Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen – Stefan Zweig 

Le siècle nouveau réclamait un ordre nouveau, des temps nouveaux.

Pour le lancement de la saison 3 de notre challenge #lesclassiquescestfantastique, nous vous avons proposé de voyager à travers l’Europe. J’avais quelques idées mais rien ne m’excitait follement jusqu’à ce que je fasse des recherches et que je tombe sur ce livre de Stefan Zweig, dont, j’avoue, je n’avais pas la moindre connaissance du contenu. En lisant la quatrième de couverture, j’ai tout de suite su qu’il allait répondre exactement à la thématique et qu’il m’embarquerait très loin. Ce que j’ignorais, par contre, c’est que ce roman allait tour à tour, m’émouvoir, me rendre triste et admirative.

Les titres des chapitres donnent immédiatement à lire l’ampleur du projet : raconter l’Europe avant la Première Guerre Mondiale et continuer sur toutes les années qui ont suivi pour s’arrêter en 1939 au moment de la déclaration de guerre de l’Angleterre à l’Allemagne. (Exemples : Le monde de la sécurité – L’école au siècle passé – Eros Matutinus – Universitas vitae – Paris, la ville de l’éternelle jeunesse – … – Les premiers jours de la guerre de 1914 – … – Au coeur de l’Europe – … – Incipit Hitler – L’agonie de la paix)

Titanesque entreprise racontée de son point de vue, autrichien, juif, écrivain mais aussi d’un homme admiratif de ce qu’aurait pu être une « belle Europe » et de ce qui l’a détruite. Ce qui est fantastique et totalement admirable, c’est que Stefan Zweig a écrit Le Monde d’hier en 1941. Le recul et la lucidité qui transparait dans ce livre fait froid dans le dos. On sent l’homme brisé par ce monde qu’il ne reconnait plus et qu’il avait tant aimé. Cette Autriche flamboyante, qui regorgeait des plus grands noms de la musique classique, cette Autriche aux prises avec des mouvements nationalistes.

Il est évident que les chapitres qui m’ont le plus intéressée et touchée sont ceux évoquant les deux guerres mondiales. Bien que ce qu’il dit sur l’âge d’or de ses parents qui ne craignaient rien de l’avenir avant que la foudre s’abatte sur eux en 1914 soit très captivant, j’ai aimé ses discours et ses analyses sur ces hommes et femmes qui pensaient qu’après l’horreur de cette première guerre, il leur était impossible, inconcevable, d’en revivre une autre.

Ils pensaient sincèrement que les frontières des divergences entre nations et confessions se fondraient peu à peu dans une humanité commune et qu’ainsi la paix et la sécurité, les plus précieux des biens, seraient imparties à tout genre humain.

Ses retours sur sa scolarité, sur sa passion dévorante pour l’art (il a croisé Brahms, Strauss, Mahler…), ses réflexions sur la condition féminine de l’époque et de l’hypocrisie qui en découle, les voyages de l’auteur en Italie, à Paris, en Angleterre.. sont de passionnantes et édifiantes explorations du monde d’avant.

Ce livre mériterait que j’en parle encore et encore mais je préfère vous laisser le découvrir et corner à votre tour des pages et des pages.

On pouvait même de nouveau rêver et espérer une Europe unie. Pendant ces dix années – un instant à l’échelle de l’histoire universelle – il sembla qu’une vie normale allait enfin être accordée à notre génération éprouvée.

Vanessa avait lu ce livre pour notre challenge, son billet est ici.

Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen de Stefan Zweig
Éditions Livre de Poche
512 pages, première publication en 1941
Les Classiques c’est fantastique – Saison 3

On part chez Moka / Natiora / Lili / Lilly / Mumu / Mag / Lolo / Paolina / Marilyne / Ourse bibliophile / Pati / Alice / Madame Lit / Céline / Katell

33 réflexions sur “Le monde d’hier, Souvenirs d’un Européen – Stefan Zweig 

  1. Des Livres Rances dit :

    C’est étonnant, j’avais précisément commencé ce livre pour le challenge du mois. Mais ayant trouvé l’auteur trop admiratif du monde d’avant, l’idéalisant à coup sûr, j’ai stoppé ma lecture et me suis tourné vers Joseph Roth, son ami.

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  2. Marilyne dit :

    Belle lecture. J’ai beaucoup lu Zweig, je me passionne pour cette période de la Mittel Europa, et pourtant je n’ai jamais lu ce titre qui revient toujours sur la période. Ton billet me motive et me conforte, il me manque 🙂

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  3. Mokamilla dit :

    J’ai beaucoup lu Zweig à une époque. Je le dévorais. J’étais complètement fasciné par son œuvre. Et puis j’ai fini par me lasser un peu. Le trouvant parfois un poil obsessionnel. Je pense que la rupture a été consommée et que je pourrais me replonger dans ses écrits.

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