Les libellules rouges – Reiko Kruk-Nishioka

Je voulais voir le monstre, cette bombe d’un type nouveau qui dépassait l’imagination et que, déjà, on commençait à appeler « la bombe d’Hiroshima et Nagasaki ».

Les premiers mots
Le vrombissement des Libellules rouges fait vibrer les vitres de la salle de classe.
Les voilà! Il n’y a pas que les vitres de la classe qui vibrent. Ça vibre aussi dans la poitrine de Keiko.

Les libellules rouges pour cette enfant de 10 ans, ce sont ces avions militaires, qui foudroient le ciel et qui l’hypnotisent. La réalité est beaucoup plus noire. Nous sommes en 1945 au Japon. Dans quelques temps, la vie de Keiko (l’autre nom de Reiko) sera à tout jamais changée, suite à l’explosion de la bombe atomique de Nagasaki.

Basé sur ses souvenirs avec tout ce que ça implique comme rapport à la réalité et à la fiction, « Les libellules rouges » est un témoignage émouvant d’une petite fille captivée par ces pilotes d’avions qu’elle voit en héros indestructibles. Elle comprend malgré elle, que la vérité est toute autre : ces jeunes garçons, presque enfantins, sont envoyés à l’abattoir, aveuglés par les cérémonies pompeuses des départs à la guerre.

Quelques jours après l’explosion, la famille accueille sa cousine rescapée et Reiko, toujours innocente face à ce drame, se prend d’une extrême affection pour cette jeune fille. Curieuse et indépendante, elle aura l’audace de se rendre à la gare d’Isahaya, réquisitionnée pour recevoir les irradiés, et ces images resteront gravées en elle.

La guerre est parait-il finie, le Japon s’est rendu sans condition, mais concrètement, on ne voit rien de changé. Les choses ne dépendent plus de nous, ce qui va se passer nous échappe, nous restons là, hagards, les gestes maladroits, comme des automates cassés.
Les B29 ne passent plus, les Libellules rouges non plus, le village est étrangement silencieux.

Reiko Kruk-Nishioka est une figure assez connue dans le milieu cinématographique. Arrivée à Paris en 1971, elle crée le l’atelier Métamorphose, spécialisé dans le maquillage d’effets spéciaux. Dans son livre, on retrouve ses dessins crayonnés, ses libellules, ses aventures avec sa cousine…

Les changements entre le « moi » et le « elle » de Keiko m’ont semblé étranges, est-ce un choix de l’autrice ou un faux pas de la traduction?

– Les Libellules rouges de Reiko Kruk-Nishioka, traduit du japonais par Patrick Honnoré, préface de Frédéric Mitterand, illustrations de Reiko Kruk-Nishioka, Éditions Globe, octobre 2020, 222 pages –

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