Ici n’est plus ici – Tommy Orange

Être indien en Amérique n’a jamais consisté à retrouver notre terre. Notre terre est partout ou nulle part.

Les premiers mots

Tête d’Indien
Il y avait une tête d’Indien, la tête d’un Indien, le dessin de la tête d’un Indien aux longs cheveux parée d’une coiffe de plumes d’aigle, dessinée par un artiste anonyme en 1939 et diffusée jusqu’à la fin des années soixante-dix sur tous les écrans de télés américains une fois les programmes terminés.

Ils sont douze.
Douze personnages liés par le sang, par l’amitié, par des liens ténus, fragiles, invisibles.
Douze  Indiens originaires d’Oakland avec le même but : se rendre au Big Oakland Powwow (rassemblement d’Indiens où rituels indiens, chants et danses sont mis à l’honneur) pour des raisons tout à fait différentes.

Je tais volontairement les personnages, leurs noms et ce qui les lie car le but de ce roman est de découvrir, petit à petit, ces relations, de voir venir l’étincelle de compréhension gagner du terrain pour appréhender ces hommes, ces femmes et ces adolescents, de les connaitre et de les comprendre.

Il y a longtemps que nous nous déplaçons, mais la terre se déplace avec nous comme un souvenir. Un indien urbain appartient à la ville, et la ville appartient à la terre.

Tommy Orange offre un formidable roman choral où chaque personnage se distingue par rapport aux autres. Tous sont uniques et valent la peine d’y accorder du temps. L’auteur aborde la question, assez sensible, de l’identité indienne, où chacun cherche qui il est, ce qu’il veut apporter à la cause indienne, ce qu’il veut changer dans les rapports avec les autres. Ici, c’est d’autant plus intéressant que les Indiens d’Oakland n’ont plus rien, provenant pour la plupart de l’Oklahoma, ils ont été bannis de leur terre et leurs ancêtres maintenant disparus ont emporté avec eux les vestiges de leurs coutumes. Ces douze personnages sont alors à la recherche de leurs racines pour enfin se connaitre.

La construction est définitivement le point positif (avec le développement des personnages) de ce roman. La tension est grandissante pour arriver au jour du Powwow. Comme le dit Electra, ce roman est « puissant, d’une profondeur extrême et qui vous met parfois mal à l’aise. »

– Ici n’est plus ici de Tommy Orange, traduction de Stéphane Roques, 2019, 352 pages –

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