Sous le vent – Maria Borrély

Elle sait le goût de sa bouche brûlante, s’en rassasie.

Les premiers mots

Il avait commencé en sourdine, rasant les toits des maisons d’une aile souple, puis s’était tu, semblant s’être terré au fond d’un antre.
Soudain, il avait enflé sa menace démesurément, avec sa voix épouvantable.

Sous le vent de Haute Provence se cache des gestes du quotidien maintes fois répétés et transmis de générations en générations depuis la nuit des temps. Personnage à part, cet élément effraie autant qu’il fascine et est le témoin privilégié de ce qui se joue dans ces familles. Comme les premiers regards vers un homme et les premiers émois qui l’accompagnent. Marie tombe sous le charme d’Olivier et d’un coup sent son cœur battre comme il n’a jamais battu. Du chaud et du doux l’envahissent… « Il semble à la Marie, face à elle, loin des bruits qu’elle avait fuis pour se retrouver, quelle portait un monde nouveau, brusquement connu« .

Elle ne comprend que l’amour déchaîné : comme le vent prenant d’assaut la taillade, tremblante et chantante sous lui, ou comme un torrent d’Asse, où elle entre nue, souffle coupé, seins malmenés, mais chair fouaillée, sang bouillant.

Roman court mais d’une intensité folle, Sous le vent offre ce qu’il y a de plus pur et de sensible en termes de description d’un amour naissant et débordant. Maria Borrély apporte à son personnage principal une émotion à fleur de peau à laquelle celle-ci ne sait pas comment réagir. Histoire d’une première passion mais également d’une destruction, ce roman offre des pages d’une douceur infinie mais également d’une tristesse abyssale. Dès la rencontre avec Olivier, on se doute que cette romance ne sera pas digne d’un conte de fée et on suit alors la Marie essayer de survivre à ses sentiments nouveaux.

Chaque page recèle des éléments de vie de ces paysans où le vent se fait autant bienveillant que menaçant. La nature dans ses descriptions de paysages de cultures d’olives, d’amandes, parsème le récit d’une réalité drue.

C’est grâce au roman Le chant de la rivière de Wendy Delorme que j’ai découvert ce roman et ce fut une excellente surprise. J’aime quand des livres se répondent, se parlent et poussent les lecteurs et lectrices à aller les découvrir pour trouver des éléments qui les lient et les rapprochent.

Sous son regard, elle se sentait bousculée, tremblante comme un arbre dans le vent.

Sous le vent de Maria Borrély
Éditions Parole, Collection Main de femme, 200 pages, première édition 1930
Les classiques c’est fantastique

5 réflexions sur “Sous le vent – Maria Borrély

  1. L'ourse bibliophile dit :

    J’avais déjà envie de découvrir Wendy Delorme (si tu en as lu plusieurs, y en aurait-il un que tu recommanderais particulièrement ?), mais ce petit roman est attirant également ! Merci pour cette potentielle fabuleuse découverte !

    J’aime

Si vous souhaitez me laisser une trace de votre passage...