Sororité – Collectif dirigé par Chloé Delaume 

La sororité résulte d’un processus volontaire, elle se décide et elle s’apprend.

SO-RO-RI-TÉ…

Avec Alice Coffin, j’ai lu le terme de sororité avec un prisme politique. J’ai lu sa force d’aller rencontrer ses détractrices, pas pour régler ses comptes, mais pour parler.

Avec Ovidie, j’ai analysé la chanson À cause des garçons et ce que ça laisse à penser à propos de l’amitié entre femmes.

Avec Lola Lafon , la sororité c’est l’écoute, c’est un lieu où le silence est accepté, où les victimes se parlent, se reconnaissent et s’écoutent.

Avec Chloé Delaume, on reprend les bases de ce mot et on le fait sien.

Avec Juliette Armanet, on met une majuscule à Sœur(s) , on y met toute l’importance et la force que ce mot a en lui.

Avec Estelle-Sarah Bulle, j’ai pris un café en écoutant une discussion entre une féministe et une personne pour qui ce mot a des allures de gros mot et j’y ai lu des arguments implacables.

Avec Lydie Salvayre, c’est une déclaration d’amour à ses sœurs Anne qu’elle nous offre. Celles qu’elle admire et qu’elle aime.

Avec Maboula Soumahoro, j’ai lu son histoire et celles de ses sœurs de sang, de sa mère. Ses sœurs qui la comprennent et la sauvent.

Avec Jeanne Cherhal, j’ai lu un poème sur la force de sa sœur et sur son admiration de ses poings toujours levés, sur son invincibilité.

Avec Iris Brey, j’ai parcouru sa mémoire où des mains de femmes, de sœurs, lui ont été salvatrices, essentielles.

Avec Lauren Bastide, j’ai retrouvé la fougue de ses mots déjà lus dans Présentes. J’ai lu la perte de sa sœur et ce qu’elle met désormais derrière ce mot qu’elle sait fragile. Elle le redéfinit, elle se l’approprie et nous en donne une définition propre faite de doutes et de questionnement.

Il faut mesurer la dangerosité du concept : par la sororité surgit l’indépendance, voire l’autogestion. Le système dominant n’a aucun intérêt à être perturbé par un contre-pouvoir. Longtemps on a pu croire que le mot fraternité n’avait pas d’équivalent féminin. Jusqu’à accepter sans moufter que le masculin devienne universel au creux de la devise française. Liberté, Égalité, Fraternité : dans un pays qui compte aujourd’hui plus de femmes que d’hommes l’idée de prendre le burin au fronton des mairies peut parfois démanger.

Avec Kiyémis, j’ai lu que la sororité est un horizon complexe, où ce mot tend à être politisé et que cela demande de l’exigence.

Avec Fatima Ouassak, la sororité se traduit par la force des mères, ce qu’elles ont en elles pour protéger leurs enfants en établissant une proposition de rupture qui pourrait faire du bruit, beaucoup de bruit.

Avec Camille Froidevaux-Metterie, j’ai lu ce qui avait jalonné mon adolescence, la comparaison systématique avec le corps des autres jeunes filles, mon corps différent des leurs, déjà formés et attirants alors que le mien restait maigrelet. Et j’ai lu à qui profitaient ces comparaisons et cette concurrence… Surtout quand cela touche des sphères plus politiques.

Avec Rébecca Chaillon, j’ai lu le concept de sororité qu’elle s’est créé et sa recette sorore ( « Lutter ensemble pour sur l’histoire retrouve la mémoire« , « Avoir envie de Nous, malgré tout, avant tout« ).

Avec ces quinze femmes, une définition plurielle de ce mot s’est dessinée dans mon esprit. Je peux le faire mien, me l’approprier avec mes propres expériences et mon vécu. Sororité, ce mot qui roule dans la bouche et dit tant de choses.

Sororité , Collectif dirigé par Chloé Delaume. Avec les textes de : Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébecca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kiyémis, Lola Lafon, Fatima Ouassak, Ovidie, Lydie Salvayre et Maboula Soumahoro
Éditions Points
224 pages, avril 2021

2 réflexions sur “ Sororité – Collectif dirigé par Chloé Delaume 

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