Quand on est arrivés là-bas, on a arrêtés d’être innus. Il fallait devenir autre chose. Et moi, je n’ai jamais su.
Les premiers mots
La pelle frappe le sol, comme la hache l’arbre à abattre. Cette terre ne se laisse pas travailler facilement et l’acier s’y enfonce avec difficulté. Il creuse, un coup à la fois, avec une sourde résolution. À mesure que s’ouvre le sol, il bute contre les pierres, de plus en plus nombreuses, de plus en plus grosses, qu’il extrait à la main, une à une.
Pour Audrey ce n’était qu’un choix parmi les bonnes actions demandées par son cabinet d’avocat : retrouver les pensionnaires de Fort George et les informer de la prime offerte par le gouvernement canadien. Sa quête l’amène dans une petite ville, Pakuashipu, où réside Marie Nepton qui a fréquenté le pensionnat à l’âge de 12 ans. Celui-ci était présenté aux parents de ces jeunes enfants comme idéal pour leur éducation. La vérité est tout autre : dès leur premiers jours, on coupe leurs cheveux, on leur interdit de parler dans leur langue et toute leur culture innue est humiliée.
Sévices physiques, viols, punitions arbitraires sont autant de situations dramatiques que ces adolescent.es vont vivre sans que les parents ne soient au courant. Tuer l’indien dans l’enfant et de là découle aussi la terrible vérité de tuer l’enfant tout court.
Plusieurs membres de la famille de l’auteur ont fréquenté les pensionnats au Canada. Et on peut affirmer que dans presque tous ces lieux les mêmes horreurs se répétaient. Plusieurs enfants ont disparu, sont morts dans des circonstances étranges et jamais résolues. C’est toujours un choc de lire ces histoires ( déjà découvertes dans Jeu Blanc, Kill the Indian in the child ).
Les drames qui se jouaient sans que personne ne soit au courant, laissant les enfants aux prises avec des religieux.ses aux pratiques douteuses ( euphémisme bonjour). Encore une fois Michel Jean met sa sensibilité au profit de l’Histoire. En mettant en lumière le destin de Marie, Vanessa et Charles, en imaginant une profonde amitié qui les soulage temporairement de leur réalité, l’auteur donne une réalité à ces destins brisés.
Maikan de Michel Jean
Éditions Dépaysage
268 pages, juin 2021
Il est temps que la parole se libère non seulement pour mettre à jour ses abus mais en ayant également l’espoir que cela ne se reproduise pas (mais je suis assez pessimiste) ou tout du moins que les responsables sachent que désormais ils peuvent être dénoncés 🙂
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Et le travail sera long… Le reportage passé sur Arte était assez terrifiant.
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Je l’ai lu en fin d’année dernière. Un pan d’Histoire tabou et atterrant.
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Oui et mis en lumière d’une très belle manière.
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Ce sera une lecture éprouvante mais je compte bien découvrir ce texte à mon tour.
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On est loin des paillettes et des arc-en-ciel !
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Voilà un sujet qui m’intéresse grandement et il est très important que des auteurs s’en emparent pour dénoncer ces faits inhumains… Je suppose que c’est un auteur canadien. Je ne le connais pas… à découvrir, donc.
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C’est bien un auteur québécois 🙂
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Je vais certainement le lire… J’aime beaucoup la plume de Michel Jean. Un grand auteur…
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C’est mon deuxième roman de l’auteur et j’aime toujours autant. J’ai aussi Kukum qui m’attend.
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Quel roman bouleversant ! Je ne peux que t’inviter à faire la connaissance de l’inoubliable Kukum de Michel Jean maintenant 😉
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Je me suis justement offert Kukum 🙂
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Génial ! Tu vas adorer j’en suis certaine ! 😉
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hélas, l’histoire se répète .. et les charniers à présent .. quelle tristesse
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Je sais que tu y es fort sensible.
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