Ordinary People – Diana Evans

Dans la langue de leurs couples, le « Je » était le pronom perdu.

Les premiers mots

Pour célébrer l’élection d’Obama, les frères Wiley organisèrent une grande réception chez eux, dans le sud-est de Londres. Ils vivaient près du Crystal Palace Park, où l’émetteur de radiodiffusion s’élève vers le ciel comme une petite tour Eiffel, austère et métallique le jour, rouge et illuminée la nuit, dominant de toute sa hauteur les quartiers voisins, les comtés limitrophes de la capitale et, dans le parc étendu à ses pieds, les restes de l’ancien royaume de verre – le lac, le labyrinthe, les statues grecques brisées, les lions de pierre érodées et les sculptures de dinosaures érigées par les scientifiques d’une époque révolue.

2008, Barack Obama vient d’être élu.  À des milliers de kilomètres de Washington, Londres et ses habitants fêtent aussi cette victoire. Parmi eux, Melissa et Michael, Stephanie et Damian, deux couples ensemble depuis des années.
Dès les premières pages, les tensions sont palpables. Michael espère voir cette soirée de fête se terminer avec les étreintes depuis trop longtemps effacées de leur couple, « qu’est-ce qu’une fête réussie, sinon une occasion de faire l’amour aux petites heures du jour« .. Mais les dés sont déjà jetés. Leur couple n’est plus celui d’il y a dix ans, la vie est passée par là, ainsi que les enfants. Recoller les morceaux semble être mission impossible.

A travers ce roman, c’est le couple dans tout ce qu’il constitue qui est disséqué avec attention et subtilité. Ses déboires, ses désillusions, ses travers et ses déceptions, rien de très reluisant, en somme. Mais cette réalité est le lot de bien des couples qui se retrouvent à cohabiter plutôt qu’à vivre pleinement ensemble.

Diana Evans s’intéresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes, à leur sentiment face à cette existence qui s’échappe, à leurs rêves de vie commune qui devient de plus en plus à porter et l’autrice apporte aussi un regard intelligent sur la maternité et ce qu’elle produit sur le couple. Sur ce point, Melissa se sent tiraillée par ses convictions féministes et ses choix.

La passion, dans sa vérité la plus vraie et la plus féroce, ne fait pas bon ménage avec le dentifrice. Elle n’attend pas que l’on se soit démaquillée et exfoliée. Elle veut de la spontanéité. Elle réclame de l’imprudence.

Mais ce n’est pas qu’un roman sur le couple. Il aborde bien d’autres thèmes tels que la violence des villes et le racisme dont les personnages essaient de se défendre.

Comme Marie-Claude le dit justement, Ordinary People est un roman d’ambiance plus que d’action. Autant être prévenu. Ne vous attendez pas à des assiettes qui volent, des éclats de voix, les personnages de ce roman ont une certaine retenue qui m’a énormément plu.

Elles ont aimé : Antigone, Clara, Madame Tapioca, Nicole

-Ordinary People de Diana Evans, traduit par Karine Guerre, Editions Globe, 2019, 400 pages –

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