Je suis un zèbre dans un monde d’antilope. Je suis un strié de l’âme.
Les premiers mots
Je ne sais pas très bien par où commencer… C’est déjà un commencent, non?
En tout cas, ce livre est né quand j’appartenais encore à la catégorie de ceux qui n’arrivent pas à poétiser leurs privilèges. Vous voyez? Non! eh bien, un peu le genre de type qui prend la vie pour un handicap et qui se complaît dans cette insatisfaction. C’était il y a trois mois, la veille de Noël 2049. Mon père était entré dans ma chambre, l’air sérieux et doux à la fois, une mixture étrange dont il détient le monopole, en prononçant mon nom comme on entame une déclaration: Martin…
Pour la petite histoire, j’ai acheté ce livre au Salon du livre de Mons sur les bons conseils de Laeti (que je rencontrais pour la première fois, attention séquence émotion! 😉 ) Sachant qu’elle avait apprécié ce livre et que je lui faisais déjà confiance, je l’ai pris. Coup de bol, l’autrice était présente et me l’a gentiment dédicacé.
Ayant un attrait particulier pour ce sujet, je ne pouvais pas passer à côté. Il s’agit ici d’une percée intimiste dans le monde des enfants HP ( Haut Potentiel). On découvre Martin, dit Marty, en 2050. Celui-ci est HP. Il a quinze ans, a une copine, est doté d’un sens de l’humour singulier et sait contrôler ses émotions.
À cette époque, les livres n’existent plus car tout est numérisé, il y a des couvre-feux et certaines restrictions sur lesquelles l’autrice n’en dit pas plus. Un jour, Marty reçoit un livre de la part de sa grand-mère. L’adolescent n’en a jamais vu, n’en a jamais touché, et encore moins feuilleté les pages! Ce livre, c’est elle qui l’a écrit et Marty va vite se rendre compte que le héros n’est autre que son papa, Thomas. Et la découverte ne s’arrête pas là: son père serait aussi HP, ce qu’ignorait Marty.
Dans les feuillets que Mamilea a légués à son petit-fils, on découvre la vie de cette mère de famille qui découvre un jour que son fils aîné est différent. Diagnostiqué HP, Thomas va bouleverser l’univers de sa mère.
Le pire c’était sa souffrance, le pire c’était mon impuissance, le pire c’était la virulence sans cesse décuplée de ses crises, le pire c’était la peur de ne pas en sortir.
Isabelle Bary nous propose deux histoires: celle de Marty, en 2050 et celle de Thomas dans les années 2010. Cette double narration m’a beaucoup plu car au fil des découvertes de la vie de son père, Marty nous fait part de ses impressions. Il se rend compte qu’on lui a caché la particularité de Thomas alors qu’ils sont pareils.
La partie de la vie de Thomas est une réelle incursion dans le quotidien des enfants HP mais surtout dans la vie de sa mère. Comme un exutoire, Léa nous dévoile ses sentiments pour ce fils pas comme les autres, ce fils qui souffre et qui se sent incompris. J’ai aimé le fait d’être du côté de la mère pour observer avec elle les comportements de Thomas. Parce que même si le médecin l’avait prévenue, elle ne s’attendait pas à cette charge qui lui tomberait dessus. « Tu vas déguster, m’avait dit le pédiatre. Jusqu’à ce qu’il sorte de l’adolescence, tu vas déguster. » Elle essaie des modes d’éducation observés chez ses amies mais aucun ne fonctionne, car aucune n’a un fils comme le sien.
Que de souffrances chez ces enfants et chez leurs parents, c’est le point qui m’a le plus marquée. On suit leurs avancées, leurs tâtonnements, leurs progrès comme s’ils nous étaient proches. J’ai aimé la justesse des émotions et la simplicité du langage. Un beau roman sur la différence et l’espoir.
Comment lui dire que s’il est gauche, c’est parce qu’entre sa tête et son corps, le combat est inégal ? Que son esprit a toujours une longueur d’avance et que les bras, les jambes, les doigts font ce qu’ils peuvent, mais qu’ils ne suivent pas? Que ce qu’il ressent comme une tare est un cadeau ?
– Zebraska d’Isabelle Bary, Editions Luce Wilquin, 2014, 224 pages –
Avant tout, tu m’expliques ce qu’est un enfant HP.
(Ici, c’est une sorte de sauce piquante!)
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Ce sont des enfants à Haut Potentiel 😉 je rectifie de ce pas mon article !
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Je comprends mieux et, du coup, je suis très intriguée par ce roman. Merci pour la précision!
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De rien! C’est vrai que c’est un sujet intéressant !
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Un joli livre mais le sujet ne me parle pas assez pour que j’ai envie de le lire mais je comprends la difficulté – pareil pour les parents d’enfants ayant à l’inverse de faibles potentiels, le combat est toujours difficile.
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Je peux comprendre. Ce livre ouvre des portes pour comprendre ce que ces enfants ressentent. J’ai pour ma part travaillé avec des enfants dits retardés et comme tu le dis, c’est aussi compliqué dans ce sens-là. Merci de ton commentaire Electra 🙂
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Oh c’est minouche le souvenir de notre première rencontre (moment émotion aussi ^^). J’ai l’impression que ça fait longtemps d’ailleurs!
Par rapport à ce roman, ça m’ennuie vraiment de ne plus m’en souvenir, je l’avais beaucoup aimé pourtant! Tu en parles bien, on sent qu’il t’a touchée! En tout cas, j’ai trouvé que le sujet était bien exploré et que les émotions passaient bien.
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(Oui mais on remet ça bientôt! 🙂 )
Du moment que tu te souviennes de l’avoir apprécié, c’est déjà bien! Et oui, les émotions sont très bien décrites, on sent très bien que c’est du vécu de la part d’Isabelle Bary.
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C’est amusant, aujourd’hui, Laeti et toi présentez toutes les deux un livre que l’autre a beaucoup aimé 😉 Complicité de lectrices…
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Et sans le faire exprès ! 🙂
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J’aime bien ton analyse, lu et approuvé à l’époque. Faut dire que je le vis au quotidien et son livre est très proche de ce que l’on ressent des deux côtés de la barrière.
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Alors je comprends que tu l’aies aimé! Tout comme l’autrice qui le vit aussi quotidiennement.
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Il me tente bien, il y a peu d’ouvrages sur ce thème!
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En effet, c’est rare!
Il y en a « un peu plus » sur les autistes même si c’est encore très minime!
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