pages et non, ça n’a pas fonctionné pour moi. Encore une fois. Trop d’incohérences, de métaphores faciles. Et puis, tu ne le cites pas, mais il pèse de tout son poids : Sur la route de Cormac McCarthy que j’ai tellement aimé – mais ravie que tu aies adoré ! Par icitte, je ne croise pas autant d’enthousiastes. Et puis, chose drôle il vient à Nantes la semaine prochaine ! Le Caribou me dit qu’il est fascinant !
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Je n’ai pas évoqué Sur la route car je ne l’ai pas lu ( vu oui et j’avais beaucoup aimé).
Ici c’est tout de même moins glauque.
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Très tentant ! Et tu me donnes envie de sortir Le poids de la neige de ma PAL assez vite, mais je sais que je ne trouverai pas le temps avant quelques jours – semaines – mois ?
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Il serait idéal pour l’hiver 😀
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Coup de coeur pour Le fil des kilomètres, coup de coeur pour Le poids de la neige. Là, j’ai été très agacé. J’étais heureuse de retrouver ce personnage, mais l’histoire, surtout la façon dont elle était racontée, m’a déçue. J’ai trouvé plusieurs situations tirées par les cheveux, au point de décrocher. J’espérais tant un troisième coup de coeur…
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Je n’accroche pas du tout à l’univers de cet auteur. J’étais déjà passé à côté du premier et je n’ai pas non plus pu me projeter dans celui-ci
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