Je répète souvent cette phrase dans ma tête. Papa est mort. J’essaie de me convaincre que la présence du verbe « être » empêche sa totale disparition.
Les premiers mots
DIALOGUES
Prélude
Céline — François ?
François— Oui ?
Céline —C’est Céline Huyghebaert… Ça va ?
François — Oui, oui. ( Ils rient pour camoufler leur malaise.) Et toi ?
Céline — Depuis le temps…
François — Oui, depuis le temps.
Le drap blanc, celui qui cache le mort. Celui gardera la trace de son visage, impassible.
Céline Huyghebaert a perdu son père il y a 3 ans. Et depuis, elle se questionne sur cet homme, essaie de racheter des erreurs qu’elle aurait commise, et réfléchit aux paroles qu’elle n’aurait pas dites et aux gestes qu’elle aurait retenus.
Elle va à la rencontre de ses sœurs, de sa mère ( divorcée du père), de ses amis et puis chose étonnante, elle demande à ses propres connaissances de parler de cet homme qu’elles ne connaissent que par son prisme.
Mélangeant les genres, passant de conversation sous forme de scènes théâtrales, en proposant l’analyse graphologique de l’écriture de son père, en amenant des éléments de sa vie privée, en inventant des vies… Ce roman est un patchwork de souvenirs.
Le téléphone n’arrête pas de sonner, mais je ne réponds pas. Je pense à mon père. Je pense qu’on peut se lever tous les matins, travailler, manger, parler, sourire, et être mort quand même. Le téléphone sonne. Je me dis que c’est ce qui a tué mon père : le quotidien qui s’effrite, les yeux qui cherchent par la fenêtre, les caresses à l’eau de Javel, et bientôt on parle sans s’écouter, de ta journée et de la mienne, on parle de notre agenda, avec des heures en début de phrase et une liste d’activités ; ou peut-être que ce n’est pas du tout ça.
Je vous avouerai que ce livre a eu une résonance toute particulière en moi ( circonstances personnelles) et dès lors je me suis attachée à Céline et à son besoin d’écrire sur ce père disparu, pour ne pas le laisser partir, pour continuer à le faire exister. Sans mon expérience, j’aurais été ennuyée par certains points: la redondance des faits, le nombrilisme dont fait preuve l’autrice et le sentiment que ce récit tourne en rond.
Mais voilà, un livre est un tout : des mots, un auteur, un moment de lecture et nos expériences. Ce livre en est la preuve vivante.
(L’avez-vous remarqué? Au moins 4 livres de la RL2019 que j’ai présentés évoquaient le deuil… normalement, je termine mon cycle avec celui-ci! 😉 )
– Le drap blanc de Céline Huyghebaert, Editions Le Quartanier, 2019, 336 pages –
On dirait bien que le deuil est très à la mode ces temps-ci!
Sinon, je viens de me le procurer. J’ai lu des extraits ici et là, Maud est en train de le lire et ne m’en dit que du grand bien. Ton billet enfonce le clou. Le sujet m’intéresse (j’ai perdu mon père au début de la vingtaine).
J’espère que ça ne fera pas comme avec Le jeu de la musique, où Maud et toi étiez tant emballées, et moi plus qu’ennuyée! Je vais me chasser cette idée de l’esprit pour partir du bon pied!
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J’espère arrêter de lire ce genre de roman (le moral en prend un coup…)
et concernant le sujet, il pourrait te plaire et te toucher. En tout cas, je l’espère!
(Oh et je ne comprends toujours pas comment tu n’as pas aimé Le Jeu de la musique! <3)
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Ah oui je me doute de l’écho qu’il t’a procuré !
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Je sais que tu comprends 😉
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PS : ta photo fait très « hop sous la couette » ! 🙂
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Ahah oui j’y ai pensé! 😀 (que veux-tu, elle m’inspire!)
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J’imagine qu’il a dû beaucoup te toucher… Je pense m’abstenir par peur de l’ennui et des redondances comme tu l’as souligné car aucune résonance pour ma part
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Tu pourrais te sentir un peu éloignée en effet.
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Peut-être un peu trop personnel pour moi. Nous vivons tous le décès d’un proche de manière différente.
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Oui. C’est très personnel.
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je n’en avais pas entendu parler, pas sûre non plus de tenter la lecture par rapport au thème
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C’est un thème qui peut effrayer.
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