Je présume que tu as entendu parler de la Maison rêvée ? C’est, comme tu le sais, un lieu qui existe réellement. Elle se tient debout non loin d’une forêt, à la lisière d’une étendue d’herbe.

Les premiers mots
La Maison rêvée à la manière d’une ouverture
Je ne lis jamais les prologues. Je les trouve ennuyeux. Si l’auteur a des choses si importantes à dire, pourquoi les reléguer au paratexte? Que cherche-t-il à cacher?
Dès le premier regard, Carmen tombe sous le charme de cette femme dont on ne connaitra jamais le prénom. Si les premiers mois sont passionnés comme peuvent l’être le début de toutes histoires d’amour, la suite commence à ressembler à un cauchemar dont Carmen a du mal à se dépêtrer tant la sidération est grande. Au fur et à mesure de leur vie à deux, dans la Maison Rêvée, l’amoureuse devient violente, injurieuse et menaçante. Carmen nous raconte le début de cette histoire, les signes avant-coureurs et le long travail sur elle-même pour sortir de là.
La Maison rêvée à la manière de l’appel du vide
Tout au fond du gouffre, tu es assaillie de fantasmes de mort. Trébucher sur le trottoir et finir sous les roues d’une voiture. Une fuite de gaz qui te tue dans ton sommeil sans un bruit. Un fou furieux qui brandit une machette dans les transports en commun.
Une chute dans les escaliers, mais soûle, histoire que tu tombes mollement et sans souffrir, comme une marionnette. N’importe quoi, pourvu que ça cesse. Tu as oublié que partir est une autre possibilité.
Véritable tour de force que ce roman! Et je ne mâche pas mes mots. Carmen Maria Machado offre une résurrection après la violence et les menaces. J’ai été complètement happée par le style et la construction si particulière. Chaque chapitre qu’il soit bref ou plus long offre une ambiance avec son style bien à lui et tout fonctionne merveilleusement bien. Je vous mets ici quelques titres pour illustrer sa technique : La Maison rêvée à la manière d’une non-métaphore / La Maison rêvée à la manière picaresque / La Maison rêvée à la manière d’un élément perturbateur / …
Comme le dit Céline, ce roman protéiforme surprend par sa narration et le choix opéré par l’autrice afin de raconter son histoire de violence au sein de son couple. Mais l’originalité de ce livre n’est pas juste un exercice de style « pour faire joli » mais il apporte une plus-value à l’histoire. Le tout est savamment orchestré pour que les lecteurs et lectrices soient immergé.e.s dans cette maison-prison. L’autrice nous apporte également des éléments sociologiques concernant les violences dans les couples lesbiens (très peu représentée dans la culture populaire) et ses références sont nombreuses et recherchées.
Lu d’une traite, ce roman est MA véritable surprise de cette rentrée littéraire.
Dans la maison rêvée de Carmen Maria Machado
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Hélène Cohen.
Éditions Christian Bourgois
384 pages, août 2021
Tu es plus enthousiaste que moi et c’est tant mieux. De mon côté, il m’a manqué quelque chose mais je lui tire mon chapeau pour la forme époustouflante de son récit.
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Je vais descendre en bas et mettre la main dessus… Maud l’a. Chut!
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J’ai l’impression que la maison est aussi un personnage de ce roman.
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Je l’ai eu plusieurs fois entre les mains… après lecture de ta chronique je n’hésite plus!!
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Il me tente assez, mais j’attends le moment propice et de voir si ma médiathèque l’achète. Les extraits sont très alléchants.
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C’est donc autobiographique ? Ton enthousiasme me rend curieuse, aussi bien pour le style que pour l’histoire qui investit un territoire peu abordé.
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