Maria sait la couleur des gens, la couleur des sons et des odeurs. Les couleurs invisibles sont son secret et son privilège.
Les premiers mots
Tant de nuits ont passé depuis celle où le bébé est arrivé, où William est parti.
Allongée dans son lit, elle se tient les yeux grands ouverts dans l’immensité noire, les jambes raides comme deux spatules de bois. La couette est remontée à la limite inférieure des cils. Il fait nuit dans la chambre, à peine, le long de la fenêtre dont les stores sont baissés, un filament de lumière blanche perce-t-il la matière de l’obscurité.
Ils ne lui révéleront pas le sexe de l’enfant qui vient de naître. Maria, la grand-mère, se sent dès lors dépossédée de l’amour qu’elle était prête à donner à ce deuxième petit-enfant. Heureusement, il y a Marcus, le premier, avec qui les relations sont fortes et belles. Mais là aussi, les décisions des parents commencent à tourmenter Maria. Marcus change de prénom, met des robes, porte les cheveux longs. Si l’amour de Maria pour son petit-fils est plus fort que tout, elle n’arrive pas à comprendre certains choix d’éducation que sa fille donne à ses enfants. « Un enfant, une enfant, le mot lui même n’est pas genré, poursuit Thomas. Les gens ont tendance à l’oublier. Noun est libre et attendra le plus longtemps possible avec d’être genré(e). ».
Céline et Thomas, avec leurs enfants pour otages légitimes, forment désormais un monde séparé du sien. Une île autonome.
Angélique Villeneuve s’attaque à des faits réels ( ici en Suède, au Canada ) encore peu connus. Quand ceux-ci sont médiatisés, les critiques pleuvent sur ces parents qui ont choisi d’éduquer leurs enfants autrement. Ici point de jugement sur le fond mais plutôt un questionnement sur ce qu’implique ce « secret » au niveau familial. La fille de Maria et son gendre décident d’exclure toute personne qui voudraient savoir, ils réfléchissent à chaque mot prononcé afin de ne pas commettre d’erreur grammaticale. Les rapports se tendent entre la mère et la fille et Maria sombre.
Pour des raisons obscures, liées au respect de l’environnement, de la santé, de l’éthique, Céline et Thomas désirent secouer le monde, et ce monde n’est qu’un vieux dessus-de-lit sur lequel Maria et William se tiennent assis, tout benêts qu’ils sont.
L‘auteure décrit l’amour dans ce qu’il a de plus beau et de plus complexe. Les émotions sont à fleur de peau, tout comme l’est Maria. Sensible à la beauté du monde, elle essaie d’inculquer ce regard naïf et tendre sur la nature et les oiseaux à son petit-fils.
Déjà charmée par « Les fleurs d’hiver« , je retrouve ce que j’avais tant aimé: une histoire sublimée par les phrases d’une auteure aux mots poétiques.
Livre « surprise » de cet été, achat d’occasion non prévu mais il s’est retrouvé devant moi et j’ai été incapable de résister.
– Maria d’Angélique Villeneuve, Editions Grasset, 2018, 180 pages –
J’ai déjà lu beaucoup de belles choses au sujet de ce roman et de cet auteur… Le thème m’intéresse ; il ne reste plus qu’à savoir si le traitement et le style me conviendront… je vais aller voir sur le site de l’éditeur s’il y a un extrait disponible.
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C’est une écriture très belle. Il y a bien des extraits sur le site de l’éditeur 🙂
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j’entends beaucoup de bien de cette auteure mais jamais lu jusqu’à présent
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Je comprends pourquoi on en parle si bien, c’est très beau 🙂
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Tu en parles tellement bien!
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Merci! 🙂
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Très joli billet ! Le thème est particulier …
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Oui c’est très particulier. Mais ce qui est bien ici c’est que le plus important est comment la grand-mère gère cette situation.
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Tu as plus que piqué ma curiosité à vif là!
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Et tant mieux! 🙂
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Le sujet me met mal à l’aise. Je ne sais pas pourquoi. Pas une lecture pour moi probablement. Merci pour ton retour.
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Je comprends pourquoi. Mais rassure-toi, ici c’est le point de vue de la grand-mère qui est abordé.
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Pas intéressée du tout mais tant mieux si tu as aimé !
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Oui j’ai beaucoup aimé, c’est une écriture qui me touche beaucoup.
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Alors là, miss, vaste débat… Ma curiosité est piquée au vif. Il faut que je le lise! L’idée de présenter le tout du point de vue de la grand-mère aide, j’imagine, le lecteur à s’identifier.
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Oui tout à fait. On se demande comment on aurait réagi.
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Je voulais le lire après le très beau « Les Fleurs d’hiver ».
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J’espère qu’il croisera ta route. Vu que tu as aimé Les fleurs d’hiver, nul doute que celui-ci te plaira.
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