La Vagabonde – Colette 

-Elle est en acier !
Elle est «  en femme », simplement, et cela suffit.

Les premiers mots

Dix heures et demie… Encore une fois, je suis prête trop tôt. Mon camarade Brague, qui aida mes débuts dans la pantomime, me le reproche souvent en termes imagés : — Sacrée graine d’amateur, va! T’as toujours le feu quelque part. Si on t’écoutait, on ferait son fond de teint à sept heures et demie, en brifant les hors-d’œuvre…

Trompée et abandonnée par son mari, Renée ne se sent pas la force mentale de renouer de nouvelles relations. Elle se perd et se dépense dans son nouveau métier, celui de la scène, pour oublier et ne pas penser à l’homme qui l’a trahie.
Quand un certain Maxime Dufferein-Chautel s’intéresse à elle, il n’est pas reçu comme il aurait pu l’attendre. Renée réfléchit beaucoup à ce qu’une nouvelle histoire d’amour engendrerait. Mais le bonhomme est tenace et c’est à coup de jolis mots qu’il arrive à lui faire changer d’avis.
Renée garde cependant dans son esprit cette envie et besoin de liberté auquel elle a aimé goûté depuis son divorce.

Le mariage… Non, il ne s’agit pas des trahisons, vous vous méprenez ! Il s’agit de la domesticité conjugale, qui fait de tant d’épouses une sorte de nurse pour adulte… Etre mariée, c’est… comment dire ? c’est trembler que la côtelette de Monsieur soit trop cuite, l’eau de Vittel pas assez froide, la chemise mal empesée, le faux col mou, le bain brûlant, c’est assumer le rôle épuisant d’intermédiaire-tampon entre la mauvaise humeur de Monsieur, l’avarice de Monsieur, la gourmandise, la paresse de Monsieur… Le rôle de médiatrice, je vous dis, entre Monsieur et le reste de l’humanité. Le mariage, c’est… c’est : « Noue-moi ma cravate !… Fous la bonne à la porte !… Coupe-moi les ongles des pieds. Lève-toi pour faire de la camomille… » C’est : « Donne-moi mon complet neuf, et remplis ma valise, pour que je file « la » retrouver… » Intendante, garde-malade, bonne d’enfant, – assez, assez, assez !

La Vagabonde est de ces titres qui se laissent un peu désiré. Si la première partie est une longue mise en place des personnages, les deux dernières accélèrent le propos et nous font découvrir une Renée aux prises avec ses sentiments amoureux et sa volonté de solitude. Même si elle l’avoue à demi-mot, on comprend que l’histoire avec son premier mari a cassé quelque chose en elle. Mais quoi ? La confiance, le désir, l’envie de former un couple ? Il y a aussi cette peur de vieillir…À plusieurs reprise, la narratrice se plaint de ses trente ans ans qui semblent sonner la fin de sa vie.
Je découvre avec ce titre une Colette dont j’avais mille fois entendu parler mais que je n’avais pas encore rencontrée, une Colette libre, en dehors du cadre. Avec La Vagabonde, l’autrice a implanté des éléments de sa vie personnelle et sans en connaître tous les détails, il est assez simple de constater que la Renée de la Vagabonde aurait pu s’appeler Sidonie-Gabrielle.

La Vagabonde de Colette
Éditions Livre de Poche352 pages, première édition en 1910
Les Classiques c’est fantastique – Saison 4

Pour ce deuxième rendez-vous de notre saison 4 de nos fantastiques classiques, nous avons mis en concurrence deux grandes autrice. La team-classique devait faire un terrible choix entre George Sand et Colette.. découvrons les titres de : Moka (Colette) (Sand) / Natiora (Colette) (Sand)/ Lolo / Lili / Jérôme / Antigone / L’Ourse Bibliophile / Sacha / Fanny (Manoir) / Madame lit / Mes échappées littéraires / Virginie (Colette) (Sand) / Katell /

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