Elle se rappelait combien, petite fille, elle avait apprécié sa propre compagnie et que, lorsqu’elle souffrait d’isolement, ce n’était jamais seule avec elle-même mais au milieu d’autres enfants ou dans les nombreuses familles chez lesquelles elle avait travaillé comme domestique.

Les premiers mots
Et celui qui l’accueillit ou qui parut comme fortuitement sur le seuil de sa grande maison de béton, dans une intensité de lumière soudain si forte que son corps, vêtu de clair paraissait la produire et la répandre lui-même, cet homme qui se tenait là, petit, alourdi, diffusant un éclat blanc comme une ampoule au néon, cet homme surgi au seuil de sa maison démesurée n’avait plus rien, se dit aussitôt Norah, de sa superbe, de sa stature, de sa jeunesse auparavant si mystérieusement constante qu’elle semblait impérissable.
Quand un livre prend la poussière depuis 12 ans dans une bibliothèque et qu’il est enfin l’heure de le sortir, les espoirs sont importants de ne pas l’avoir fait patienter pendant tout ce temps pour des pacotilles.
Avec Trois femmes puissantes dont le titre a ce quelque chose d’envoûtant, l’attente était grande.
Il y eut d’abord une sensation d’un malaise persistant durant la première partie dû à cette incroyable écriture et à l’ambiance pesante de cette maison où notre première héroïne, Norah, revient à la demande de son père.
Cela n’a ni sens ni intérêt d’avoir pour père un homme avec lequel on ne peut littéralement pas s’entendre et dont l’affection a toujours été improbable, songeait-elle une fois de plus, calmement néanmoins, sans plus frémir maintenant de ce sentiment d’impuissance, de colère et de découragement qui la ravageait autrefois lorsque les circonstances lui faisaient cogner du front contre les irrémédiables différences d’éducation, de point de vue, de perception du monde entre cet homme aux passions froides, qui n’avait passé en France que quelques années, et elle-même qui y vivait depuis toujours et dont le cœur était ardent et vulnérable.
Cet homme qui nous est décrit est d’une froideur extrême envers sa fille et progressivement l’histoire de la famille nous apparait avec de sombres souvenirs de préférence et de retour au pays.
Cette partie décrit les ravages d’une relation inexistante entre un père et sa fille. Norah refuse de prendre pitié de son père et désire se construire en dehors de lui.
Vient ensuite une deuxième partie qui m’a semblé en-dessous de sa précédente avec ici, un narrateur masculin déployant sa vie avec sa femme Fanta, qui cache des secrets bien lourds.
Le troisième chapitre a suscité un regain d’intérêt pour la dernière femme, Khady Demba et pour cette écriture si particulière.
Ici cette partie offre un portait effroyable d’ une jeune femme veuve chassée de sa belle-famille et qui fera preuve de courage pour survivre.
Il m’a fallu relire sur les bons conseils d’une lectrice aguerrie la dernière histoire qui avait été lue dans un moment de déconcentration extrême, et il faut, pour ce livre, être attentif à chaque mot, virgule et point. À la relecture c’est toute la tragédie de Khady Dembaqui m’a sauté aux yeux.
De telle sorte qu’elle avait toujours eu conscience d’être unique en tant que personne et, d’une certaine façon indémontrable mais non contestable, qu’on ne pouvait la remplacer…
Tout au long de ce Trois femmes puissantes, j’ai été saisie par cette écriture sublime où les mots sonnent à merveille, et où ils donnent à voir des images fortes et saisissantes ainsi que des portraits de femmes osant dire « non » et qui souhaitent s’affranchir, malgré les douleurs, les coups et les pièges mis sur leurs routes.
– Trois femmes puissantes de Marie NDiaye, Editions Gallimard, 2009, 320 pages –
Pas réussi à y prendre plaisir et donc abandonné… Mais c’était il y a longtemps, il faudrait que je retente mais je ne suis pas sûre que ce soit une écriture pour moi 😉
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C’est une écriture spéciale oui… Mais je l’ai trouvée très forte .
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Je vois que Mumu a abandonné aussi. Je te sens plus enthousiaste que je ne l’aurais cru mais je ne pense pas que je retenterai.
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En effet, je suis plus enthousiaste par rapport aux messages que l’on a échangés. Je crois que c’est dû au fait d’avoir relu la dernière histoire.
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Je vois que ce livre t’as charmée davantage que moi. 😉
Je ne m’en rappelle plus vraiment (tu commences à connaître la chanson) mais je me souviens avoir refermé ce livre avec soulagement car ça avait été une lecture pénible. Mais cela fait tellement longtemps, je ne sais plus pourquoi…
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Pénible peut-être à cause des thèmes qui ne sont franchement pas joyeux…?
Si tu lis les commentaires ici tu verras que tu n’es pas seule 😁
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Les thèmes et le style, il me semble.
Oui, j’ai vu qu’il ne faisait pas l’unanimité par ici, je t’avoue que cela m’a un peu rassurée ! 😉
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J’avoue n’en avoir rien gardé.. Du coup, je viens de relire ma (vieille) note (de 2012) et c’est la 3e partie que j’avais préférée. Et je lui avais reproché un style trop « tortueux »…
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La 3e partie est en effet très forte. Tortueux oui c’est le mot que j’aurais pu employer, mais cela ne m’a pas dérangé
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12 ans dans une bibliothèque? Tu as plus de mérite que moi. Passé 3 ans, c’est hop hors de chez moi!
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Il faudrait alors que je vire la moitié de ma pal 😁
J’avoue ici que c’est un cadeau de ma maman, j’ai enfin pu lui dire que j’avais lu son présent.
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Des années après sa lecture, j’en garde un souvenir fort.
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Je crois que ça le restera tout autant pour moi.
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Je me souviens de ce roman… pour l’avoir commencé deux fois et abandonné deux fois… le style qui ne me convenait pas, je pense.
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Tu avais quand même persévéré 😁
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Je l’ai lu, ne m’en souviens pas, mais je crois que je n’avais pas tout aimé… En revanche, je me souviens très bien de l’endroit où j’étais quand je l’ai lu. Depuis, je ne suis pas revenue vers cette auteure.
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C’est marrant comme certains livres ont des souvenirs de lieux…
Je pense me pencher sur ses livres récents.
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