Là où les lumières se perdent – David Joy

J’avais laissé l’environnement dans lequel j’étais né contrôler ce que j’étais devenu.

Les premiers mots

J’ai caché le pick-up derrière un long enchevêtrement d’herbes des pampas qu’il aurait fallu brûler depuis au moins un an. La police n’aimait pas qu’on escalade le château d’eau, mais la police, je ne m’en étais jamais trop soucié.

On ne choisit pas sa famille. Cette formule usitée à souhait représente ce que Jacob a dû subir toute sa vie: un père escroc et redouté, une mère accro à la cristal meth et une solitude désespérante. Suite à une mission chaotique ordonnée par son père, le jeune garçon de dix-huit ans va devoir choisir sa voie. Continuer sur la lancée partenelle ou s’aventurer vers la lumière en compagnie de son amour de jeunesse? Déchiré entre ces deux choix, Jacob erre dans sa vie et redoute de terminer comme ses parents.

J’avais été chier par une mère accro à meth qui venait juste d’être libérée de l’asile de fous. J’étais le fils d’un père qui me planterait un couteau dans la gorge pendant mon sommeil si l’humeur le prenait.

La noirceur de ce roman se ressent dès les premières pages et ne cesse de nous envelopper jusqu’au dernier mot. Comme Jacob, j’ai recherché la clarté et des étincelles pour espérer y voir un soupçon d’espoir. Mais telle une tragédie qui s’est écrite avant sa naissance, la vie de Jacob est ainsi faite. Quoi qu’il veuille, quoi qu’il désire, son destin n’est pas entre ses mains, à moins qu’il écoute enfin ses désirs les plus profonds.

Ce roman propose une histoire faite de désirs avortés et de rêves trop grands. C’est donc noir et sombre. Mais de la poésie se dégage des pages et elle donne au récit un tout autre aspect, plus qu’une simple avalanche de détresse.

Le personnage de Jacob est de celui qu’on a envie d’accompagner où qu’il aille, au Paradis, comme en Enfer. Il est de ceux qui ont une belle âme malgré les décisions hasardeuses auxquelles il ne peut pas déroger. 

Merci à Laeti qui m’a poussée à découvrir son roman coup de coeur. Ce fut aussi une belle lecture pour Marie-Claude.

– Là où les lumières se perdent de David Joy, Traduction Fabrice Pointeau, Editions 10/18, 2017, 286 pages –  

 

 

19 réflexions sur “Là où les lumières se perdent – David Joy

  1. Laeti dit :

    Ton billet reflète bien l’ambiance de ce roman! Du noir mais aussi beaucoup de poésie. Le personnage de Jacob est superbement construit, pensé. je ne ressens pas souvent ça pour un personnage. Un grand coup de coeur pour moi effectivement! et je suis heureuse de te l’avoir fait découvrir 🙂

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