Le Rapt– Maram al-Masri

Aimer, c’est se préparer à l’abandon

Résumé« Neuf mois pour qu’un coeur palpite… » Le recueil de Maram al-Masri débute par l’évocation d’une vie à naître. La naissance, les premiers mots, les premiers pas… D’un poème à l’autre, l’auteure esquisse une histoire sentimentale de la maternité. Mais soudain, le texte bascule: l’enfant lui est enlevé, le bonheur d’aimer cède la place à une déchirure, son corps de mère entre dans la guerre. 

Ce livre m’a été envoyé dans le cadre de la Masse Critique de Babelio. Je l’avais sélectionné étant intéressée depuis longtemps par la poésie, et ayant lu un beau billet sur le blog de Charlotte, U Lost Control.

Maram al-Masri nous livre en quarante poèmes son histoire : celle de ce fils enlevé par son père.  Ces poèmes sont courts, brefs et témoignent de la douleur journalière vécue par l’auteure. Tous les moments de la vie quotidienne dont elle n’arrive plus à profiter à cause de ce manque et de cette perte. 

Le recueil commence avec des souvenirs de sa maternité et l’éducation qu’elle a donnée à ce jeune fils.

Danse , danse

mon fils

car tu es né

pour apprendre aux oiseaux

à voler

 

Ensuite, les poèmes basculent dans la douleur et dans le manque. Je les ai trouvés  touchants et beaux.

Je ne suis pas si vieille

alors pourquoi

est-ce que je ne trouve plus goût de miel à la vie?

et pourquoi la chanson du matin

que j’avais l’habitude de fredonner

s’est-elle changée en silence?

On pourrait reprocher une « simplicité » dans l’écriture, mais on sent que les mots choisis sont une nécessité et qu’ils cachent une grande détresse. 

« Le Rapt » est le cri de douleur d’une mère et son incapacité à vivre sans son fils. Ce fils qui lui a été rendu bien des années plus tard. 

J’ai apprécié que les poèmes soient  proposés en langue maternelle, l’arabe. 
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Le recueil nous offre aussi deux autres écrits dont  » Le Pain des Letres ». Dans celui-ci, Maram al-Masri nous livre sa nécessité d’écrire pour vivre et la place de l’écriture dans son quotidien.

écrire

c’est vivre sur le bord d’une falaise

et s’accrocher à un brin

d’herbe.

Pour terminer ce billet, je dois avouer qu’il m’a manqué quelque chose pour que je sois tout à fait séduite par la poésie de Maram al-Masri. C’est peut-être le choix des mots « trop » simples ou la brièveté de ses poèmes…

 

– Le Rapt de Maram al-Masri, Edition Bruno Doucey, 2015, 121 pages 

4 réflexions sur “ Le Rapt– Maram al-Masri

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