Elle ne se dit pas, il est là, elle se dit, c’est là. Cette chose inconnue qui lui vient. Ce qu’elle craignait, ce qu’elle désirait.
Les premiers mots
Elle n’entend rien. Ne pressent rien. Ça lui arrive d’un coup.
La petite est étendue sur le lit, elle fait la morte et Jeanne, à genoux, trempe le bord du torchon dans un fond d’eau, attrape un bras.
Rue de la Lune, deux corps se font face. Il y a Jeanne, l’épouse et Toussaint, son mari, une gueule cassée qui revient de quelques mois d’hospitalisation après avoir été blessé au front.
Ces deux corps se sont « manqués », l’absence laisse des traces et il est difficile de renouer avec des habitudes perdues. Surtout quand l’autre refuse toute communication. Toussaint se terre dans le silence, dans une solitude à laquelle Jeanne n’a pas d’accès. Elle reporte sa frustration sur sa petite fille qui souffre du retour de son père qui pour elle n’était jusqu’alors qu’une photographie.
Elle voudrait pouvoir approcher Toussaint, lever vers lui un visage clair, elle voudrait n’avoir qu’un seul sentiment et ne rien inventer, et puis voilà que tout s’embrouille , rien n’est comme elle a prévu et elle n’a rien prévu, pas voulu y penser, pas pu croire qu’un jour ça allait vraiment arriver
Dans une écriture poétique à la syntaxe particulière, Angélique Villeneuve aborde le couple et les dégâts provoqués par les retours de guerre et les blessures occasionnées. Jeanne et Toussaint si complices avant le départ deviennent des étrangers, deux âmes qui n’osent plus se toucher ni se frôler.
Les cicatrices mettent du temps à guérir et on sent l’impatience, justifiée, de Jeanne qui ne rêve que de retrouver le Toussaint qu’elle aimait.
Mais Jeanne n’est pas la seule femme à souffrir et certaines n’ont pas la chance de voir revenir leurs époux ou leurs fils. Il ne reste parfois qu’à sombrer dans la folie pour tenter d’oublier l’absence.
La prose est délicate et j’ai senti que chaque mot était pesé et soigneusement pensé. Ce livre est une entrée intimiste dans le cœur d’un homme et d’une femme. Une lecture sensible et émouvante qui puise dans un registre poétique et imagé. A aucun moment, nous avons de descriptions précises sur le visage abîmé de Toussaint, mais grâce aux phrasés particuliers d’Angélique Villeneuve, nous ressentons ce que Jeanne a éprouvé.
C’est parfois difficile de mettre des mots sur un livre qui regorge de si beaux passages tant dans les phrases que dans les silences.
Moka a beaucoup aimé aussi.
– Les Fleurs d’hiver d’Angélique Villeneuve, Editions Phébus, 2014, 160 pages –
J’avais beaucoup aimé ce roman !
J’aimeAimé par 1 personne
Je ne crois pas avoir lu de critiques négatives le concernant. Très beau.
J’aimeJ’aime
jamais lu cette auteure encore mais tu me donnes envie de la découvrir! son dernier roman Maria me tente également
J’aimeAimé par 1 personne
Inutile de te dire que ses autres romans sont passés tout en haut de ma wish-list!
J’aimeJ’aime
merci Fanny pour cette belle lecture!!
J’aimeAimé par 1 personne
Merci à vous pour ce roman sensible et superbement écrit.
Merci aussi pour votre passage.
J’aimeJ’aime
Un coup de cœur pou moi !
J’aimeAimé par 1 personne
Un coup de cœur que je partage avec toi.
J’aimeJ’aime
Je l’ai découvert cet été. Comme toi, j’ai été très touchée par la poésie particulière, pudique, simple et émouvante du texte. Une très belle lecture qui m’a donné envie de dénicher d’autres romans de l’auteure 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
J’y ai trouvé un petit côté de Jeanne Benameur dans ce côté poétique.
Je suis heureuse de l’avoir lue!
Tu as eu le temps d’en lire d’autres ?
J’aimeJ’aime
Oh l’auteure qui te laisse un commentaire, trop sympa!! Tu me donnes très envie de le découvrir à mon tour! je le trouverai sans aucun doute à la bibliothèque! pour cet été, il me semble parfait !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est une plume à découvrir oui! ( Et oui j’ai été étonnée de voir ce gentil mot!)
J’aimeJ’aime
J’avoue avoir adoré ce livre…
J’aimeAimé par 1 personne
Je te comprends 🙂
J’aimeJ’aime