Moi, ce que j’aime, c’est les monstres– Emil Ferris

Parfois des choses si terribles surviennent que les gens veulent que le monde soit à l’image de ce qu’ils ressentent au plus profond d’eux.

Par quoi commencer pour expliquer ce roman graphique hors-norme?
Par vous dire que Karen, jeune enfant de Chicago, se rêve en loup-garou, joue au détective, se questionne sur la cause de la mort de sa voisine, est fan absolue de films d’horreur, est rejetée par ses pairs, se languit de sa meilleure amie qui lui a tourné le dos, ne veut pas être comme tout le monde.

Ensuite je peux vous raconter Anka, la voisine décédée, qui avait des comportements étranges. Son histoire est particulière et Karen la découvrira grâce à des enregistrements de cassettes. La jeune enfant sera plongée dans l’enfance de sa voisine à l’époque de l’Allemagne nazie.

Puis, il y a Deeze, le frère de Karen. Bourreau des cœurs, homme à femme, taiseux et proche de sa sœur et leur mère qui doucement s’éteint, atteinte d’un cancer.

Les autres personnages ne sont pas en reste, torturés, méchants, ignobles, perdus, pauvres, sales, victimes de racisme, des prostituées malades, des hommes louches, des enfants livrés à eux-mêmes, en Allemagne,  à Chicago en feu et en proie aux révoltes des droits civiques.

C’est une plongée fracassante dans des histoires qui oscillent entre réalité et fiction. On ne sait jamais ce qui est vrai, est-ce qu’on peut traverser un tableau? Est-ce qu’on peut parler aux morts? Est-ce que les secrets enterrés peuvent revenir à la surface?
L’autrice nous emmène aussi à la rencontre de tableaux de peintres et on se plait à les regarder différemment. 

Même si j’étais réveillée, je savais qu’ils étaient là, dehors, les 𝐆.𝐄.𝐍.𝐒., et qu’un de ces quatre, j’allais y passer. Oh, j’avais 𝐩𝐚𝐬 peur qu’ils 𝐦𝐞 𝐭𝐮𝐞𝐧𝐭 ça non, pfff… J’avais peur qu’ils 𝐟𝐢𝐧𝐢𝐬𝐬𝐞𝐧𝐭 par me 𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞 𝐝𝐞𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞 𝐞𝐮𝐱… 𝐆rossiers, 𝐄nnuyeux, 𝐍uls, 𝐒tupides = 𝐆.𝐄.𝐍.𝐒.

Emil Ferris offre une œuvre grandiose qui ne se résume pas.
Elle doit se lire et se faire désirer, il faut prendre son temps sur chaque planche qui expose une qualité graphique phénoménale, des traits aux textures impressionnantes, des couleurs criardes qui rendent à merveille l’univers cauchemardesque de Karen.
C’est violent, beau et féroce.

– Moi, ce que j’aime, c’est les monstres d’Emil Ferris, Editions Monsieur Toussaint Louverture,  416 pages – 

 Cette semaine, on se retrouve chez  Noukette

67 réflexions sur “Moi, ce que j’aime, c’est les monstres– Emil Ferris

  1. flyingelectra dit :

    J’ai eu le temps de le feuilleter et même de croiser l’auteure au festival America, mais j’avoue que ni le dessin, ni l’histoire ne m’ont tenté – une amie l’a acheté et lu et elle m’a dit qu’elle ne pouvait pas dire si elle avait aimé car certains passages l’ont « dérangé » – mais c’est vrai qu’il reste à part – sur le dessin par exemple !

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