Nullipares · J’ai décidé de ne pas être mère 

L’heure est venue de déconstruire le préjugé tenace de l’existence d’une destinée féminine. Nous sommes multiples et nos parcours sont innombrables.
Je plaide pour l’abolition de la case « nullipare ».

· Nullipares

Elles sont dix femmes et elles prennent la parole pour évoquer leur condition de femmes nullipares, comprenez qui n’ont jamais enfanté.

Que ce soit par choix, par occasion ratée, par soucis de santé, elles disent l’absence, la liberté, le refus, le regret. Chacune à sa manière, avec une sensibilité à fleur de peau, aborde cette condition de femmes-sans-enfants, que la société aime tellement rappeler le caractère de manque.

Comment parler de mon choix sans recourir au « ne pas », au « refus »? Comment répondre autre chose que « non » au « tu changeras d’idée »? Que répondre à tous ceux qui nous lancent : « Mais toi, tu n’as pas d’enfants… »? Comment contrer par l’affirmative l’épithète « égoïste » dont on affuble souvent celles qui ont fait ce choix?

Les premiers textes sont ceux qui se rapprochent le plus de mon ressenti et j’ai été dérangée par le choix de Claire Legendre de mêler des textes de femmes ayant voulu enfanter et pour lesquelles ce n’était pas possible avec des textes de femmes dont le désir de procréer était absent. On touche-là quelque chose de radicalement différent. J’avais été plus séduite par le recueil de « Ils vécurent heureux et n’eurent pas d’enfants » ( de Meghan Daum, traduit par Julia Kerninon) qui regroupe des paroles d’écrivain.e.s ayant refuser la parentalité. J’avais, cependant, trouvé ce livre un peu bavard.

Il reste que Nullipares est intéressant et apporte des textes joliment écrits.

Autrices présentes: Claire Legendre, (Directrice), Jeanne Bovet, Hélène Charmay, Camille Deslauriers, Brigitte Faivre-Duboz, Martine-Emmanuelle Lapointe, Sylvie Massicotte, Monique Proulx, Agathe Raybaud, Catherine Voyer-Léger

Nullipares , Collectif dirigé par Claire Legendre
Éditions Hamac
144 pages, mai 2020

· J’ai décidé de ne pas être mère

Elle n’aura pas d’enfant. Cette conviction-là, Chloé Chaudet l’a chevillée au corps.

Elle nous livre tout son cheminement par rapport à cette décision qui comme toujours fait parler les plus curieux. Tout y passe, les remarques au ton infantilisant, les regards, les détournements de regards, les personnes qui excluent les non-parents, …bref, tout ce que chaque personne qui a déclaré à voix-haute son choix se prend dans la figure.

Le ton n’est pas revendicatif ni désagréable envers les personnes dont la parentalité est une option. Chloé Chaudet exprime avec recul son choix, évoque les réflexions auxquelles elle a dû faire face et les réparties trouvées pour détourner la conversation. (Réflexions souvent amenées par d’autres femmes, féministes ou non)

Il existe bien des manières d’être « normale » sans être mère. Il faut cesser de tenir pour exceptionnel uniquement ce qui sort de la vie domestique et familiale.

L’autrice a appuyé son témoignage d’études et de références sur le sujet et cela donne un ton plus sérieux qu’un simple témoignage. Elle nous liste à la fin de ce livre des titres pour poursuivre ce thème.

À celles qui me demandent si je veux ou si j’aurai un jour des enfants, je donne maintenant la réponse suivante :  » Sans façon, merci. » Pour formuler à ma manière une politique d’autodéfense. Pour suggérer que je sais parfaitement pourquoi je ne veux pas procréer, afin qu’on me fiche la paix. Pour éviter à la fois l’agressivité et l’euphémisme, par le biais d’une irrévérence qui dit bien autre chose que le refus de devenir mère.

J’ai décidé de ne pas être mère de Chloé Chaudet
Éditions L’Iconoclaste
240 pages, avril 2021

Écoutez Ben Mazué parler de ce choix-là, Parents et le podcast MÔME? (une recommandation de Magali.)

36 réflexions sur “ Nullipares · J’ai décidé de ne pas être mère 

  1. lilly dit :

    Étant très proche des childfree en esprit (le choix d’avoir un enfant a été un très long cheminement pour moi), je pense qu’il est important que ces livres paraissent. J’aimerais aussi en voir sur un tabou encore pire, celui du regret d’être mère.
    En effet, c’est un peu dommage de mélanger certains témoignages. Ne pas vouloir et ne pas pouvoir, c’est radicalement différent.

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  2. Light And Smell dit :

    Étant directement concernée par le sujet, J’ai décidé de ne pas être mère me tente pas mal.
    Pour le premier, je regrette le mélange entre les cas ne voulant pas d’enfants et ceux ne pouvant en avoir. Je ne l’ai pas lu, mais je trouve clairement ce choix maladroit. Rien que le fait de juxtaposer des cas qui n’ont rien à voir tend pour moi à s’inscrire dans ce schéma de culpabilisation que certains essaient de nous faire ressentir avec des phrases du type : Pense à celles qui rêveraient d’être mères…

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  3. Natiora dit :

    Quand je pense à la souffrance d’une de mes meilleures amies qui n’arrive pas à avoir un enfant, je trouve vraiment regrettable de lier les deux situations très différentes du choix et de l’impuissance.
    Quant au reste, ma foi, j’avoue ne pas être intéressée par tout ce qui a trait au désir de parentalité ou de non parentalité. Ça a même tendance à m’agacer cette manie de revendiquer, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Il faut toujours s’expliquer, se justifier, pour tout… Que chacun vive comme il l’entende !! Et tant pis pour les gens à l’esprit étriqué qui ne voient qu’un chemin alors que chacun a le droit de suivre le sien sans devoir rendre de comptes.

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  4. krolfranca dit :

    Ah le choix de ne pas avoir d’enfant ! On ne devrait même pas le pointer du doigt, c’est la liberté de chacun…. ça devrait être personnel alors que c’est institutionnel, sociétal ! Du coup, le livre de Chloé Chaudet m’intéresse davantage…

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  5. maghily dit :

    C’est dommage que Nullipares mêle une fois encore les deux types de témoignages mais je suis curieuse de voir comment cela a été fait.
    Qu’est-ce qu’il est vilain ce terme de nullipare ! Encore une fois, on y entend la négation de quelque chose, cela nous ramène à notre rôle de « four à bébés » (expression d’une amie romaniste qui m’avait marquée) comme si on ne pouvait se définir qu’autour de cette condition.

    L’essai de Chloé Chaudet m’intéresse beaucoup car ce genre de témoignages est encore trop rare. En plus, elle est de notre génération, je pense que sa lecture ne pourra que me faire du bien 😉

    Merci pour ces recommandations 🙂

    Ben Mazué ❤

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    • mespagesversicolores dit :

      Je comprends tout à fait ! Comme je l’ai indiqué sur le commentaire de Mag, je ne m’étais pas posée la question de ce mot et maintenant plus je le vois, plus il me gêne. L’autrice Chloé Chaudet en parle très bien.
      Pour ces lectures, c’est à toi de voir, je me suis reconnue dans le 2e ouvrage car c’est un choix que j’ai pris il y a des années.

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  6. Marie-Claude dit :

    Tout à été dit, et bien dit. Tu connais mon point de vue sur les voix toutes tracées… Moi, je dis vive le choix de choisir et vive la diversité qui fait la richesse de la vie.

    Maud non plus ne veut pas d’enfant. Tu imagines la belle paire qu’on fait? On partage le même immeuble, on vit pratiquement ensemble, nous ne sommes pas un couple. Je chéris mon célibat et elle ne veut pas être mère. Disons qu’on fait jaser les voisins!

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  7. nicolemotspourmots dit :

    Dans le fameux « Ils vécurent heureux… » j’avais noté ce constat tellement juste : on demande toujours à une femme pourquoi elle ne veut pas d’enfant mais jamais pourquoi elle en veut… Pourtant, cela pourrait éviter bien des drames.
    Bref, plus il y aura d’expressions libres sur ce sujet, mieux ce sera.

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