Treize raisons– Jay Asher

Hannah tient à ce que nous, ceux qu’elle a choisis, écoutions son message, jusqu’au bout.

Les premiers mots

– Jeune homme? me répète la femme. Quel délai de livraison souhaiteriez-vous?
Je me frotte le sourcil gauche du bout des doigts, très fort. La douleur s’est intensifiée.
– Aucune importance.

13 cassettes destinées à 13 personnes. C’est Hannah Baker qui a rédigé cette liste. Pourquoi? Pour expliquer les raisons de son suicide, pour que les personnes concernées comprennent le rôle qu’elles ont joué dans la descente aux enfers de la jeune fille. Parmi ces « victimes », figure Clay. C’est avec lui que nous allons découvrir l’histoire. Pour lui c’est impossible qu’il soit avec les personnes qui ont fait du mal à Hannah, c’est même plutôt le contraire, il voulait l’aider. Mais pour comprendre son rôle, il devra écouter, avec rage et douleur, les responsabilités de chacun. Quitte à découvrir la face cachée de ceux qu’il côtoie tous les jours.

J’aimerais seulement trouver une trace d’elle loin de la laideur de ces cassettes. C’est même une nécessité vitale. j’ai besoin de la voir sous un autre éclairage.

À travers la voix d’Hannah et le trajet transmis, nous découvrons en même temps que Clay, les personnes et les lieux qui ont été importants dans sa prise de décision.

Il me semble qu’on parle de plus en plus du harcèlement scolaire, soit en prévention, soit pour annoncer des suicides de jeunes élèves. Le fait d’écrire un roman et non un témoignage peut autant toucher.  Il fallait donc trouver une forme qui captive. Et Jay Hasher l’a trouvée. Son personnage de Hannah est brillante et le choix de délivrer des cassettes permet de créer une tension palpable durant tout le roman. L’approche est donc judicieuse, elle permet de faire intervenir plusieurs voix.  Les cassettes touchent en plein coeur ceux qu’elle juge responsable de son mal-être. Elle explique que certaines personnes ne se sont jamais rendu compte du mal qu’elles pouvaient faire. Les bourreaux peuvent avoir plusieurs visages.

Même si je lui ai trouvé quelques défauts, dont celui d’amener pas mal de clichés d’étudiants, je me suis laissé embarquer. Un autre point qui m’a un peu énervée est l’alternance des récits des cassettes et les pensées et le présent de Clay. J’ai eu des difficultés à comprendre la chronologie de certains faits par rapport à ce que Hannah racontait. Les réactions de la jeune fille m’ont aussi semblé parfois étranges, je ne les ai pas toujours bien comprises.

Le petit mot de Sherman Alexie sur la quatrième de couverture est pour moi un peu exagéré (« Un mystère. Une apologie. Une cérémonie. Je sais que dans les années à venir, je reviendrai souvent à ce livre« ) mais il rend bien le sentiment que ce roman habite pendant quelques temps son lecteur, en tout cas, son jeune lectorat. Je ne suis pas la cible de ce roman et malheureusement les défauts cités ont pris le dessus. 

Pour terminer, sachez qu’il a été adapté en série et qu’elle est disponible sur Netflix. Bande annonce ici.

– Treize raisons de Jay Asher, Editions Albin Michel, Collection Wiz, 2014, 286 pages- 

 

16 réflexions sur “Treize raisons– Jay Asher

  1. Marie-Claude dit :

    J’avais tenté de le lire lors de sa parution, intriguée par le sujet et son déploiement. Je me suis perdue et je n’ai pas accrochée.
    N’empêche… ma sauterelle et moi n’avons pas résisté à la sortie de la série sur Netflix. Engloutie en quelques jours! À voir (et/ou à lire) pour sensibiliser et ouvrir les yeux sur l’intimidation et ses conséquences.

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  2. malecturotheque dit :

    On a souvent l’impression que ce sont des clichés, ce que l’on peut voir des lycéens dans les films ou les livres, mais c’est finalement assez représentatif de la réalité.
    Enfin, je n’ai pas lu le roman ni vu la série (mais ça ne saurait tarder) donc si ça se trouve c’est encore plus exagéré !
    J’ai bien envie de découvrir cette histoire en tout cas.

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  3. Laeti dit :

    Le personnage d’Hannah m’a longtemps hantée et je m’en rappellerai encore pendant bien longtemps! J’ai vu la série, englouti les épisodes qui sont dans l’ensemble très lents mais c’est pour bien comprendre tout ce cheminement triste et malheureux qui traverse Hannah pendant de longs mois. Comment une fille, à la base heureuse, souriante, épanouie, entourée de parents aimants, a sombré dans une profonde dépression. Une chute vers l’enfer assez frappante, et je pense, réaliste. C’est une série bien ficelée, qui n’épargne rien ni personne. Intéressante tant au niveau de la narration que du jeu des acteurs. Vraiment marquante, pour les ados et les adultes! Je ne pense pas me laisser tenter par le roman par contre. Les changements de narration, de temporalité, sont moins compliqués à saisir avec la série.

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    • mespagesversicolores dit :

      D’après ce que tu dis, je crois que la série se base plus sur la vie d’Hannah que le roman. Il m’a peut-être manqué un peu plus de substance pour que je sois littéralement captivée.
      Je comprends qu’un tel personnage hante les spectateurs!

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  4. flyingelectra dit :

    elle fait le buzz sur Netflix ! mais je n’ai plus l’âge et je regarde assez de séries ! mais la liste des bémols et ton ressenti final font que je ne lirai pas le livre – je suis surprise de voir que l’avis est donné par Sherman Alexie – bon apparemment la série est excellente donc si tu peux la voir ?

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  5. adopteunlivre dit :

    Je n’ose pas te lire parce que j’ai peur d’éventuels Spoils et que j’ai commencé la série mais le thème du harcèlement est plus que contemporain et il était temps que la littérature et le cinéma s’y mettent. Je n’ai vu que 3 épisodes mais la série est pas mal faite. Ce n’est pas non plus la pépite de l’année mais elle cible les ados et son objectif est fort appréciable.

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