Je suis tous les sales gestes et toutes les sales pensées. Je suis l’orgueil, l’égoïsme, la crapulerie, le vice, le crime.
C’est sans connaitre l’histoire que je me suis plongée dans le récit de Médée maintes fois plébiscité par Moka. L’occasion était rêvée en cette semaine consacrée au théâtre de découvrir enfin cette héroïne.
Ouvrir une œuvre classique à l’aveugle a quelque chose d’excitant et d’aventureux. On se demande en tant que lecteur quel camps ira-t-on rejoindre, ceux qui ont aimé ou ceux qui ont été mis de côté?
Avec Médée, sans grande surprise, je me range vers les lecteurs passionnés (même si le mot en lui-même est très faible).
Qu’est-ce que tu as pu croire? Que j’allais me mettre à pleurer? Je t’ai suivi dans le sang et dans le crime, il va me falloir du sang et un crime pour te quitter.
Médée a aimé, un peu trop ou trop mal. Elle a volé son père, tué son frère pour Jason mais la voilà seule, en compagnie de sa nourrice et de ses deux enfants. Quand elle apprend que celui qu’elle a follement aimé est prêt à se marier, c’est une colère sourde qui gronde en elle. Obligée de quitter les lieux, Médée demande une faveur à Créon, le père de la future épouse de Jason, pour réfléchir une nuit et partir le lendemain. Jason vient aussi la voir et c’est un dialogue intense et sans langue de bois qui va se jouer entre les deux anciens amants.
Je t’ai aimée, Médée. J’ai aimé notre vie forcenée. J’ai aimé le crime et l’aventure avec toi. J’ai aimé ton monde noir, ton audace, ta révolte, ta connivence avec l’horreur et la mort, ta rage de tout détruire. J’ai cru avec toi qu’il fallait toujours prendre et se battre et que tout était permis.
Anouilh m’avait déjà séduit avec Antigone (lu, relu et rerelu toujours avec la même ferveur) et c’est encore un coup de cœur avec cette adaptation du mythe. L’auteur a pris quelques libertés avec l’original mais c’est pour apporter une tension plus forte entre Jason et Médée.
La force de cette femme est indescriptible. C’est une héroïne hors-norme que Jean Anouilh nous offre à lire, de celle qui nous assomme par sa folie. Médée refuse l’abandon de l’homme qu’elle aimé, pour lequel elle a tout quitté et commis les pires atrocités. Médée m’a passionnée, m’a subjuguée.
Deuxième et dernière pièce présentée pour notre challenge cette semaine consacrée au théâtre. Et vous, sur quelles planches êtes-vous montés?
Les pièces de Moka /
-Médée de Jean Anouilh, Editions La Petite Vermillon, 2018 pour la présente édition, Première édition 1946, 91 pages –
Cette pièce m’a foudroyée. J’en connais des passages par coeur, je les relis souvent. Je l’aime à la folie.
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Si je l’avais lue à l’époque où je faisais du théâtre/déclamation je crois que j’aurais pu en lire des extraits.
Merci à toi pour cette découverte !
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J’en garde un souvenir fort. Antigone était un choix possible pour ce challenge mais j’avais envie de légèreté. En tout cas Anouilh m’attend encore.
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Pour la légèreté on reviendra c’est certain 😁
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Comme toi, j’ai adoré Antigone. Très curieuse de découvrir cette pièce vu ton retour enthousiaste!
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Aucune crainte que tu sois déçue alors par Médée !
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j’ai lu la version de David Vann sur Médée et oui quelle histoire !!!!
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David Vann et Médée???? Il faut que j’aille me renseigner là-dessus tiens…
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J’avais déjà lu le parallèle entre les deux livres mais je ne me rappelle plus du titre… Electra aide-nous 🙂
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L’obscure clarté de l’air. (Tu imagines bien que j’ai aussitôt regardé. Il sera mien mardi ou mercredi.)
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Tu es trop forte. (As-tu déjà lu David Vann.. ? Ça dépote pas mal!)
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Oh que oui. Se remet-on un jour d’avoir lu Sukkwan Island?
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Jamais…!
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Comme toi, comme beaucoup de lecteurs, j’ai adoré Antigone que je relis régulièrement depuis la 3e et que j’enseigne à mon tour depuis des années à mes 3e (de toutes façon, une personne qui n’aime pas Antigone se range dans la catégorie des gens suspects ahah) mais je n’ai jamais rien lu d’autre d’Anouilh. C’est dingue d’ailleurs, quand j’y pense. Il faut absolument que je lise Médée – en plus j’adore ce mythe. Tu es tellement enthousiaste et convaincante. Si cela t’intéresse, je t’encourage à en lire la réinterprétation romanesque de Christa Wolf. Également sublime.
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Qui n’aime pas Antigone? Qui? Je veux des noms!
Oh oui Lili, lis Médée, tu seras aussi charmée et je note expressément la version romanesque. Merci!
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