Les filles de l’ouragan – Joyce Maynard

Ça fait drôle de grandir dans une famille où il semble que ce serait plutôt aux adultes de grandir.

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Les premiers mots

Mon père me disait que j’étais un bébé de l’ouragan. Cela ne signifiait pas que j’étais née au cours d’un ouragan. Le jour de ma naissance, le 4 juillet 1950, se situe bien avant la saison des ouragans.
Il voulait dire que j’avais été conçue pendant un ouragan. Ou dans son sillage.

Ayé, j’ai lu Joyce Maynard!

Les années 50 en Amérique. Deux mères donnent naissance à deux petites filles : Dana Dickinson et Ruth Plank. Nées le même jour, elles vont vite être surnommées « Sœur d’anniversaire » alors que leurs familles n’ont rien en commun et que rien ne les prédestinait à se rencontrer.

Elles sont issues de familles très différentes. L’une plutôt artiste et l’autre conservatrice. 

Au fil des pages, on découvre la vie des deux jeunes filles. Dana n’est pas proche de ses parents, d’ailleurs elle les appelle par leurs prénoms. Heureusement, elle peut compter sur son frère, Ray, de 4 ans son aîné. Elle se sent différente des autres gamines de son âge et ressent très vite une attirance pour les filles.

Ruth est un peu exclue de cette famille. Elle est la petite dernière après quatre filles et elle est la protégée de son père avec qui elle adore passer du temps. 

En grandissant, j’avais senti chez ma mère de la froideur à mon égard. Par nature, elle manifestait peu son affection. Mais alors qu’elle avait pour mes soeurs des gestes discrets et naturels, avec moi elle semblait suivre un parcours obligé.

Arrivées à l’âge adulte, elles se dirigent vers des métiers à l’opposé de ce qu’elles ont vécu enfant. Dana devient une scientifique passionnée par l’agriculture et Ruth est une artiste qui aide les personnes malades. 

Elles ne se rencontrent que très rarement, la mère de Ruth voulant garder des contacts avec Val, la mère de Dana. Mais aucune affinité naît entre les deux filles. Jusqu’au jour où, un drame vient bousculer la vie de Ruth et elle en sera à jamais troublée.

On suit leurs relations, leurs difficultés à se faire une place dans leur famille respective, les drames, les découvertes de leur sexualité, sur un fond d’Histoire américaine: la mort de Kennedy, les premiers pas sur la Lune…

Chaque court chapitre donne la voix soit à Ruth ou à Dana. Ce procédé m’a beaucoup plu, car je me suis directement plongée dans leurs intimités.

Sur la quatrième de couverture, on apprend qu’un secret sera révélé et bouleversera leur existence. Mouais. Ce « secret » m’a sauté au visage dès la lecture du résumé! Et les indices que nous envoie Joyce Maynard sont assez gros et parfois risibles. MAIS. Mais voilà, même si le mystère est identifiable, je n’ai pas pu m’empêcher de m’attacher à ces deux filles. En fait, on s’en fiche de savoir ce secret, ce qui est intéressant c’est la façon dont Joyce Maynard décrit leur vie et leur ressenti avec beaucoup de justesse. J’ai éprouvé de l’affection pour Dana, de la tendresse pour Ruth et pour son père. À la fin de cette lecture, j’ai même eu mon petit cœur serré, j’avoue. 

Elle a réussi à me plonger dans un état un peu mélancolique. Être capable de narrer les humeurs adolescentes avec une telle précision, c’était très beau. 

Alors, oui, je relirai Joyce Maynard (même si j’espère que ses autres livres sont mieux amenés au niveau de l’intrigue) parce que ses personnages étaient sublimes.

Les filles de l’ouragan de Joyce Maynard, Edition Philippe Rey, 330 pages – 

34 réflexions sur “Les filles de l’ouragan – Joyce Maynard

  1. Marie-Claude dit :

    Ah! Tu as enfin goûté à la plume de Joyce Maynard! Celui-ci est dans ma PÀL, mais je ne l’ai pas encore lu, tout comme « Long week-end ». Mais j’accroche fort à ses intrigues et à ses personnages, surtout ses enfants et ses ados. Elle parvient à magnifiquement bien parler à travers eux, de façon si juste. Mon roman «coup de coeur Maynard» demeure à ce jour « L’homme de la montagne ».
    Le dernier lu, « Prête à tout », m’a moyennement convainque. Tu t’en doutes bien, j’attends impatiemment « Les règles d’usage », avec une Wendy de treize ans qui vit à Brooklyn pendant le 11 septembre 2001. Ça promets! Avec lequel de ses romans comptes-tu poursuivre la découverte de son oeuvre? Parce qu’il faut poursuivre!

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  2. flyingelectra dit :

    je rejoins Marie-Claude : il faut lire L’homme de la Montagne, un polar (Maynard n’est pas douée avec les polars) mais ses héroïnes sont adolescentes et elle sait parfaitement retranscrire leurs pensées, l’atmosphère à cette époque … je dois aussi continuer ma lecture de cet auteure dont j’aime beaucoup le style ! ravie que tu aies aimé !

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  3. Camille dit :

    Je ne sais pas quoi penser de cet ouvrage à la lecture de la critique que tu en fais. Mais dans la mesure où les personnages sont pour moi le coeur d’un roman, s’ils sont réussis, le reste peut paraître bancal, ça n’a que peu d’importance. Et j’ai une attirance pour les personnages-artistes, alors Ruth apparaît pour moi comme une jolie promesse. Merci pour cette découverte en tous cas !

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