J’étais convaincu que l’art, n’appartenant pas au domaine de l’éthique, se nourrissait autant d’or que d’ordures.

Les premiers mots
Tu es venu pour me voler. Je dormais dans mon atelier. Sale et taché. J’ai entendu une vitre voler en éclats. L’intrus qui s’approchait de moi n’était pas subtil. Mais j’étais heureux que quelque chose se produise dans ma nuit solitaire. Peut-être ai-je espéré que c’était la mort qui entrait chez moi par effraction. Alors, question de ne pas l’effrayer, j’ai fait le mort.
Tu es entré chez lui par effraction, pensant lui voler de l’argent, et ne connaissant pas sa renommée internationale de ce peintre . Il t’a promis qu’il ne porterait pas plainte même si pendant cette nuit, vous vous êtes battus et que vos corps ont claqué l’un contre l’autre. Lui, Francis Bacon, est tombé sous ton charme, instantanément. Toi, petit voleur, tu as hésité à répondre aux avances de cet homme un peu plus âgé que toi mais qui t’impressionnait. Te peindre a été une de ses demandes. Tu as accepté mais votre relation était toutefois très étrange. Entre amour et haine, entre douceur et violence, vous ne saviez pas sur quel pied danser.
Il t’a donné de l’argent, un toit, de l’affection. Tu lui as laissé une empreinte indélébile dans son cœur. Tes portraits relevaient toute la hargne qui régnait dans l’atelier du maitre.
Entre vous deux, un lien indéfectible et pourtant une impossibilité de vivre ensemble.
Francis Bacon et George Dyer, sans jamais être nommés, sont ici racontés par le talentueux Larry Tremblay. L’auteur s’est librement inspiré de quelques éléments de la vie du peintre et de son histoire d’amour avec Dyer pour en faire un récit sur l’amour, la perte de raison et le deuil.
Je ne voulais pas t’admirer, seulement te cadrer, profiter de ton corps, le fourrer dans ma peinture. Tu étais le sac de sensations que je cherchais, le contenant que je désirais vider et lancer à grands jets sur ma toile.
Ce « tu » utilisé par Bacon pour parler à son amant est une sorte de lettre d’adieu qui expliquerait toute leur histoire et le mal qu’ils se sont infligé l’un à l’autre. Car si l’attirance est réciproque, la façon dont ils s’aiment relève surtout de la violence et de la jalousie maladive.
De ce peintre, je ne connaissais que le nom mais j’ignorais tout de ses œuvres et de ses portraits figuratifs. C’est donc sans apriori que je me suis glissée dans cet atelier, à découvrir son enfance, ses passages par la prostitution et ensuite le succès fulgurant. Lire une biographie aussi romancée cela questionne mais cela rend aussi curieux et permet d’aller chercher les informations pour trier les vraies des fausses.
Ce livre signe ma troisième rencontre avec Larry Tremblay après le très beau « L’orangeraie » et le très énigmatique « L’œil soldat« .
Tableau final de l’amour de Larry Tremblay
Édition La Peuplade
216 pages, août 2021
Art et littérature
Un très beau titre.
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Je trouve aussi!
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J’avais tellement aimé L’orangeraie et j’étais restée en marge de L’œil soldat, peut-être me laisserai-je tenter par celui-ci.
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On a les mêmes ressentis par rapport à ses livres. Et j’ai adoré celui-ci 🙂
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j’ai du mal avec l’oeuvre de Bacon et je n’aime pas l’emploi du « tu » bref je passe mais une histoire très intéressante !
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C’est vrai que c’est assez spécial. Moi j’adore!
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J’adore découvrir des personnalités (surtout des artistes) que l’on connait parfois que de nom mais sans trop savoir qui ils sont….. 🙂
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Pareil 🙂
et quand il y a un peu de fiction, j’adore encore plus.
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Joie! Il m’attend!
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J’espère qu’il te plaira.
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Très tentant!
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Tu m’en vois ravie!
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Je suis, je l’avoue, totalement hermétique à l’oeuvre de Bacon !!! Et dans les quelques extraits, l’emploi du Tu m’agace … Malgré l’intérêt des textes de Tremblay, je passe tranquillou ( pour une fois !)
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Alors il n’est pas pour toi 😀
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J’avais adoré L’orangeraie, ce serait un plaisir de retrouver Larry Tremblay.
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On n’est nombreux et nombreuses à avoir aimé L’orangeraie… c’est un texte fort.
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