Ogresse – Aylin Manço

Parfois il vous arrive des trucs monstrueux, et c’est pas votre faute. Parfois c’est la faute de personne.

Les premiers mots

Hier soir, Maman m’a fait manger du cœur. C’était du cœur de bœuf. Le cœur est notre muscle le plus puissant, et ça sent quand on en mange; la viande résistait sous mon couteau à steak, il fallait la scier pour trancher les fibres. Elles cédaient comme des câbles tendus, l’une après l’autre.

Hippolyte a une vie qui se délite. Son père est parti, son meilleur ami de primaire l’a un peu oubliée depuis la rentrée, sa voisine si gentille a disparu et puis… Sa mère la mord. Elle n’a rien vu venir, n’a pas pu se détacher. Sous le choc, H, comme elle se fait appeler, tente de garder la tête hors de l’eau pour survivre à cette mère qui s’éloigne de plus en plus de la réalité.

Alors le noir crache quelque chose de furieux qui me tombe dessus. Le salon se renverse ; le sol me heurte dans le dos. J’ouvre la bouche pour hurler mais le choc m’a coupé le souffle.
Elle a les ongles enfoncés dans mes épaules et je sens son haleine sur mon cou. D’instinct, je la repousse d’une bourrade, elle tombe et je me roule en boule.
Est-ce qu’il faut crier, là ?

Ogresse, ce titre pourrait faire penser à un conte moderne, au Petit Poucet. Mais non. Nous sommes à Bruxelles à notre époque. Pas de princesse, pas de magie, mais des personnages aux comportements étranges et effrayants.

Ce que remarque Hippolyte, c’est que sa mère n’est plus tout à fait la même depuis la séparation. Au moment où la jeune fille aurait le plus besoin d’elle, elle commence à avoir des réactions insensées jusqu’à ce point de non retour, cette morsure. Continuer à être normale après cela devient difficile. H aura tout le soutien nécessaire de ses amis mais elle devra aussi faire face à ses propres sentiments amoureux qui la chamboulent.

Comment résister à ce titre et puis cette couverture qui attire directement l’œil. Cette fourchette, cette goutte de sang sur ce fond vert hypnotisant.

Cette lecture remue et dérange car elle place son action dans une réalité tout à fait ordinaire. On pourrait se dire que cela pourrait arriver dans une maison proche de la nôtre…
Aylin Manço décrit avec talent des adolescents pour lesquels la vie commence à être légèrement difficile à vivre. La solidarité mais aussi l’honnêteté seront nécessaires pour que cette bande de jeune puisse se construire avec les démons intérieurs et extérieurs.

Et pour avoir d’autres avis c’est par ici avec Laure et Noukette avec lesquelles je partage la jolie aventure des Mes Premières 68 .

– Ogresse d’Aylin Manço, Editions Sarbacane, Collection Exprim’, 2020, 278 pages –

27 réflexions sur “ Ogresse – Aylin Manço

  1. Marie-Claude dit :

    Ces citations, cette couverture, et puis le monde de l’adolescence… Forcément, ça pique ma curiosité. Mais, dis-moi… Hippolyte est une fille (ici, c’est un nom masculin). Sa mère la mord? C’est une cannibale? Une vampire? Éclaire ma lanterne, stp!

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