Thornhill – Pam Smy

Tout ce que je voulais, c’était une amie.

 

Les premiers mots

8 février 1982
Je savais que ça ne pourrait pas durer. Elle est de retour. Je l’ai su sans même avoir besoin de vérifier. J’ai entendu son rire résonner dans l’escalier, et j’ai reconnu les coups qu’elle donne sur chaque porte du couloir qui mène à son ancienne chambre. Ça m’a pétrifiée, d’entendre ces bruits.

1982, Mary livre ses premiers mots dans son journal intime, ses mots emprunts de peur et de terreur. Seule dans sa chambre de l’orphelinat de Thornhill, elle redoute le soir, la nuit, les bruits, les Boum Boum Boum.

2017, Thornhill est resté. Années après années, ses couloirs se sont vidés, ses fenêtres se sont cassées mais sa façade majestueuse demeure toujours. De la fenêtre de sa chambre, Ella observe cet orphelinat à l’abandon. Elle y voit comme un signe pour aller inspecter de plus près ce bâtiment qui la fascine.

Les récits entremêlés s’enchaînent, se développent, deviennent sombres. Alors que Mary se livre de plus en plus, Ella s’aventure dans les jardins et découvre des indices de ce que pouvait être la vie en 1982.
Mary dit, explique, prie, pleure. Cet endroit est devenu un enfer à cause d’elle, celle qu’elle ne nomme pas, celle qu’elle veut tenir à distance mais jusqu’à quand… Seule, elle se réfugie dans ce qu’elle sait le mieux faire, des petites poupées d’argile. Comme des amies.

J’ai comme une bouffée de liberté à l’idée que personne ne peut me voir ni m’entendre, alors que je suis toujours dans l’enceinte du domaine.

Ce livre, noir, dès la couverture, dès la tranche-même, offre des pages somptueuses. D’un côté le journal de Mary et de l’autre les pages sans textes mais terriblement profondes des explorations d’Ella.
L’histoire se déroule sous nos yeux, au fil des jours et Mary souffre en silence. C’est cela le plus dur à lire. Comme dans Raisons obscures, la souffrance de l’adolescente est immense et personne ne la voit et l’on redoute d’arriver aux dernières pages.

Terriblement touchée par cette œuvre qui rappelle, comme Moka l’a évoqué, le roman illustré de Quelques minutes après minuit. Les illustrations ajoutent une touche fantastique qui procure quelques frissons et quelques souffles retenus.

C’est assurément un coup de cœur découvert grâce à Moka.

Thornill de Pam Smy, Traduction de Julia Kerninon, Editions du Rouergue, Collection Epik, 2019, 544 pages –

9 réflexions sur “Thornhill – Pam Smy

  1. flyingelectra dit :

    je le note si je le croise à la BM ! elle rouvre ses portes en février (celle que j’aime le plus, j’ai 7 autres endroits où aller mais j’ai ma bibli préférée pour les BD)

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