En attendant Bojangles – Olivier Bourdeaut 

« Certains ne deviennent jamais fous…
Leurs vies doivent être bien ennuyeuses. » Ch. Bukowski

Résumé:

Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur « Mr. Bojangles » de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mademoiselle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères.
Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte.
L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.

Les premiers mots

Mon père m’avait dit qu’avant ma naissance, son métier c’était de chasser les mouches avec un harpon. Il m’avait montré le harpon et une mouche écrasée.
– J’ai arrêté car c’était très difficile et très mal payé, m’avait-il affirmé en rangeant son ancien matériel dans un coffret laqué. Maintenant j’ouvre des garages, il faut beaucoup travailler mais c’est très bien payé.

Georgette, Marguerite, Hortense, Colette. … autant de noms pour une seule femme aimée malgré sa folie grandissante. 

Pour l’homme qui l’aime elle est l’amour de toute une vie, une vie de musique, d’alcools, de fête et surtout de folie, beaucoup, passionnément. 

Son comportement extravagant avait rempli toute ma vie, il était venu se nicher dans chaque recoin, il occupait tout le cadran de l’horloge, y dévorant chaque instant. Cette folie, je l’avais accueillie les bras ouverts, puis je les avais refermés pour la serrer fort et m’en imprégner, mais je craignais qu’une telle folie douce ne soit pas éternelle.

Cet amour est observé par les yeux de leur fils, un jeune garçon semble-t-il, qui ne comprend pas toujours tout ce qui se passe autour de lui. Ce qu’il sait cependant c’est « comment les autres enfants font pour vivre sans mes parents?« . Il voit qu’ils sont différents, hors-normes et il les accepte sans conditions, sans jugements et part avec eux dans leur folie quotidienne. 

Ils volaient mes parents, ils volaient l’un autour de l’autre, ils volaient les pieds sur terre et la tête en l’air, ils volaient vraiment, ils atterrissaient tout doucement puis redécollaient comme des tourbillons impatients et recommençaient à voler avec passion dans une folie de mouvements incandescents.

Cette histoire m’a beaucoup émue (en grande partie à cause de souvenirs personnels) donc je ne peux pas être objective. (De toute façon, ce n’est pas ce qu’on demande quand on tient un blog.  Mais là, je divague. ) Oui, ce roman m’a émue, m’a fait rire et m’a rendue mélancolique. On passe d’une voix à l’autre, celle du fils avec la vie au quotidien et celle du père qui raconte sa rencontre avec Elle, ses doutes, ses questionnements. 

Point de vue écriture, j’ai été complètement charmée. Bourdeaut fait danser ses mots, les fait rimer, un peu à la Boris Vian. Ce livre est à lire et à relire, pour entendre les mots, pour les faire sortir, pour écouter leur musique. 

D’autres en ont parlé, je vous invite à lire leur billet: Jérome, Noukette, Charlotte

 – En attendant Bojangles de Olivier Bourdeaut, Edition Finitude, 2015, 159 pages 

15 réflexions sur “ En attendant Bojangles – Olivier Bourdeaut 

  1. laroussebouquine dit :

    Je pense que c’est l’un des livres de 2016 qui a été le plus chroniqué sur la blogo ! Pour avoir fait le Prix du Roman des Etudiants France Culture et Télérama, je suis ravie d’avoir pu le lire à cette occasion…et je suis ravie qu’il ait gagné le prix !
    Tu as choisi de très beaux passages en tout cas.

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