Frink & Freud, le patient américain – Pierre Péju & Lionel Richerand

Il a failli ruiner ma…Enfin, notre cause chez ces brutes d’Américains!! Par un comportement définitivement INFANTILE!

Quand Freud pose le pied en Amérique en 1909, il arrive en conquérant. Lui seul, selon ses dires, maîtrise la psyché, les autres n’y connaissent rien. De conférences en conférences, il distille sa parole et se fait entendre de ses confrères américains. Parmi eux, Horace Frink, jeune médecin qui se bat depuis des années avec des démons intérieurs. Freud ne le considère pas et se sert du jeune homme pour lui servir de guide dans la ville. De retour à Vienne, le psychanalyste a tout de même des doutes sur Frink, ce jeune médecin pourrait peut-être lui être d’une grande aide pour implanter ses théories en Amérique.

– Ce n’est pas entre deux femmes que vous êtes écartelé, M. Frink!
– Que voulez-vous dire? Pas écartelé?
-Si, si…mais entre vous-même et vous même. Vous connaissez sûrement l’étrange cas du docteur Jekyll?
– Il y aurait donc un bon Horace et un Horace monstrueux?

De son côté, Frink s’installe comme psychothérapeute et reçoit comme patiente la richissime Angelica. Bientôt tous deux passeront la barrière interdite entre patient et médecin. Frink ne sachant que faire s’en remet à Freud et se rend à Vienne pour se faire psychanalyser. Le grand Sigmund conseille aux amants de quitter femme et mari et de s’unir pour assouvir leur passion.
Cette décision mène tout doucement mais irrémédiablement Frink sur la pente dangereuse de la névrose. Névrose déjà bien présente mais non décelée par Freud.

Si le début de la bd s’intéresse pendant quelques instants à la venue de Freud en Amérique, le lecteur s’aperçoit rapidement que le personnage central est Horace Frink. On découvre la vie du jeune garçon qui n’a rien de réjouissant. Traumatisé par des cauchemars qui ne sont pas pris en compte par ses parents, Horace devra se convaincre que tout cela n’est que fantasmes et qu’il doit vivre avec.
Ce qui est intéressant, c’est de comprendre pourquoi Frink a directement été attiré par Freud qui décryptait les rêves les plus fous et qu’il voyait en lui un genre de sauveur.

À l’illustration, les traits crayonnés de Lionel Richerand offrent des dessins crispés par la douleur et la folie, c’est tortueux comme les cauchemar du jeune Frink. Le choix du noir et blanc est parfait pour raconter cette histoire de la rencontre ratée entre ces deux hommes dont l’un avait un égo tellement surdimensionné qu’il peinait à comprendre que troubles bien profonds de ses patients. Dans le cas de Frink, il a été dit qu’il souffrait vraisemblablement de bipolarité.

Frink & Freud, le patient américain
Scénario de Pierre Péju, dessins de Lionel Richerand
Éditions Casterman
200 pages, janvier 2021

C’est chez Stephie

25 réflexions sur “ Frink & Freud, le patient américain – Pierre Péju & Lionel Richerand

  1. lilly dit :

    J’ai un rapport complexe à la psychanalyse, que je considère parfois comme intéressante et très souvent comme une fumisterie entérinant des principes bien réactionnaires. Le début de ton billet me donnait l’impression que cette bande-dessinée allait évoquer Freud d’un point de vue critique, mais en fin de compte cela ne semble pas être le cas.

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  2. flyingelectra dit :

    je vais mettre un bémol en pensant aux dégâts que Freud a fait sur les maladies mentales (par exemple en accusant les mères d’être responsables de l’autisme ou de la schizophrénie de leur enfant) mais bon sinon il a réussi à faire parler de la « tête » à une période où on n’y pensait pas ..

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