Sugar Run – Mesha Maren

Il y a quelque chose en nous qui pousse le monde à nous traiter comme il le fait, mais c’est pour mieux nous préparer.

Les premiers mots

Juillet 2007
Ils firent marcher les femmes en file indienne dans le corridor jaune. Jodi perçut l’inquiétude des huit femmes dans son dos et se demanda quelle signification attribuer à sa position, juste derrière le sergent. Rien n’était laissé au hasard à Jaxton.

Lever les yeux aux ciel et ne plus se sentir emprisonnée.
Fouler la terre si profondément rêvée.
Marcher librement.
Marcher droit.
Jaxton est maintenant derrière elle. Jodi peut enfin vivre à 35 ans après 18 ans passés derrière les murs de la prison.

Elle n’a qu’une seule ambition à sa sortir: retrouver le terrain de sa grand-mère laissé à l’abandon. Là, où les montagnes règnent en maître, où la nature a repris ses droits. Sur le chemin vers son futur tant espéré, elle rencontre Miranda, une jeune mère célibataire, prête à tout pour obtenir la garde de ses trois garçons.

Peut-être, pensa Jodi, que la liberté, c’était comme plonger dans l’océan, ou remonter à la surface, plutôt. Elle avait entendu dire qu’on pouvait en mourir, de remonter trop vite. Quelque chose contaminait votre sang.
 
Entre ces deux femmes, s’installent une connivence et une attirance mutuelle. Jodi et Miranda ensemble n’importe où, à n’importe quel prix sur la route et avec d’autres âmes esseulées greffées à elles.

Mesha Maren offre un premier roman à la construction efficace, on alterne les époques, entre la sortie de prison en 2007 et 1988 l’année précédent son arrestation.

Les personnages sont décrits dans toutes leurs complexités, mettant en avant les doutes et les peurs de cette liberté retrouvée. Jodi nous apparait comme un personnage tourmenté par ses choix de vie, ne sachant pas encore les routes qu’elle doit emprunter. L’intérêt du roman vient aussi du fait de placer toute l’intrigue autour de l’histoire d’amour de ces deux femmes et aussi du premier amour de Jodi. L’homosexualité, dans ces terres reculées, n’est toujours pas facile à accepter. 

Bien qu’il m’ait manqué un petit quelque chose pour être totalement séduite, ce livre offre un bon moment de lecture dans ce que la littérature américaine a de plus sombre.

– Sugan Run de Mesha Maren, Traduit par Juliane Nivelt, Editions Gallmeister, 2020, 384 pages – 

14 réflexions sur “ Sugar Run – Mesha Maren

  1. Michel dit :

    J’aurais voulu vraiment aimer ce roman. Mais j’en sors un peu déçu , même si la fin est intéressante. J’ai lu plusieurs livres se déroulant dans les Appalache et traitant de la destruction de ces montagnes. Je me demande si le goût de « trop peu » ne vient pas du fait que Mesha Maren est à la croisée des genres : ce n’est pas tout à fait un livre policier ou juridique (comme un de John Grisham qui a traité du même sujet) ni un livre à vrai message écologique (comme ceux de Barbara Kingsolver) . Cela reste un très bon roman, bien traduit, bien imprimé (très peu de coquilles).

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