Construire un feu – Chabouté

Le chien le sait bien lui, que ce n’est pas un temps pour voyager. Son jugement de chien est bien plus juste que ton orgueilleux jugement d’homme.

La ruée vers l’or amène souvent des aventuriers intrépides à entreprendre de dangereuses expéditions. Notre homme est l’un de ceux-là. Inconscient de l’univers qu’il devra traverser, il se met en route avec son chien pour seul compagnon. Pour se protéger du froid, il porte des vêtements qu’il croit assez chauds mais qui seront très tôt insatisfaisants et inutiles par les températures avoisinant les -60 degrés.

Mon pauvre ami… Tu ne sais rien du froid…
Le chien, lui, le connaît bien… Il sait… Tous ses ancêtres l’ont connu…

Il y a dans les pages de Chabouté un froid qui s’empare de nous dès les premières instants et qui ne nous lâche pas. La nature règne en maitre sur les contrées gelées et prend possession des plus petits soubresauts de vie qui s’échappent de l’homme. Les membres endoloris et c’est la solitude qui s’installe mais également l’angoisse de ne jamais atteindre le camp de ses compagnons.

Sans remettre en question sa décision de partir seul, l’homme essaie tant bien que mal de survivre en trouvant du bois pour se réchauffer. Ses tentatives pour construire un feu le tiennent debout mais jusqu’à quand…

Adaptée de la nouvelle de Jack London, cette bande dessinée explore la complexité de l’homme face l’adversité. Tantôt dans le déni, tantôt dans l’espoir de retrouver ses pairs, l’homme est assailli d’émotions qui ne lui permettent pas de prendre des décisions rationnelles. Ecrasé par la nature et le froid qui l’engourdit, il perd tout sens des réalités et se rappelle tant bien que mal les conseils reçus avant son départ : « Au-delà de cinquante degrés sous zéro, on ne doit point voyager seul.« 

Construire un feu de Chabouté
Éditions Glénat, Hors Collection Vents d’Ouest, 80 pages, novembre 2016
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