Je n’arrive même pas à comprendre mes relations avec mon père. Comment pourrais-je comprendre Auschwitz ? L’holocauste ?

Je n’arrive même pas à comprendre mes relations avec mon père. Comment pourrais-je comprendre Auschwitz ? L’holocauste ?
M.R.préférait de loin être déçue par les autres qu’être elle-même la cause de déception. Car M.R. pardonnait – volontiers ; elle était très douée pour le pardon.
Elle était aussi très douée pour l’oubli. L’oubli est le principe même du pardon.
Les premiers mots
Lire la suiteTu dois être préparée, dit la femme.
Préparée n’était pas un mot que l’enfant comprenait. Prononcé par la femme, préparée était un mot calme et lisse comme l’eau miroitante des marais de la Black Snake que l’enfant prendrait pour les écailles d’un serpent géant quand on est tellement près du serpent qu’on ne peut pas vraiment le voir.
Comment réconcilier l’idée que tu m’aimais, que tu aimais notre histoire, notre vie, avec le fait que tu t’es tué ?
Les premiers mots
Lire la suiteJ’ai eu cette idée de t’écrire une lettre – tant qu’à te parler à longueur de journée. Une lettre qui ira – je ne sais pas, on verra.
Tu es mort et je sais plus vivre. Et je me demande ce que t’avoir accompagné si loin, si longtemps, jusqu’au seuil de la mort, m’aura appris.
Tu sais, non, fuck, pas ce genre de lettre. Comment te dire toutes ces heures que je passe affalée quelque part à pleurer ma vie.
Né d’aucun amour, je te le dis, plus la peine de s’en faire: nous sommes le fruit de leur espoir fou.
Les premiers mots
Lire la suiteUn soir d’hiver, avec Tante Teresa, on a quitté le bitume de mon enfance. C’est arrivé parce que Maman a claqué comme une ampoule. Clac, fini la vie, fini, d’un coup d’un seul elle a claqué. Noir complet.
Et alors ? J’ai un corps et je n’en ai pas honte.
En soi, il n’est ni bon, ni mauvais.
Ce n’est pas lui le problème :
c’est ton regard qui est sale !
Une mère peut être cruelle. Penser le contraire, c’est se soumettre à des préjugés d’un autre âge sur la féminité. La cruauté d’une mère n’est pas forcément lié à la folie.
Les premiers mots
Lire la suiteC’est arrivé en plein été.
Un jeudi après-midi.
Ce jour-là, la baby-sitter franchit le seuil de la maison d’Armentia comme on ouvre les portes de l’enfer: à contrecoeur et les joues en feu. Elle s’appelait Mélanie et depuis neuf moi elle apprenait l’espagnol à Vitoria tout en réfléchissant à ce que ce serait la « prochaine étape » de sa vie.
Le rouge représentait le sang des frères et sœurs massacrés dans le Nord, le noir était signe de deuil, le vert représentait la prospérité que connaîtrait le Biafra, et, enfin, le demi-soleil jaune symbolisait son avenir glorieux.
Les premiers mots
Lire la suiteMaster était un peu fou ; il avait passé trop d’années à lire des livres à l’étranger, parlait tout seul dans son bureau, ne répondait pas toujours quand on lui disait bonjour et il avait trop de cheveux. La tante d’Ugwu lui dit tout cela à voix basse tandis qu’ils avançaient le long du chemin. « Mais c’est un homme bon, ajouta-t-elle. Et tant que tu feras bien ton travail, tu mangeras bien. Tu mangeras même de la viande tous les jours. »
À travers le silence, j’entends mon grand-père qui me parle, même s’il ne parle pas. J’entends les étoiles. J’entends la forêt. C’est vendredi.
Les premiers mots
Lire la suiteLorsque je quitte l’école le vendredi soir, ma tête est pleine. Des chiffrent se cognent, s’entrechoquent et s’emmêlent avec des batailles, des fleuves et d’immenses dinosaures. Encore une poésie, trois chansons et des tables de multiplication. Il n’y a plus beaucoup de place dans ma tête, le vendredi après l’école.