Faire la course avec la mort est épuisant. Et pourtant, au fond, c’est un adversaire honnête. La vie, par contre, ne frappe jamais à la loyale…
(Non, mais cette couverture est tout simplement sublime!)
Les premiers mots
L’homme se relève. Boutonne son pantalon, puis sa veste. Sort un paquet de cigarettes.
– Cibiche?
– Non merci.
Il s’en allume une, reste planté là, jambes écartées, dans toute sa gloire militaire. Avec pourtant dans la voix des intonations d’écolier montrant son dernier dessin.
– Alors? C’était comment?
La femme s’assied, ramène ses jupes sur ses jambes nues, remet de l’ordre dans sa coiffure tout en prenant bien garde de s’essuyer les yeux.
– Un coup de bite est un coup de bite, dit-elle d’un ton neutre.
Finlande, 1918. La guerre civile bat son plein. D’un côté, les soldats de la garde blanche et de l’autre, ceux de la garde rouge.
Dans un hôpital, autrefois une clinique d’aliénés, transformé en tribunal militaire, une rencontre entre des individus que tout oppose est à l’origine de ce roman.
Celui qui est maître des lieux est le juge et écrivain, Emil Hallenberg. Il a à sa botte du personnel qui l’écoute et lui obéit.
Un jour, arrivent à lui, un soldat de la garde blanche et une prisonnière. On apprend vite que ceux-ci sont restés ensemble sur une île déserte avant d’être découvert.
La proximité de la mort vous fait retomber en enfance, a-t-elle songé. Si seulement je pouvais croire en quelque chose! Mais que dire, quand même la haine la plus féroce s’est estompée? Maintenant qu’elle disparaissait enfin, elle lui manquait. Comparée à ce vide béant, même une rancune tenace aurait été une consolation. Un sentiment, quel qu’il soit.
Cette prisonnière devait être exécutée mais elle se retrouve finalement les poings liés en attente d’un jugement. Elle refuse de parler et de raconter sa version des faits.
Une femme supporte bien mieux d’être humiliée que d’avoir honte d’elle-même.
Le soldat, lui aussi, n’est pas très loquace. Le juge grâce à ses talents de séduction et surtout d’intimidation, va tenter de les faire parler et de découvrir la vérité sur ces fameux jours où l’homme et la femme sont restés à deux ainsi que ce qu’il s’est passé avant. D’autres acteurs prennent part également à ce jeu de séduction malsain.
Je suis heureuse d’avoir sorti ce livre de ma PAL et de l’avoir apprécié. Après autant de temps, ça aurait bête que ce ne soit pas le cas.
Ce ne fut toutefois pas une lecture facile. Les romans finlandais ont ce petit quelque chose de flou, ils vous plongent dans un brouillard et vous obligent à tâtonner pour trouver un sens. Ma lecture n’a pas été fluide et je me suis sentie parfois perdue, comme lâchée dans cette atmosphère obscure. Comme lu sur Babelio, ce livre mériterait une deuxième lecture. Un jour, peut-être.
L’auteure a instauré une ambiance particulièrement dense. La relation entre les trois personnages est faite de fascination et de dialogues tranchants.
J’ai surtout apprécié le caractère insoumis de cette prisonnière et de ce soldat. Même si le titre est « Obéir », c’est plutôt une volonté d’obéir à leurs propres idéaux et pas à ce qu’on leur demande de faire. Miina, Aaro et Euno ont désobéi pour survivre.
– Obéir de Leena Lander, Editions Actes Sud, Collection Lettres Scandinaves, 2006, 361 pages –
Merci pour la découverte. Cela m’intéresse cette étrangeté.
Et la littérature de Finlande, je ne connais pas, à part Arto Paasilinna et les Moumine de Tove Jansson que j’adore !
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J’aime assez les romans de Paasilinna! Et les Moumine me rappellent de beaux souvenirs!
Je ne peux que te conseiller cette lecture,si tu tentes prends ton temps et laisse-toi entraîner😉
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Oh quand tu en parlais sur IG, tu me faisais peur mais là tu me tentes fortement ! étrangement, en lisant tes mots, je pense immédiatement au film Au pays du sang et du miel (réalisé par A.Jolie), l’action se passe en Bosnie pendant la guerre – une rencontre entre une prisonnière et un soldat. J’avais été très touchée par ce film. Bref, je m’égare .. et la Finlande. J’aime ce pays et je connais d’autres auteurs et tu as raison la couverture est sublime ! Il me le faut !!!
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Je ne connais pas ce film mais j’ai un sale préjugé sur le fait que ce soit réalisé par A.Jolie (c’est bête je sais 😉).
La Finlande est aussi un pays que j’aime (petite histoire j’y ai fait un stage pédagogique il y a quelques années et je rêve d’y retourner!). Soit! Je suis contente que tu aies envie de le découvrir! 😀
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En général, j’aime vraiment bien la littérature finnoise 🙂 Je ne connais pas ce roman, merci pour la découverte !
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Je te rejoins aussi j’aime cette littérature 😉
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C’est vrai que la couverture est sublime ! J’aimerais découvrir la littérature finlandaise mais ce flou me fait peur…
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Je peux comprendre ta réticence. Je l’étais avant d’ouvrir ce livre et je le serai quand je lirai de nouveau de la littérature finlandaise. À toi de voir -)
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