Il lui devait d’être ce qu’il était désormais : un jeune loup féroce et solitaire, arraché à son milieu naturel et devenu l’ennemi de sa race.

Les premiers mots
Une haute forêt de sapins, sombre et oppressante, disputait son lit au fleuve gelé. Dépouillés de leur linceul de neige par une récente tempête, les arbres se pressaient les uns contre les autres, noirs et menaçants dans la lumière blafarde du crépuscule. Le silence était total. Le paysage morne, infiniment désolé, qui s’étendait jusqu’à l’horizon, était au-delà de la tristesse humaine. Mais du fond de son effrayante solitude montait un grand rire silencieux, plus terrifiant que le désespoir – le rire tragique du Sphinx, le rictus glacial de l’hiver, la joie mauvaise, féroce d’une puissance sans limites.
Croc-Blanc est un jeune loup sauvage dont on va suivre les multiples aventures au cœur de l’hiver et tout au long des saisons qui vont le voir grandir et évoluer dans différents environnements. Seul ou en compagnie des hommes, ce loup se défendra toujours pour survivre. D’abord solitaire, il apprendra rapidement à qui il peut faire confiance et chez qui il peut être en sécurité.
Pour ne pas être écrasé par un environnement hostile, plus dangereux que le Wild lui-même, il devait puiser dans son héritage de loup, en tirer les qualités qui avaient permis à ses ancêtres de vaincre des siècles d’adversité, les concentrer, les rassembler, en faire des armes plus redoutables encore que ce que la nature avait voulu qu’elles soient. »
La tendresse ressentie pour le louveteau s’est accentuée tout au long du livre. Le voir grandir, survivre. Jack London prend le temps de décrire chaque nouveauté qui s’offre à Croc-Blanc. Si cela peut parfois paraitre un peu long, ce sentiment est vite balayé par la densité des aventures offertes.
Moi qui croyais lire un livre jeunesse, je me suis retrouvée à découvrir un univers dur et violent. Jack London ne nous épargne pas les détails des combats entre animaux et je me suis demandé plusieurs fois si ce livre était destiné aux plus jeunes. Cette question posée, j’ai adoré suivre les aventures de Croc-Blanc qui sont à la fois terrifiantes et passionnantes.
Jack London que j’avais découvert avec Martin Eden montre ici une autre facette de ses talents d’écrivain en se mettant corps et âme dans la tête de ses personnages, hommes ou animaux. C’est dans la tête du loup que nous ressentons la peur, la faim, la joie, c’est dans ses yeux que nous voyons la vie défiler. L’instinct animal et la raison s’entrecroisent pour nous faire vibrer.
Si l’envie vous prend de regarder l’adaptation cinématographique de 1991, ne vous attendez pas à avoir une retranscription exacte du texte original. Comme souvent, des détails manquent et le réalisateur s’est permis quelques libertés.
Croc-Blanc de Jack London
Traduit de l’anglais par Philippe Sabathe
Éditions 10/18
312 pages, publication originale 1906
Les Classiques c’est fantastique – Saison 3
L’appel du grand nord a été entendu chez Moka / Lolo / Natiora / Alice / Cléanthe / Marilyne / Lili / Mag / Lilly / L’Ourse bibliophile / Katell / Madame Lit / Un livre un thé / Pati / Carnet de textes.

Et London aussi par ici ! Un incontournable pour ce rendez-vous !
Je tenterais bien un deuxième titre mais ma PAL de Noël est tellement cool que je n’arrive pas à savoir quand l’ajouter à mon programme !
Rendez-vous en 2023 avec l’immense John au menu !
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2023 commencera de la meilleur des manières!
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Je rejoins totalement ta chronique. C’était une très belle lecture, même si assez violente par moments.
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Oui, je ne comprends pas qu’elle soit classée en littérature jeunesse.
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Oui c’est toujours étonnant de voir ce récit classé en jeunesse, mais s’il existe des versions expurgées. Jack London a quasiment goûté à tous les styles, souvent avec un incomparable talent. Et heureux que ce Grand Nord lui rende hommage, je crois qu’il ne pouvait pas en être autrement.
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J’ai également une version abrégée lue étant petite 🙂
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Pareil : je pense que c’est un très beau livre qui n’est pas destiné exclusivement aux enfants, loin de là.
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lu il y a bien longtemps, j’en ai sans doute oublié bon nombre d’éléments!
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C’est assez riche 🙂
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Je trouve aussi que les livres classés « jeunesse » de London ne sont pas si faciles d’accès tant au niveau du style que du contenu…
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Ils se sont dit qu’il y avait un chien et donc que c’était assez mignon 😀
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Un classique de London qu’il faudrait que je lise un jour. J’avais beaucoup aimé L’appel de la forêt.
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Je n’ai pas encore lu celui-là.
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Tiens, je l’ai lu il y a quelques mois seulement ! Un roman dur, mais particulièrement immersif !
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Qu’est ce que j’ai aimé Croc-blanc et L’appel de la forêt lus dans ma grande et lointaine jeunesse… Pas certaine de me souvenir de tous les détails, j’en garde le sentiment d’un vrai plaisir de lecture et de beaucoup d’émotions. Comme pour la plupart des livres, je serais curieuse d’une nouvelle lecture des dizaines d’années plus tard, sûrement très différente.
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L’écart est parfois saisissant entre deux lectures.
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Ton billet de lecture me persuade de lire en 2023 « Croc blanc ». Je n’ai lu que « L’appel de la forêt ».
Merci pour ce très beau partage.
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ça fait un moment que je pense relire du London mais je ne pensais pas forcément à celui-ci mais à te lire, pourquoi pas après tout.
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Il se lit vite 😁
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