La tendresse des pierres – Marion Fayolle

A force de compléter papa, de penser, de parler à sa place, on ne savait plus tellement qui on était.

Les premiers mots

On a enterré un poumon de papa. C’était un jour de printemps, les arbres étaient chargés de cerises et la nature était belle. On s’habilla tous en noir pour assister à la cérémonie. Toute la famille était là. Des hommes en blanc portaient sur leurs épaules l’énorme poumon. Papa assistait avec nous à l’enterrement d’une partie de son corps.

Perdre un poumon, puis le nez, la bouche, ensuite redevenir enfant et se prendre pour un roi. Telles sont les étapes de la maladie que Marion Fayolle décrit avec beauté et puissance en y ajoutant de la poésie et de la rêverie.

Il faut pourtant faire face à ce mal qui est entré dans la famille. S’entraider pour ne pas sombrer, pour ne pas s’oublier. Cependant l’attention est énorme. Le père réclame terriblement de temps. Mais cette maladie permet aussi de mettre des mots sur les sentiments ressentis, sur ce qu’on ne s’est jamais dit.

« Je pensais que la maladie et toute sa malchance auraient fini par le rendre plus tendre.  » Mais non, ce père est toujours une pierre rugueuse, recouverte d’aspérité, coupante. Un désir de tendresse qui n’arrive pas mais qui n’altère pas l’amour que la narratrice lui porte. 

Marion Fayolle est douée. Vraiment. Rendre compte d’une histoire tragique et la rendre poétique grâce aux métaphores, peu y arrivent. Elle oui. C’est tout un monde de poésie qui s’ouvre à nous pour accompagner cette famille dans leur quotidien. 

J’avais déjà été séduite par les traits particuliers des dessins colorés dans « Les coquins » et je dois avouer qu’avec l’ajout des textes et cette calligraphie si particulière, j’ai eu un coup de coeur pour l’auteure. C’est avec beaucoup d’émotion que les pages se tournent pour arriver à la dernière, le coeur un peu gros et les yeux un peu mouillés.

Aussi sur le blog de : Jérôme , de Moka, de Sabine.

– La tendresse des pierres de Marion Fayolle, Editions Magnani, 2013, 144 pages – 

Les autres amoureux des bulles se retrouvent chez Mo’

48 réflexions sur “ La tendresse des pierres – Marion Fayolle

  1. Mokamilla dit :

    Si je ne devais garder que 10 BD, elle en ferait partie. (Même 5 à vrai dire)
    C’est ma préférée de Marion Fayolle et elle me bouleverse. Totalement.
    Je suis ravie qu’elle t’ait touchée aussi, sans être surprise plus que cela.
    Bises
    Moka

    Aimé par 1 personne

Si vous souhaitez me laisser une trace de votre passage...