Être chasseur ou gibier. Tout est affaire de choix et d’opportunité. Eux ont tranché et de cet avantage, découle leur position.

Les premiers mots
Petit bâtard. On avait pensé à tout mais pas à ça, ce ça banal et minable, à savoir que tu étais mort. On avait imaginé des choses grandioses, des plans machiavéliques, une intelligence hors-norme, une fuite à l’étranger, l’implication de gens du voyage, toujours à l’affût, toujours en mouvement, loin à l’heure qu’il est et qu’on ne rattrapera jamais. Un gars malin, retors, diabolique, qu’on voulait mort alors que tu l’étais déjà.
« 5 gars, pas bien méchants », c’est avec ces mots qu’on qualifie ces garçons de ce coin de Belgique dont on n’aura pas d’indices sur la localisation.
Ces gars aiment boire, beaucoup, draguer, lourdement, rouler, un peu vite et être ensemble, toujours. À eux cinq, ils forment un groupe compact qui sur le coup de l’alcool et de la drogue peut devenir très dangereux. Certaines filles en ont déjà fait les frais. Mais là-bas, c’est « normal », on ne va pas aller se plaindre, c’est dans les habitudes et les gênes.
Ce que préfèrent nos gars c’est rouler sur une route nationale et faire quelques frayeurs à des jolies automobilistes. « Quelques frayeurs » ou plutôt les prendre en chasse. Car dans dans leur système social, eux sont les chasseurs, elles sont les gibiers qu’il faut surprendre et effrayer. Jusqu’à avoir entre leurs mains, la femme-objet tant convoité.
Une parade nuptiale faite de dérapages contrôlés, de parfum de caoutchouc brûlé. Grisés d’eux-mêmes, remplis des autres et de leur propre ivresse, ils n’ont peur de rien, la vie est belle, la route est là. La fête approche.
Aïko Solovkine entreprend une dissection de la misère crasse qui sévit dans ces régions reculées et abandonnées. Elle touche au plus profond de l’âme humaine, de ses noirceurs et de ses vices, quitte à tout nous décrire et à instaurer un réel malaise durant la lecture. Se frotter aux tréfonds de l’âme et aux origines de l’histoire de ces personnages nous font connaître tout (ou presque tout) de ces hommes et femme pour nous plonger dans un rodéo où on ne s’en sortira pas vivant, où l’étau se resserre de plus en plus.
L’écriture est efficace, elle ne s’embarrasse pas de phrases alambiquées, c’est simple et net, idéal pour que la pression monte. C’est un premier roman très noir, une voix singulière à découvrir.
-Rodéo d’Aïko Solovkine, Editions Espace Nord, 2020, 180 pages –
Entre toi et Marie-Claude, je n’ai pas eu le choix, il vient de rejoindre ma pal 😉 Je me le réserve pour mes vacances en juillet.
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Beau rodéo à toi! Attention,noirceur au rendez-vous…
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Il a rejoint ma PAL après la lecture du billet de Marie-Claude, et tu confirmes son impression.
Je vois que tu es fan de Joyce Carol Oates, moi aussi !
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Avec Marie-Claude on est en effet raccord sur ce titre!
(Oui fan fan fan!)
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Vu chez Marie-Claude et vous êtes sur la même longueur d’ondes, tentée je suis !
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On a toutes les deux été séduite. Il vaut le coup.
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Un premier roman qui a l’air réussit. Je le note.
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Il l’est! Et c’est un pari osé que de proposer un tel roman, très noir, pour un premier livre.
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Oui, nous sommes bien sur la même longueur d’ondes!
J’espère qu’il aura tout plein d’écho, ce roman…
Maintenant, on fait bien attention à ne pas rouler seule sur des routes désertes le soir…
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Je m’en vais prendre des cours d’auto-défense tiens 😀
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Tout pour me plaire ça !
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Tout! Il te plairait sans l’ombre d’un doute!
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Deux personnes en qui je fais entièrement confiance qui aiment ce roman, il est noir de chez noir, il a donc tout pour me plaire.
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Oh merci! Fonce vers ce Rodéo, tu ne seras pas déçue.
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