Le bruit et la fureur – William Faulkner

Et Ben se remit à gémir, longuement, désespérément. Ce n’était rien. Juste un son. On aurait pu croire aussi que c’était tout le temps, toute l’injustice et toute la douleur devenus voix, pour un instant, par une conjonction de planètes.

Les premiers mots

À travers la barrière, entre les vrilles des fleurs, je pouvais les voir frapper. Ils s’avançaient vers le drapeau, et je les suivais le long de la barrière. Luster cherchait quelque chose dans l’herbe, près de l’arbre à fleurs. Ils ont enlevé le drapeau et ils ont frappé. Et puis ils ont remis le drapeau et ils sont allés vers le terre-plein, et puis il a frappé et l’autre a frappé aussi.

Je ne sais pas si je dois vous raconter l’histoire ou pas, (ou en tout cas ce que j’en ai compris.)
Je ne sais pas si vous dire qu’après 60 pages complétement nébuleuses et incompréhensibles, j’ai été lire la préface car j’étais totalement perdue, peut vous donner envie de découvrir ce roman. Je ne sais pas si ça peut vous rassurer de vous dire que j’ai « enfin » compris l’histoire qu’à la 3e partie du livre (qui ne compte que quatre parties). Je ne sais pas en fait si j’ai compris le livre.

J’aimerais parfois être dans la tête de ces écrivains et écrivaines au moment où sont écrits de tels livres. Que se passent-ils dans leurs cerveaux? Comment les idées viennent-elles? Je n’avais jamais lu Faulkner car sa réputation d’écrivain difficile d’accès m’effrayait. Et mon intuition était correcte. Je n’ai pris aucun plaisir à découvrir cette histoire, m’étant aidée de la préface et des avis lus Internet. Devoir entreprendre ce genre de démarche pour comprendre un livre a le don de m’exaspérer. Et pourtant, je l’ai lu jusqu’au bout, je me suis accrochée car je sentais entre ces lignes quelque chose de fort, notamment dans tout ce qui était relation familiales.

Il n’y aura jamais de chance dans une maison où on ne prononce jamais le nom d’un des enfants.

C’est une expérience un peu folle de lire un livre sans pouvoir imaginer les scènes. Tout au long de ce roman, c’est du flou, et encore du flou, c’est du bruit aussi, beaucoup de dialogues qui se répondent, qui n’ont ni queue ni tête, qui sont dans le présent, dans le passé… (Je me rends compte en écrivant ce billet qu’il est aussi confus que le livre...)

Je termine cette semaine dédiée aux histoires de familles dans la littérature classique avec un sacré monstre américain auquel j’ai voulu me frotter sans grande réussite.

L’avis de Lilly qui pourrait vous donner envie d’essayer…

– Le bruit et la fureur de William Faulkner, traduction de Maurice-Edgar Coindreau, Editions Folio, 384 pages –
Première édition 1929

40 réflexions sur “ Le bruit et la fureur – William Faulkner

  1. keisha41 dit :

    Moi c’est avec Ulysses de Joyce que j’ai calé, calé!
    D’ordinaire je refuse de lire les préfaces qui racontent trop, mais pour Le bruit et la fureur j’ai finalement fait comme toi, je l’ai lue, et quand même ça aide beaucoup! De mémoire il me semble qu’en plus du truc nébuleux (la première partie est vue par un personnage qui n’a pas toutes ses cases, on va dire)(et c’est génialement fait)(si!), l’auteur n’aide pas en reprenant les mêmes noms ou prénoms.

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    • mespagesversicolores dit :

      En lisant la préface, je me suis demandé si le traducteur avait eu des infos en plus, était-il dans les confidences de William? lol parce qu’il dit des trucs que je n’ai tout simplement pas vus!
      Et oui, ce/cette fameux/fameuse Quentin! et le prénom du père aussi dont j’ai oublié le nom!

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  2. Natiora dit :

    Merci pour ce fou rire de bon matin 😂 ça ne donne pas envie de se frotter à Faulkner ! Pourtant je n’ai lu qu’une nouvelle de lui et elle m’avait bien plu. Je me ferai mon propre avis avec Lumière d’août qui est dans ma PAL.
    En tout cas tu as brillamment assuré ce mois-ci, je suis contente que ce thème t’ait autant inspirée ☺️

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    • mespagesversicolores dit :

      De rien! je termine un peu en queue de poisson mais je ne voulais pas ne pas le présenter!
      Mon mari m’a demandé pourquoi je continuais ma lecture alors que je n’arrêtais pas de souffler en disant que je ne comprenais rien 😀

      J’espère que tu auras plus de chance que moi avec ce cher William et le livre Lumière d’août.

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  3. lilly dit :

    Je l’ai adoré pour ma part, mais j’étais dans une période où Faulkner me fascinait donc je venais d’en lire d’autres. Je le relirais bien, parce que j’ai du mal à croire que j’ai pu le trouver si fluide alors que d’autres n’y comprennent rien (je suis en train de lire « Beloved » et je trouve ça un peu brouillé, alors Faulkner…).

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  4. Autist Reading dit :

    Ce que tu dis de ta lecture me ramène des dizaines d’années en arrière quand je me suis plongé dans The Wild Palms qu’il fallait lire pour le contrôle de littérature américaine.
    J’ai avancé dans le flou pendant des dizaines de pages, me demandant si mon niveau d’anglais m’empêchait de comprendre ce qui se passait… Un cauchemar !
    Et malgré les éloges sur Faulkner, je n’ai jamais retenté l’expérience, même en français !!!

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  5. Alice dit :

    J’aime bien Faulkner, pour me frotter à ce lâcher-prise justement, qu’il faut accepter, pour à un moment, voir où on en est dans l’histoire de ces personnages, et pourquoi. Dis comme ça, ça peut se rapprocher d’un état éthylique, et ça peut avoir du sens finalement 😉

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  6. Bibliofeel dit :

    Je n’ai pas eu cette impression de lecture difficile. C’est un roman poétique et il faut que des correspondances puissent se faire avec le lecteur, ou pas… La traduction joue aussi un rôle. Cela me donne bien envie de le relire car j’en garde un très bon souvenir.

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