Il ne faut surtout pas que le chagrin dépasse, même s’il brûle très fort la gorge. parce que le chagrin c’est comme la peur: quand on le veut vraiment, on peut le garder à l’intérieur.

Les premiers mots
Un soir de l’été 2018,
Chaussée Altoufievo
Il n’est pas grand l’appartement. Un salon avec cuisine, deux chambres, une salle de bains, des toilettes. La tapisserie n’a plus de couleur. Jaune-marron, elle n’a pas été changée depuis les années Gorbatchev, quand c’était encore un appartement communautaire.
Krestina, Angelina et Maria Khatchatourian ont tué leur père.
C’est une histoire vraie.
En juillet 2018, les trois sœurs mettent fin au calcaire vécu pendant des années, sévices sexuels, chantages, privation de nourriture, violences psychologiques et physiques. Tout se savait dans cet immeuble moscovite et pourtant personne n’est venu aider ces jeunes filles car en Russie ce qui se trame dans l’intimité reste privé. La police, pour les faits de violences entre époux, donne souvent raison aux maris et ne juge pas utile de venir en aide.
En Russie, il y avait ce proverbe qui disait « Biot – znatchit lioubit – s’il te bat, c’est qu’il t’aime », et les proverbes, c’est comme le passé : quand on ne sait plus ou on va, on s’y agrippe pour se persuader qu’on est du bon côté.
Laura Poggioli a vécu en Russie et elle a aussi subi la violence au sein de son couple avec un beau russe dont elle était folle amoureuse. En faisant des parallèles entre sa situation et celle d’autres victimes, Laura retrace la vie de famille des trois sœurs. C’est terriblement glauque et sinistre mais c’est ce que subissent tant de femmes et de jeunes enfants.
Être victime, c’est être seule contre une famille qui n’accepte pas qu’on lave son linge sale en public, seule contre la police qui intervient rarement, seul contre ses amies qui disent que son mari la bat parce qu’elle est une mauvaise épouse ou une mauvaise mère», se désolait dans un reportage Aliona Eltsvo, la directrice de Kitej, l’un des rares centres d’accueil pour femmes, qui ne disposait que de cinq chambres dans une maison de campagne.
Comme premier roman, Trois Sœurs est assurément bien ficelé et se lit d’une traite. Si l’autrice abuse de certaines répétitions, on lui pardonne pour la suivre dans les descriptions des mœurs russes qui sont tout à fait intéressantes. L’histoire des sœurs me restera en tête, inévitablement, le livre de l’autrice moins. J’attendrais de voir ce qu’elle peut proposer comme (autre) œuvre de fiction.
Trois sœurs de Laura Poggioli
Éditions L’Iconoclaste
320 pages, août 2022
Je ne sais pas si je lirai ce roman mais il a le mérite d’évoquer un sujet brûlant et d’autant plus, en Russie…
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J’ignorais tout de cette impunité..
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Je me garde ce roman dans un coin de la tête pour quand je serai d’attaque à lire un livre au sujet si grave.
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Tu fais bien 😊
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Les 3 soeurs m’interpellent, en tant que personnage.
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Je te rejoins comme tu le sais, pour tout ce qui touche aux 3 sœurs et aux mœurs russes c’est passionnant. Un peu moins enthousiaste sur l’évocation de la vie personnelle de l’autrice.
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Sonia ( sosobooks…) a le même avis que nous..
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