Céleste, Bien sûr, Monsieur Proust -Chloé Cruchaudet 

-J’ai croisé des arrogants..qui ne comprennent rien à mon travail. Comme ce monsieur, qui prétend que j’écris un roman à clef!
-S’il savait que vous n’avez même pas celles de chez vous!

Tout droit arrivée de la Lozère, Céleste Albaret ne connaît rien à la vie parisienne. Odilon, son mari, se débrouille bien mieux et est le chauffeur de personnalités assez fantasques. Quand il apprend qu’un des ses clients aurait besoin d’une courrière, il propose Céleste immédiatement. Notre petite rentre alors dans le monde particulier du dandy de l’époque… Marcel Proust.

À son contact, elle vit des moments qu’elle n’aurait jamais espérés. Bien que la guerre soit aux portes de Paris, l’écrivain continue à voyager, à se tourmenter de ne pas trouver la phrase parfaite et les prénoms de ses personnages. En retrait, Céleste veille au bon fonctionnement de la vie millimétrée de Proust, où chaque grain de poussière est à sa place et où la qualité d’un mouchoir peut rendre fou.

Sa chambre, c’est tout son monde. Quand il sort, c’est pour glaner de la matière pour « son oeuvre », comme il dit ça. C’est mon rôle. Le tien, c’est d’assurer sa tranquillité et son café. Donc surtout…ne lui adresse pas la parole quand il écrit.

Il me fallait cette bande dessinée pour me frotter à nouveau à Proust. Il y a quelques semaines pour notre challenge #lesclassiquescestfantastique dirigé avec Moka dont le thème ce mois-ci convoque deux monstres : Hugo versus Proust, je m’étais attelée à commencer le premier tome de À la recherche du temps perdu. Le peu de pages lues, une centaine, m’ont profondément ennuyée et, au lieu de persévérer quitte à le détester, j’ai préféré l’abandonner.

Cette bande dessinée est venue apaiser ma « petite » rancœur face à l’auteur et je remercie Chloé Cruchaudet de me l’avoir rendu vivant et attachant. Proust y est décrit dans toute sa complexité, parfois flamboyant, souvent mélancolique. Mais le personnage de Proust n’est pas pour autant au centre du récit, c’est Céleste qui porte toute l’histoire. Ce changement de point de vue est intéressant quand on pense à l’aura qu’avait l’auteur. Le reléguer à un second rôle m’a permis de le considérer comme plus accessible. En mettant à l’honneur sa gouvernante pour le centième anniversaire de la mort de l’auteur, Chloé Cruchaudet fait le portrait des liens uniques qui les unissaient et propose en premier plan un portrait de femme qui est tout aussi complexe que celui de Proust.

Et que dire du dessin de la dessinatrice. Je l’ai admirée dans ses précédents ouvrages ( Mauvais genre, Groenland Manhattan, …) et je la retrouve avec tout autant de talent avec cette biographie de la célèbre bonne.
Un tome deux est préparation et j’ai hâte de voir l’évolution de la relation entre ces deux personnages haut en couleurs.

Céleste « Bien sûr, monsieur Proust –  Chloé Cruchaudet (première partie)
Éditions Soleil – Collection Noctambule
116 pages, juin 2022

…c’est chez Moka

23 réflexions sur “Céleste, Bien sûr, Monsieur Proust -Chloé Cruchaudet 

  1. Bibliofeel dit :

    Je ne suis plus seul à avoir calé sur Proust ! Merci, cela me console un peu de ne pas goûter cette littérature unanimement célébrée ou presque (moins deux, ah, ah…). Bon c’est décidé je vais me procurer cette BD ou bien me la faire offrir… Cette dernière option sympa !

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  2. Blandine dit :

    J’ai adoré suivre sur Instagram quelques avancées de cet album dévoilées par l’autrice. Il me faut me le procurer maintenant 😉
    Quant à lire Proust lui-même, j’ai essayé, de plusieurs façons… Rien à faire. Je bute, je cale, je m’ennuie…

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