Comme on dit «faire l’amour», il faudrait pouvoir dire «faire la haine». C’est bon de faire la haine, ça repose, ça détend.

Les premiers mots
« Pourquoi me soutenir que tu sais ta leçon? Tu vois bien que tu ne la sais pas!… Tu l’as apprise par cœur? Vraiment? »
Une gifle claqua.
Elle ne l’appelle pas par son prénom, préfère « Le Sagouin », terme injurieux dont ce petit garçon s’est malgré lui accoutumé. Issu d’une union malheureuse avec un idiot au titre de noblesse, Guillaume de son vrai prénom, est le mal-aimé de sa mère. Ses lendemains pourraient devenir plus radieux grâce à une rencontre avec un instituteur mais dans ce genre d’histoire, tout peut basculer à cause de la peur de rumeurs qui pourraient s’acharner contre des gens « biens ».
Ce qui acheva d’accabler l’enfant, ce fut l’éclat de rire de sa vieille Mamie : »Pourquoi, ma fille, ne pas le mettre dans un sac ? Pourquoi ne pas le jeter à la rivière comme un petit chat ? » Fou de terreur, il frottait sa figure de son mouchoir sale : « Non, Mamie, non, pas dans un sac ! » Il n’avait aucun sentiment de l’ironie, prenant tout au pied de la lettre.
De François Mauriac, j’avais déjà lu certaines de ses histoires de familles, Genitrix et Le Noeud de vipères.
Je retrouve ici ce que j’avais apprécié dans mes précédentes lectures: une capacité à dire le principal en quelques pages et à nous immerger dans des familles dysfonctionnelles.
Paule, la mère, est un monstre d’égoïsme et de méchanceté. D’ailleurs les personnes de la maison ne l’appellent que très rarement par son prénom, préférant entre eux la désigner comme « L’ennemie ».
Ne pas nommer les personnes, c’est nier leur existence. Ce fils est considéré comme un parasite et elle souhaiterait s’en débarrasser pour peut-être se donner l’occasion de sortir de sa condition.
Ce livre, en une centaine de pages, arrive à nous glacer d’effroi tant par la violence des propos que par son caractère tragique que l’on sent inévitablement arriver.
– Le Sagouin de François Mauriac, Présente édition Pocket.
Première édition 1951.

Vos histoires de famille(s) : Moka,…
Les mères toxiques sont à l’honneur aujourd’hui . Des échos entre les citations choisies et ces figures maternelles que la littérature égratigne.
Je n’ai jamais lu Mauriac et le ferais volontiers une première fois avec ce titre.
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Beaucoup de ressemblances en effet dans le portrait et dans les citations… Comme quoi, ce désamour possède les mêmes codes…
C’est mon amoureux qui adore François Mauriac et qui m’a soufflé l’idée de ce livre pour cette semaine. 😉
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J’aime beaucoup l’idée de cet amoureux souffleur d’idées.
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Ça c’est fort, j’ai hésité entre Le Sagouin et La symphonie pastorale mais je n’étais pas sûre que Mauriac soit considéré comme un classique. Mauvaise pioche finalement. J’ai aussi lu Génitrix et Le noeud de vipères. Mauriac est très doué pour décrire des sentiments et comportements odieux.
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Pour moi il en fait partie, Académie française, Prix Nobel.. Ça en fait un beau classique non ? 😉
Il décrit tous ces sentiments de manière très concise et très juste.
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Je t’avoue que je n’ai pas cherché plus loin, j’ai récupéré tous les Mauriac de mon père mais c’est un nom qu’on n’entend jamais. Bêtement j’ai pensé que c’était un auteur connu sans être devenu un classique. En fait c’est carrément un Nobel 😂
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En effet, ce n’est pas le nom auquel on va penser quand on pense à un Nobel de littérature..
(si tu veux encore aller plus loin, sa maison peut être visitée, en Gironde. C’est très très beau !)
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Je ne savais pas ! Quand on pourra se nouveau faire les touristes ce sera à voir en effet.
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Titre totalement inconnu pour moi….. Bonne idée de le remettre en avant…. Je note 🙂
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C’est le but aussi de ce challenge, mettre à l’honneur des écrivains et écrivaines parfois oubliés.
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Je n’ai jamais lu Mauriac mais ce titre est tentant. Encore une fois ce challenge est à l’origine d’une belle surprise on dirait! 😉
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J’espère que tu pourras le lire un jour, j’aime beaucoup son style.
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Je me souviens d’un roman glaçant, en effet.
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Et des les premières pages en plus…
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Un roman très dur, mais que j’ai beaucoup aimé, car il est très fort. Il figurait à mon programme de collège (c’est dire si ça remonte !) et je l’ai relu il y a 3/4 ans, mais j’en garde un souvenir très net… c’est une lecture qui m’a procuré une sensation très prégnante de malaise.
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Oui un malaise qui persiste jusqu’au bout.
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Cette histoire semble glaçante ! Je n’ai jamais lu Mauriac, je ne m’attendais pas à ça. Je le note dans un coin de ma tête. Tu as fait carton plein ce mois-ci dis donc ! Quel plaisir de (re)découvir toute cette littérature !
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Ah oui, c’est assez tragique mais vraiment beau
Carton plein oui, j’ai tellement adoré ce thème.
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On avait organisé un Challenge Mauriac avec Ingannmic, il y a quelque temps. On n’avait pas eu beaucoup de succès sur la blogo, mais on s’était régalées à relire cet auteur, et notamment ce titre, glaçant, mais très marquant. Adolescente, Mauriac était un de mes auteurs préférés, et en familles dysfonctionnelles, c’est un spécialiste !
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Il est très fort en effet ! J’ai encore quelques uns de ses livres à découvrir.
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