
Les premiers mots
Derrière un rideau d’arbres, au fond de la forêt, un lac noir sous le ciel noir. Et le froid. Un chuintement, une plainte. Un cri de douleur qui signe la fin de la nuit. Lentement, le noir du ciel se griffe d’or et d’argent, le cobalt fond sous l’indigo.
Les Filles que l’on rencontre parmi ces pages ont ce petit quelque chose de fantastique et de féérique. De part leur habitat qui m’a rappelé les villages visités d’Islande et de Finlande, ces villages où tout se sait, où les étrangers sont vus d’un mauvais œil car ils apportent de la nouveauté.
Et ensuite, de part leur histoire, singulière, faite de femmes et de matriarcat, bien trop peu présent dans la littérature et dans le monde en général. Ici, sur la presqu’île de Iurföll, les femmes ont le pouvoir de décider qui elles veulent aimer, amant ou amante, libres aussi d’exercer un métier qu’elles aiment. Les hommes, absents pour cause de pêche en mer, ne foulent que très rarement le sol de leur île. Si tout cela a l’air idyllique, la réalité n’est pas aussi simple. Certaines refusent le changement et se réfugient alors dans des cercles qui leur apportent un semblant de sécurité.
On a beau être à l’aube du XXIème siècle, les traditions, ici, sont ancrées, comme les glaciers, elles ne bougent qu’avec une lenteur hypnotique…
Albaan est une de ses filles. Celle que nous suivons tout au long du récit et qui se révèle être au coeur d’une sordide affaire de secret de famille. Elle a en elle une fougue et une jeunesse qui peut effrayer autant qu’elle subjugue. Sa force, elle la tient de sa mère, qui lui a inculqué dès son plus jeune âge, les concept de liberté et d’autonomie. Albaan a aussi été bercée par des histoires de forêts, d’animaux, de dangereuses créatures et de cette fameuse Walïlü…
Et se dit qu’un jour elle chassera la Walïlü, cette chouette de malheur, et quand elle la trouvera, elle lui expliquera qu’il faut laisser les papas à leurs enfants.
Cécile Roumiguière m’avait déjà émerveillée avec ses Fragiles (une sombre histoire de violence, de racisme et de famille) et elle réitère le coup avec ce roman adoré dès la couverture (de la magnifique Joanna Concejo) qui nous offre une immersion dès plus poétique sur une presqu’île intrigante. L’autrice s’amuse à nous glisser des sauts dans le temps, pour que peu à peu le puzzle se matérialise et que l’on comprenne ce qui s’est tramé dans ces maisons il y a fort longtemps.
J’ai aimé ces Filles auxquelles on donne tout ce qu’il faut pour vivre leur vie en tout indépendance. Les laisser faire leurs propres choix, sans tabou, sans honte. Elles peuvent, heureusement, compter sur l’aide des femmes matures, aux expériences diverses, pour les aider dans leur futur. Albaan trouvera elle-aussi une main tendue dès plus singulière, une rencontre qui signera le début de quelque chose de nouveau et de beau.
– Filles de la Walïlü de Cécile Roumiguière, Editions Ecole des Loisirs, 2020, 268 pages –
Une auteure qu’il faut que je découvre, j’aime également beaucoup la couverture de ce roman.
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Comment résister. Tu serais sensible à cet univers.
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Oh très tentée !
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Y a de quoi 😉
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Il m’attend. Aucun doute sur le fait que je vais adorer autant que toi.
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J’attends ton billet !
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Noté pour mes ados, merci du conseil.
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Ils apprécieront, je l’espère.
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cette autrice me rappellera toujours les bons moments de lecture du soir avec mes petiots… qui ne le sont plus du tout !
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Quel doux souvenir.. Maintenant qu’ils ont grandi, tu peux leur proposer ce livre 😊
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Je fais partie des conquises. Et autant dire que ce titre est une vraie belle lecture comme Cécile sait nous les offrir.
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Et à moi (à nous) d’offrir ce livre à ceux et celles qui sauraient y être sensibles.
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