Manuel à l’usage des femmes de ménage– Lucia Berlin

La mort panse les plaies, elle nous apprend à pardonner, nous rappelle que nous ne voulons pas mourir seuls.

Les premiers mots

Un grand et vieil Indien en Levi’s délavé et belle ceinture zuni. Longs cheveux blancs, retenus par un bout de ficelle framboise sur la nuque. Ce qui est étrange, c’est que pendant à peu près une année on se trouvait au lavomatic toujours au même moment. Mais pas aux mêmes moments. Par exemple, j’y allais certaines fois le lundi à sept heures du matin ou le vendredi à six heures et demie du soir et il était déjà là.

Ma libraire m’a littéralement mis ce livre dans les mains en me disant qu’il était « génial, émouvant et que je ne pouvais pas passer à côté ». J’écoute toujours ma libraire. 

Je ne connaissais rien de cette auteure et ce qu’en dit la quatrième de couverture est fort élogieux! Elle a écrit toute sa vie (des nouvelles principalement) et est décédée en 2004. Ce livre  est une compilation de ce qu’elle a écrit pendant des années. Au temps le savoir! Ce n’est donc pas un roman. Les 43 nouvelles s’enchaînent, sans rapport l’une avec l’autre. 
Je me suis forcée, alors que je ne le fais pas d’habitude, à lire la préface écrite par l’écrivaine Lydia Davis et la posface qui reprend les éléments de sa vie. Cette lecture m’a permis de comprendre dans quoi j’allais m’embarquer et surtout de repérer le fil qui se noue entre chaque nouvelle, grâce aux éléments de sa vie que Lucia Berlin diffuse dans chacune.

L’air peiné de Mark, celui que j’ai perçu plus tard chez tous mes fils dans leur vie. Blessure causée par un accident, un divorce, un échec. La férocité de mon désir de les protéger. Mon impuissance.

Dolores, Lucia, Marie, Lu’… autant  de pseudonymes pour raconter sa vie. Ou plutôt, ses vies. Car Lucia Berlin en a bien vécu mille. Si elle accepte de changer quelques éléments, le fond de ses nouvelles est toujours le même, ses propres expériences : l’alcoolisme, le cancer, le divorce, la mort, les métiers pourris, les rencontres inattendues…

Je n’ai pas tout aimé dans ce recueil. Certaines nouvelles m’ont semblé trop longues (bizarrement) quant à d’autres, je n’ai pas ressenti d’émotion particulière. Par contre, je peux dire que certaines histoires m’ont totalement touchée par le vécu qu’on imagine derrière comme la mort de sa mère, le cancer de sa sœur, la relation avec ses fils, son alcoolisme. 

L’écriture de Lucia Berlin est directe, franche et l’auteure ne s’embête pas de mots pompeux. Elle décrit sa vie (ou celles de ses personnages) avec ses tripes. C’est souvent drôle, parfois très émouvant et toujours vivant.
J’avoue que je n’ai pas lu les nouvelles en « une fois », je me suis permis d’alterner cette lecture avec d’autres plus légères. Je crois que si je m’étais lancée dans une lecture en entier, j’aurais frôlé l’excès.

Tout le bien et le mal qui m’est arrivé dans la vie était prévisible et inéluctable, surtout les choix et les actes qui devaient me mener à la solitude totale qui est la mienne.

– Manuel à l’usage des femmes de ménage de Lucia Berlin, Editions Grasset, 2017, 560 pages – 

21 réflexions sur “Manuel à l’usage des femmes de ménage– Lucia Berlin

  1. Medeline dit :

    Je viens de terminer ce livre. Ce ne sont pas vraiment des nouvelles à mon avis, j appèlerai plutôt ca des »bouts  » de vie, on ressent bien la vie de l auteure, son chemin en dents de scie, sa force sa fragilité. L écriture est fluide, riche et émouvante.

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  2. Eva dit :

    j’ai eu du mal à accrocher, j’ai lu 5 ou 6 nouvelles assez dérangeantes, tout en restant accessibles, et j’ai finalement mis le livre de côté, car j’avais un peu l’impression de patiner dans la semoule…il faudrait que je le reprenne, et que j’en lise une ou deux de temps en temps…
    Je pense que la préface est plutôt à lire après la lecture de ce recueil, paradoxalement, et pas avant : elle est trop longue, et elle en dit un peu trop sur Lucia Berlin, c’est plutôt le genre de texte que l’on a plaisir à lire une fois que l’on connait l’univers de cette auteure…

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    • mespagesversicolores dit :

      Oui, c’est une bonne manière de procéder, lire un petit bout de temps en temps.
      J’ai lu les préfaces et les postfaces avant pour me mettre dans le bain et pour ma part ça a aidé ma compréhension du personnage Lucia Berlin. Mais chacun fait comme il veut.

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