À l’est d’Eden – John Steinbeck

À Salinas, nous croyions avoir tout inventé, même le chagrin.

Les premiers mots

La vallée de Salinas est en Californie du Nord. C’est un long sillon à fond plat entre deux chaînes de montagnes. La rivière y déroule ses méandres jusqu’à la baie de Monterey.
Je me rappelle mes noms d’enfance pour les plantes et les fleurs secrètes de la Vallée, la cachette de chacun de ses crapauds et l’heure estivale où s’éveillent ses oiseaux.

Que j’aime ces livres qui nous embarquent dans les méandres de toute une lignée, qui nous font découvrir des pères, des mères, des fils et des filles, qui nous décrivent ce que la famille peut instiller comme héritage à ces hommes et à ces femmes.

« À l’est d’Eden » nous conte les destins de deux familles liées par des terres de la Vallée de Salinas, les Trask et les Hamilton.
Sur plus de sept cents pages, on assiste à une véritable incursion dans l’histoire d’Adam et de Samuel, ces deux hommes totalement différents mais qui s’apporteront mutuellement aide et soutien. Le poids, immense, du passé familial d’Adam, sa relation avec son père, ses conflits avec son frère Charles, sa rencontre avec la terrible Cathy, tout cela se ressentira et rejaillira plus tard dans sa vie de famille avec ses deux fils, Aaron et Cal.

Lorsqu’un enfant, pour la première fois, voit les adultes tels qu’ils sont, lorsque pour la première fois l’idée pénètre dans sa tête que les adultes n’ont pas une intelligence divine, que leurs jugements ne sont pas toujours justes, leurs idées bonnes, leurs phrases correctes, son monde s’écroule et laisse place à un chaos terrifiant. Les idoles tombent et la sécurité n’est plus.

Steinbeck décrit ici une partie de l’Amérique qu’il connait du bout des doigts, car cette région, la Vallée de Salinas, c’est celle qui l’a vu grandir. Dire pourquoi j’ai follement aimé ce livre serait une gageure. Steinbeck ne s’est pas contenté de nous décrire ces familles, il est allé beaucoup plus loin en décrivant de manière intime et pointue tous ses personnages. La relation entre les frères du roman, d’abord Charles et Adam, ensuite Cal et Aaron, nous donne à lire une épopée sur la charge familiale, rien n’est oublié, tout réapparait à un moment ou un autre. Le bien et le mal, la place de la religion et le parallèle réussi avec Abel et Caïn, servent à merveille ce roman puissant et inoubliable.

Grâce à notre challenge, j’avais découvert Steinbeck avec son magnifique « Des Souris et des Hommes« , je suis heureuse de le retrouver une nouvelle fois parmi mes Pages.

– À l’est d’Eden de John Steinbeck, traduction de J.C Bonnardot, Éditions Livre de Poche, 2018 (présente édition), 785 pages –
Première édition 1952

Vos histoires : Natiora

24 réflexions sur “ À l’est d’Eden – John Steinbeck

  1. Mumu dans le bocage dit :

    Steinbeck que j’ai découvert avec Les raisins de la colère est devenu un de mes auteurs majeurs de notre société. J’ai lu Des souris et des hommes mais de A l’Est d’Eden je n’ai vu que la version cinématographique (avec James Dean)dont je garde un souvenir très fort alors un jour je le lirai, c’est sûr 🙂

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  2. Ingannmic dit :

    Je l’ai relu cette année. Je l’ai découvert quand j’étais au lycée, et j’en avais presque tout oublié, sauf, bizarrement, certains détails (par exemple je me souvenais de la sévère arthrose qui touche les mains de Cathy…).
    Le plaisir a en tous cas été intact, c’est un très grand roman… je n’ai plus qu’à relire Les raisons de la colère (dont j’ai gardé de la même manière des images anodines, alors que j’ai oublié l’intrigue et les personnages..)

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  3. Alice dit :

    Rhhaa Steinbeck ! ♥ Je voulais lire celui-ci justement pour le challenge, et puis je ne l’ai trouvé nulle part sur ma route, emprunté à la médiathèque, et pas en stock dans mes librairies voisines. Mais je le garde en tête pour 2021 ! Te lire n’a pas arrangé les choses, je trépigne maintenant !

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