Le piano oriental – Zeina Abirached 

Être un piano oriental, c’est ouvrir une fenêtre à Paris et s’attendre à voir la mer.

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1959, Beyrouth. Scrouitch, scrouitch, scrouitch, Pom, pom, pom, Poc, poc, poc… voilà Abdallah qui traverse la ville. Il a rendez-vous avec son ami Victor pour lui annoncer une excellente nouvelle! Son piano oriental intéresse des Viennois. Allez, hop, ces deux amis de toujours embarquent pour Vienne pour montrer toute la splendeur de cette invention. Mais pourquoi un piano oriental? Parce qu' »on ne peut donc pas jouer une mélodie orientale sur le clavier d’un piano ». Abdallah rêve de ces sons, il les a dans sa tête et souhaite les retranscrire. Et il réussit. 

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Entre ces pages où l’on découvre la vie de ce pianiste et de sa famille, l’auteure nous parle d’elle. De sa relation entre deux pays, le Liban et la France, la complexité de l’arabe et du français, le fossé entre ces deux cultures qui font partie intégrante de sa vie. Elle explique ses mécanismes d’apprentissage pour parfaire les deux langues, la difficulté à reproduire certains sons, sa découverte de Paris, le manque de Beyrouth. Et puis toujours, l’image de son grand-père, traducteur et de son arrière-grand-père, ce fameux inventeur. L’histoire familiale est une histoire de sons, de mélodies et de traductions.

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Ce roman graphique arrive à nous murmurer des sons à l’oreille. Ces dessins hypnotiques et répétitifs semblables à des mélodies nous transportent de Paris à Beyrouth. Ils suivent des courbes comme disposés sur des portées.  Pareilles à des notes de musique, ces illustrations en noir et blanc engendrent une partition qu’aucune couleur ne vient perturber.  

J’ai été fascinée par ces deux destins. Abdallah a la foi en son invention et Zeina veut à tout prix être comprise et comprendre. Tous deux recherchent la mélodie qui pourra leur permettre de communiquer au monde et de lier l’Orient et l’Occident.

J’ai ressenti tout l’amour que Zeina Abiradech a pour ce pays et j’ai aimé qu’il ne soit pas fait mention de la guerre et de conflits. Elle se concentre avec finesse et intelligence sur l’amour de la musique et de la langue. 

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C’est un coup de cœur pour cette bande dessinée reçue lors d’un concours organisé par Charlotte, U Lost Control.

– Le piano oriental de Zeina Abiradech, Editions Casterman, 2015,  212 pages- 

16 réflexions sur “ Le piano oriental – Zeina Abirached 

  1. Marie-Claude dit :

    Ah! Une belle surprise de voir Zeina Abirache ici! J’ai lu « Je me souviens », « Mourir partir revenir. Le jeu des hirondelles » et « Le piano oriental » dès qu’ils sont arrivés au Québec. Je raffole du dessin, de ces rondeurs, de ce noir et blanc vibrant. Et toute la dimension autobiographique, si riche. Du côté des romans graphiques «sociologiques» au dessin typé, je place Zeina Abirache au même niveau que Marjane Satrapi et Riad Sattouf. Rien de moins!

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