Le coeur des louves -Stephane Servant

Il n’y a rien à comprendre. Le calme et la beauté sont les seuls mystères.

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Les premiers mots

C’était au soir de la Saint-Jean. Partout dans la vallée de petits feux piquaient la nuit de jaune. Je suis entrée dans le village au son d’une vieille romance. Sur la place de la mairie, on avait installé une piste de danse. Quelques planches de la scierie jetées à même la terre battue. Des musiciens venus de la ville jouaient sans entrain pour une paire de danseurs. Les vieux assis sur des chaises, leurs yeux fendus comme ceux d’oiseaux de proie, les garçons aux épaules larges à parler trop fort sous les guirlandes de la buvette, les filles dans l’ombre à s’échanger du rouge à lèvres et des cigarettes, les joues roses et la nuque parfumée d’eau de lavande. Tout un monde qui m’apparaissait ce soir-là si étrange. 

Je suis louve.
Sur mon pelage court le chant du vent.
Sous mes pattes, la terre qui pulse.
Le cœur de la terre.
Boum boum Boum boum Boum boum

« Et puis il y a la fin de l’histoire. Et à la fin, tout finit bien. Toujours. »

C’est une histoire de femmes. Des femmes qui ont voulu aller à l’encontre de ce qu’on attendait d’elles. Des femmes qui n’ont pas eu peur des « on-dit » et qui ont survécu à la violence des hommes.

C’est une histoire de jeune fille qui découvre peu à peu les secrets bien enfouis de sa grand-mère que le village traitait de sorcière.

C’est une histoire de louve. Celle qui défend ses petits à la force de ses crocs. Se faire louve pour survivre.

C’est le cri, le hurlement, la plainte de ces femmes qui en-dehors du monde parce que les hommes leur ont refusé le droit d’aller librement dans le monde.

C’est une histoire de guerre. De la sauvagerie pour protéger son bien. De la sauvagerie à l’encontre des étrangers.

C’est une histoire d’une aventure extraordinaire au cœur d’un village enlisé dans ses traditions.

C’est l’histoire de Célia, de sa mère Catherine, de sa grand-mère Tina,d’Alice, les femmes.

Elle était de ces vieilles femmes qui ont dans le cœur un éclat de nuit qui les pousse à marcher à côté du monde

Mais aussi de Marcus, Thomas, Andréas, les hommes.

De secrets de famille en révélations étourdissantes, Célia découvre l’histoire de sa grand-mère et pourra peut-être renouer avec sa mère.

C’est une véritable aventure que j’ai vécue en lisant ce livre. Je ne m’attendais pas à autant de force et de rebondissements à la lecture des premières pages. J’avoue aussi que la couverture n’est pas des plus appropriées pour ce récit. Non, il n’y a pas de chaperon rouge, pas de contes pour enfants non plus. C’est même tout le contraire. Bien qu’étant un livre destiné aux adolescents, il serait plus sage de le confier à des ados de 15 – 16 ans. Les thèmes abordés sont durs et les situations parfois violentes.

Je croyais innocemment que ce livre allait virer dans le fantastique mais non, il est bien ancré dans la réalité, une réalité difficile

Stéphane Servant nous offre un roman qui tient en haleine grâce à une plume puissante et belle. Il alterne l’histoire de Célia en « elle » avec l’histoire de Tina en « je » et on découvre petit à petit toute l’étendue des secrets de ce paisible village des montagnes. Ses personnages ont une réelle épaisseur et je me suis vite attachée à Célia. Je me suis fait la réflexion que ce roman aurait pu tout aussi bien être écrit par une femme. Servant arrive à entrer dans la tête de ses personnages féminins avec facilité et réalisme. 

Un roman de mystère et d’émotions. Un beau grand roman!  Quasi un coup de cœur.

– Le cœur des louves de Stéphane Servant, Editions du Rouergue, 2013, 544 pages – 

(Et ce livre confirme mon coup de cœur pour cette maison d’édition!)

22 réflexions sur “Le coeur des louves -Stephane Servant

  1. flyingelectra dit :

    C’est étrange parce que cette histoire ressemble fort à Acquanera, ce roman italien que j’ai beaucoup aimé (et qui a remporté le Prix littéraire) trois générations de femmes, dont la grand-mère accusée d’être une sorcière, et leurs trois « amours » …
    Du coup, pas envie de le lire – mais ton billet est sinon très tentant !

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  2. Laeti dit :

    Tiens, je ne m’attendais pas à une pareille histoire, c’est marrant! Ton « presque » coup de coeur me donne très envie de le lire. Que ce soit avec ce titre ou bien La langue des bêtes, j’ai envie de découvrir la plume de Stéphane Servant dont je n’entends que du bien!

    Aimé par 1 personne

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